Liste d’attente en garderie: Suzanne Roy ne veut pas d’une guerre de chiffres
Agence QMI
Critiquée pour sa manière de calculer le nombre d’enfants en attente d’une place en garderie, la ministre de la Famille, Suzanne Roy, accuse ses pourfendeurs de «faire grossir artificiellement» la liste d’attente en faisant des additions qui n’ont pas lieu d’être.
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«Certains veulent une guerre de chiffres, soit. Ils la feront tout seuls. La seule guerre que je mènerai est celle de la création et de la conversion de places et je publierai nos résultats tous les mois avec notre tableau de bord», écrit la ministre dans une «lettre aux parents du Québec» publiée sur les réseaux sociaux lundi matin.
Depuis la semaine dernière, le gouvernement Legault se défend de sous-estimer le nombre d’enfants en attente d’une place dans un service de garde.
«C’est très clair, c’est 33 000», a affirmé Suzanne Roy le 16 février dernier en réponse à une question de Québec solidaire à ce sujet. Or, les parents de 72 341 enfants sont actuellement inscrits sur le guichet de La Place 0-5 pour obtenir une place en garderie.
Cette disproportion a fait dire au chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, que «les parents ont été roulés dans la farine» par le gouvernement Legault.
«Contrairement à ce qui a été avancé récemment, aucun enfant n’est exclu du calcul», a voulu rectifier la ministre Roy, en ajoutant que les données seront maintenant mises à jour sur une base mensuelle sur le tableau de bord du ministère.
Mme Roy convient ensuite que 39 000 enfants sont inscrits à La Place 0-5 en plus des 33 356 autres qui n’avaient pas obtenu de place au moment souhaité par leurs parents en date du 31 août 2022. Elle note aussi que 28 000 femmes enceintes sont préinscrites à ce guichet dans l’espoir d’obtenir une place dans les prochains mois.
«Faire une simple addition de ces chiffres pour faire grossir artificiellement la liste d’attente manque de rigueur et génère un sentiment d’angoisse par rapport à une situation déjà difficile pour plusieurs d’entre vous. C’est inacceptable», a lancé Suzanne Roy.
À noter que les critiques du gouvernement n’incluaient pas les enfants à naître dans leur calcul.
«Résultats encourageants»
Par ailleurs, les premiers résultats du «grand chantier pour les familles» lancé par le gouvernement pour créer 37 000 nouvelles places subventionnées et convertir 56 000 places non subventionnées seraient «encourageants», si l’on en croit la ministre.
«Le rythme de création de places ne cesse de s’accélérer et nous brisons des records vieux de 15 ans. La machine est repartie. Le mois de janvier 2023 sera, par ailleurs, un des meilleurs mois de l’histoire du ministère de la Famille en termes de création de places», s’est-elle félicitée.
Suzanne Roy note également qu’un appel d’offres a été publié récemment pour la construction de 43 CPE préfabriqués qui totaliseront plus de 3000 nouvelles places.
«En terminant, chers parents, je suis consciente que votre patience est déjà mise à rude épreuve. En tant que mère et nouvelle grand-mère, je partage cette impatience. Tous mes efforts sont consacrés au développement du réseau afin de vous offrir une place à l’endroit et au moment de votre choix», conclut la ministre.
Roy s’entête, croit QS
Le député solidaire Sol Zanetti estime que la ministre Roy fait preuve d’entêtement dans sa lettre. «La ministre de la Famille peut tourner ça de tous les bords, ça ne changera pas le fait qu’elle s’entête à avoir un chiffre qui n’est pas le bon pour bien paraître. Le problème c’est que si elle persiste avec 33 000 places, elle ne va pas en créer assez», a-t-il exprimé dans une déclaration écrite transmise aux médias.
«Si tu as juste 10 $ de gaz pour faire Québec-Montréal, te convaincre que Montréal c’est juste à 100 km, ça ne va pas t’aider à arriver à destination», a-t-il illustré.
Une évaluation indépendante serait nécessaire pour avoir une bonne idée des besoins en termes de places en service de garde, plaide le député solidaire. «C’est la seule manière qu’on va pouvoir évaluer les besoins et avoir une vraie planification responsable», a-t-il affirmé.