L’international se rassemble en soutien à l'Ukraine

Agence France-Presse
Des rassemblements de soutien à l'Ukraine sont prévus ce week-end dans de nombreuses capitales européennes, au dixième jour de l'invasion russe.
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Des milliers de personnes ont participé samedi à un vaste «cortège de la paix» organisé dans le centre de Rome par plusieurs syndicats et de nombreuses ONG pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes et dire «non» à Poutine et aussi à l'OTAN.
«Aucune base, aucun soldat, l'Italie hors de l'OTAN», ont scandé les pacifistes dans ce cortège précédé par un grand drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel. De nombreuses pancartes proclamaient aussi «Non à Poutine, non à l'OTAN».
«C'est peut-être une des premières vraies manifestations pour la paix. Ici personne ne croit qu'on fait la paix avec les armes, qu'on la fait en envoyant des armes à l'une des parties», l'Ukraine, a déclaré à l'AFP le célèbre caricaturiste, acteur et écrivain italien Vauro Senesi.
L'Italie a décidé d'envoyer des armes à l'Ukraine, mais n'a pas dévoilé le détail de ces fournitures militaires.
«Il n'y a pas de guerres justes ni de bombes intelligentes», a lancé pour sa part le patron de la plus importante confédération syndicale italienne, la CGIL (gauche), Maurizio Landini.
«On n'arrête pas la guerre avec d'autres guerres et on ne l'arrête pas en envoyant des armes au peuple ukrainien. On arrête la guerre en envoyant l'ONU en Ukraine», a ajouté M. Landini.
Une position que ne partage pas Luigi Sbarra, responsable de la confédération CISL (catholique), deuxième par importance en Italie et qui a refusé de se joindre au cortège pacifiste, expliquant dans une lettre ouverte qu'il n'est pas possible de mettre sur le même plan «opprimés et oppresseurs».
Du côté de Zurich, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour demander le retrait des troupes russes en Ukraine, a rapporté l'agence de presse suisse ATS.
Comme la semaine dernière, d'autres manifestations sont prévues dans plusieurs autres villes suisses, notamment dans la capitale fédérale Berne.
À Zurich, les manifestants étaient réunis sous le slogan «La paix maintenant». Les syndicats et les partis de gauche notamment avaient appelé à cette manifestation.
Les manifestants portaient des pancartes «Stop War» ou «Peace» et des drapeaux ukrainiens.
Les organisateurs s'attendaient à ce qu'elle rassemble jusqu'à 20 000 personnes, mais ils estiment qu'elles étaient plus de 40 000 lors du rassemblement final, selon l'ATS.
Interrogée par l'AFP sur ces chiffres, la police cantonale zurichoise n'a pas répondu dans l'immédiat.
Les manifestants ont exigé un cessez-le-feu immédiat, des négociations diplomatiques et le retrait des troupes russes, a rapporté pour sa part la télévision suisse publique SRF.
Après avoir fait preuve de prudence dans un premier temps, la Suisse, attachée à sa neutralité, s'est ensuite calée sur les sanctions de l'Union européenne, en ordonnant le gel immédiat des avoirs de personnalités et entités russes figurant sur la liste noire de l'UE.
Le Conseil fédéral (gouvernement) songe par ailleurs à octroyer un statut de protection spécial aux Ukrainiens fuyant l'invasion russe dans leur pays. Une décision devrait être prise ces prochains jours.
Il en est de même à Paris, où des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et dire «non à la guerre en Europe», a constaté un journaliste de l'AFP.
«On sera là chaque week-end, à Paris ou ailleurs, jusqu'à ce que M. Poutine parte, retire ses chars», a indiqué à l'AFP Aline Le Bail-Kremer, membre de Stand With Ukraine, une des organisations à l'initiative du rassemblement dans la capitale française.
«C'est très important d'être ici», a estimé un manifestant, Bernard Arnaud, 47 ans, costume bleu et chemise jaune aux couleurs ukrainiennes. «M. Poutine est tellement imprévisible. Je reviendrai autant que possible», a-t-il ajouté au milieu des pancartes «Stop War», «Poutine assassin» ou «Sauvez l'Ukraine».
«Malgré les souffrances, on va gagner, on en est sûr», a confié Nataliya, une Franco-Ukrainienne, qui n'a pas souhaité donner son nom pour protéger son fils resté dans son pays. «On est fier de leur courage, leur détermination».
Des rassemblements de soutien à l'Ukraine sont prévus dans plus d'une centaine de villes de France, avec quelque 25 000 manifestants attendus au total, selon une source policière.
Le week-end dernier, des centaines de milliers de personnes aux couleurs jaune et bleue avaient défilé dans toute l'Europe: quelques milliers en Russie, au moins 100 000 à Berlin, 70 000 à Prague, 40 000 à Madrid notamment.
À Londres, des centaines de personnes, arborant des drapeaux ukrainiens, ont manifesté samedi pour demander la fin de l'invasion de l'Ukraine et prier pour la paix.
La foule s'est rassemblée à Trafalgar Square, dans le centre de la capitale britannique, brandissant des pancartes avec des inscriptions comme «Poutine tue» et «Embargo total contre la Russie» et criant «Arrêtez Poutine, arrêtez la guerre !».
«Quand le dernier soldat ukrainien tombera, Poutine viendra pour vous, mesdames et messieurs», proclamait une banderole géante.
Le nonce apostolique en Grande-Bretagne, l'archevêque Claudio Gugerotti, a lu une prière, disant notamment «Aujourd'hui, nous sommes tous des Ukrainiens».
Olena Marcyniuk, 36 ans, s'est rendue à la manifestation avec ses enfants âgés de 14 mois et de neuf ans. «Je suis ukrainienne et j'ai de la famille et des amis en Ukraine», a-t-elle raconté à l'AFP. La plus grande partie de sa famille a fui, mais son oncle est resté à Kyïv «afin de combattre pour la ville».
«Nous devons continuer à nous souvenir de chacun, nous devons rester unis pour soutenir notre pays», ajoute la mère de famille, qui a accroché un drapeau ukrainien autour de sa taille et sur la poussette de l'enfant.
«Peut-être pouvons-nous d'une manière ou d'une autre faire aussi passer le message en Russie, faisant comprendre que le monde est pour l'Ukraine et qu'il faut commencer à agir pour arrêter la guerre», espère-t-elle.
La mère et le beau-père de Natalya Courtney, 41 ans, se trouvent dans la ville de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, «où ils ont subi des bombardements au cours des deux derniers jours».
«Nous faisons ce que nous pouvons pour aider en envoyant de l'argent, en collectant des colis, de l'aide médicale pour les soldats, mais c'est vraiment très, très stressant, vraiment bouleversant», dit cette gestionnaire chargée de la comptabilité d'une école.
Elle appelle les Occidentaux à établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, une mesure que l'OTAN se refuse à envisager en raison d'un risque d'extension de la guerre au-delà de ce pays.
«Aidez-nous à gagner la guerre sur le terrain, car ce sont des bombardements sur des civils innocents, enfants, femmes, personnes âgées ... c'est tout simplement un massacre», ajoute-t-elle.
Pour le Britannique Paul, un concepteur de logiciels de 35 ans qui n'a pas voulu donner son nom de famille, il est «effrayant» de voir l'Histoire se répéter et il faut «faire plus» sur le plan humanitaire et contre «la propagande» de la Russie.






















