L’industrie du cannabis interpelle le gouvernement fédéral

Raphaël Pirro | Agence QMI
Quatre années jour pour jour après la légalisation du cannabis, des représentants de l’industrie dressent un constat d’échec et interpellent le gouvernement fédéral pour plus de flexibilité afin de sortir la tête de l’eau.
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Bien qu’un des objectifs principaux du gouvernement Trudeau était d’éliminer le marché noir, il reste que celui-ci représente toujours pour au moins 50 % des ventes à travers le pays, estime le Conseil canadien du cannabis (C3).
«Force est de constater que les piliers, les prémisses et les principes initiaux de la légalisation à l’heure actuelle [on est en voie d’y] échapper», a dit Pierre Leclerc, Directeur général association québécoise de l'industrie du cannabis (AQIC), lors d’un point de presse à Ottawa lundi intitulé «Du pot sur la Colline».
Prenant la parole tour à tour, des associés du C3 représentants l’industrie d’un bout à l’autre du pays ont exprimé leurs doléances face à une réglementation qu’ils jugent trop restrictive face à leur industrie, ainsi que des taxes trop d’accises trop élevées.
Ils identifient ces problèmes comme limitant leur capacité à se tailler une place sur le marché, les prix étant toujours trop élevés face à une compétition qui n’a que faire de payer des redevances à l’État.
M. Leclerc a demandé à ce que le gouvernement agisse «dès maintenant», sans attendre la révision de la loi sur le cannabis annoncée fin septembre.
Il réclame notamment une révision des timbres d’accises et des taxes d’accises, ainsi qu’un meilleur accès aux programmes du gouvernement.
Ce dernier explique que les joueurs de l’industrie sont «à peu près tous, à peu de choses près, dans la même situation. C’est un sentiment d’urgence et de nécessité de considérer l’industrie sous une perspective économique».
Appelé à réagir, Justin Trudeau a déclaré dans un point de presse plus tôt que la légalisation du cannabis a été une grande étape vers l’élimination du marché noir, vers une assurance de qualité de protection des consommateurs, mais on sait que ça allait prendre du temps, et c’est en train de prendre du temps».
Ce dernier rappelle que le progrès du marché légal de cannabis, qui est «parti de zéro», et assure vouloir être un «partenaire pour les prochaines étapes».
Le C3 évalue que les gouvernements ont accumulé 15 milliards $ en revenu entre 2018 et 2021. L’industrie cannabis aurait créé 45 000 emplois.
La vaste majorité des producteurs de cannabis et leurs investisseurs avaient de grands espoirs à l’époque de la légalisation, mais se retrouvent quatre ans plus tard avec des pertes monumentales.