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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

L’ex-entraîneur sherbrookois Sylvain Taillefer aurait agressé un jeune hockeyeur dans son sommeil

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Guillaume Cotnoir-Lacroix

2025-06-10T18:17:14Z
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L’ex-entraîneur de hockey Sylvain Taillefer aurait agressé sexuellement un jeune homme de 18 ans dans son sommeil, au tournant des années 2000.

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Une deuxième victime alléguée, un homme aujourd’hui âgé de 42 ans, a pris la barre mardi matin au procès pour de multiples crimes sexuels reprochés à l’accusé.

Par visioconférence, la deuxième victime a expliqué être le demi-frère du premier homme à avoir raconté hier les crimes sexuels qu’il aurait subis de la part de Sylvain Taillefer.

Ces deux victimes habitent en Europe et ont été entraînées par l’accusé dans leur enfance, alors que l’accusé travaillait outre-mer. Comme son demi-frère hier, la victime témoignait donc par visioconférence.

Il a d’abord expliqué la dynamique entre l’accusé et sa famille, à l’époque.

«C’est un peu le grand frère de la famille, il est là souvent, a-t-il débuté. Il vient souvent à la maison. C’est un peu le tonton, le grand frère. On se confie différemment à lui. Moi, je sais qu’il m’a pas mal épaulé dans des moments peut-être plus difficiles pour moi. C’était un peu le grand frère à qui on pouvait parler, le confident», a-t-il continué.

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La victime a expliqué avoir voyagé au Canada à l’été de l’an 2000, avec Sylvain Taillefer qui l’attendait à l’aéroport lors de son arrivée.

«C’était un fait marquant pour moi. C’était mon vrai premier voyage. C’était un peu mon cadeau d’anniversaire», a expliqué la victime alléguée, qui célébrait ses 18 ans le jour même de son départ.

La victime alléguée a raconté avoir dormi, dans un petit chalet ou une maison, dans le même lit que l’accusé. Il aurait été réveillé par des gestes posés par M. Taillefer.

«On s’était couchés relativement tôt, de mémoire. Pendant la nuit, j’ai constaté, parce que je dormais à peine, qu’il venait se coller à moi. Je dormais en caleçon. Il a commencé à se frotter à moi et me caresser le corps, de part et d’autre», a-t-il raconté. Il aurait senti à un certain moment le pénis en érection de l’accusé contre son corps.

«À partir du moment où j’ai senti ça, j’ai commencé à bouger plus et à faire comme si je me réveillais. Il a dû sentir que c’est comme si je refaisais surface de mon sommeil. J’ai commencé à bouger un petit peu, m’éloigner un petit peu», a continué la victime alléguée.

La victime aurait verbalisé dans les jours qui ont suivi à l’accusé qu’il avait déjà été agressé par le passé. «À ce moment-là, j’ai vu chez lui un comportement ultra-protecteur [...] Après cette discussion, il n’y a plus eu aucune tentative de sa part», a-t-il précisé. Il a expliqué s’être «renfermé sur lui-même» pour la suite du voyage, avant son retour en Europe.

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Il a aussi expliqué avoir été mis au fait de l’arrestation de Sylvain Taillefer au Québec par un ami qui avait aussi été entraîné par l’accusé. Il en aurait par la suite discuté avec sa belle-mère, puis avec son demi-frère.

«La chose que j’ai faite quand j’ai pris connaissance de l’article, j’ai téléphoné à ma belle-mère. De lui dire que mon témoignage aurait du poids, mais que celui qui en aurait encore plus, c’était celui de mon demi-frère. C’était de le convaincre de parler. Je savais qu’il avait été très souvent avec Sylvain pendant plusieurs années», a-t-il expliqué.

L’homme s’est aussi prononcé sur sa perception de la relation qu’entretenait M. Taillefer avec son demi-frère. «Je trouvais que [Sylvain Taillefer] était un peu trop intrusif dans sa vie. Ce n’était ni son père ni son oncle. On aurait presque dit une relation amoureuse. Moi je le sentais comme ça», a-t-il analysé.

«J’en avais parlé avec ma belle-mère, je trouvais ça bizarre, mais il était là, il faisait partie de la famille. Il était particulièrement dur avec mon demi-frère, que ce soit avec le hockey, avec les études [...] Au bout d’un moment je trouvais ça presque toxique.» - une victime alléguée, au sujet de la relation entre Sylvain Taillefer et son demi-frère, qui aurait elle aussi subi des abus sexuels.

En contre-interrogatoire, Me Adam Fontaine-Métivier a demandé à la victime s’il avait « mis de la pression » pour que son demi-frère appelle lui aussi les policiers au Québec.

«Je ne lui ai pas mis de pression particulière. Je lui ai dit "tu as des enfants". C’est important de dénoncer ce genre de choses, qui, je le rappelle, sont des choses qui souvent restent tabou. Il faut un peu de courage pour le faire, mais il faut le dénoncer aujourd’hui», a rapporté la victime alléguée.

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Contre-interrogatoire de la première victime alléguée

La journée de mardi avait débuté avec la suite du contre-interrogatoire de la première victime qui avait pris la barre, la veille.

L’ex-hockeyeur a été questionné sur les lieux qu’il a décrits hier en interrogatoire principal, ainsi que sur les dates lors desquelles il aurait subi les crimes. Il a admis avoir des «trous de mémoire» comme les événements datent d’il y a plusieurs années.

La victime avait décrit des crimes sexuels allant des attouchements à la sodomie, des gestes qui se seraient produits dans les années 90 et 2000, lors de trois voyages au Canada, mais aussi dans son pays natal, en Europe. Les actes de sodomie se seraient déroulés alors que la victime était âgée de 18 ou 19 ans, selon son témoignage.

«Est-ce possible que les relations de sodomie étaient consensuelles?», a demandé Me Fontaine-Métivier.

«Non, ce n’était pas consensuel», a-t-il répondu.

L’avocat de M. Taillefer lui a aussi demandé pourquoi il continuait de retourner chez Sylvain Taillefer, à son domicile en Europe, alors qu’il trouvait «bizarres» les gestes qu’il posait à son endroit.

«C’est une question que je me pose depuis que j’ai 10 ans, a répondu le témoin. C’est une bonne question. Je ne sais pas. J’imagine que c’est pour toutes les autres choses qu’il me permettait de faire, les voyages. Le fait que pour moi, c’était un super entraîneur de hockey et cette chance de pouvoir continuer à évoluer à un haut niveau. À 10 ans on veut jouer en NHL, c’était aussi mon rêve. Par le biais des contacts avec Sylvain, c’était un des moyens d’y arriver. Je pense que c’est un des éléments qui faisait que j’y retournais quand même», a-t-il continué.

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