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L’été est particulièrement violent au Québec cette année (et ça va s’empirer)

Photos Jean-François Guilbault et Joël Lemay
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2025-07-30T19:23:52Z
2025-07-31T18:48:33Z
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Le temps est-il particulièrement violent cet été? Entre les vagues de chaleur, les pluies torrentielles et la mauvaise qualité de l’air, la météo ne donne pas beaucoup de répit à la population québécoise qui tente de profiter de la «belle saison». Et il faudra s’y faire, préviennent des experts: ces épisodes ne sont qu’un aperçu de ce qui nous attend dans le futur.

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«Le temps violent, les épisodes orageux et les canicules sont des enjeux climatiques importants au Québec qui n’iront pas en s’améliorant dans l’avenir», prévient le professeur d’hydroclimatologie à l’UQAM, Philippe Gachon. 

Pendant que les forêts brûlent dans l’Ouest canadien, Montréal et Québec se classaient parmi les villes les plus polluées au monde le week-end dernier en raison du smog généré par les brasiers. 

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Au même moment, Environnement Canada émettait un avertissement de chaleur pour le sud de la province. L’humidex a dépassé les 35 degrés Celsius (°C) par endroits. 

La semaine précédente, des quantités d’eau records sont tombées en quelques heures sur plusieurs villes. Les pluies diluviennes ont causé des refoulements d’égout, des inondations et des glissements de terrain dans la région de Québec. 

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Marcel Tremblay / Agence QMI
Marcel Tremblay / Agence QMI

En juin, la température moyenne à l’échelle de la province a surpassé la normale «pour un 28e mois consécutif», rapporte le ministère de l’Environnement. Trois tornades ont également balayé le Centre-du-Québec, l’Estrie et Chaudière-Appalaches durant ce mois. 

Plus de grandes chaleurs

Difficile de prédire de quel temps les prochains étés seront faits au Québec. 

«Il y a de la variabilité. Des étés sont parfois plus secs que d’autres. Les variations de température sont normales d’une année à l’autre et à l’intérieur d’une même saison», fait valoir le météorologue et communicateur scientifique chez Ouranos, Simon Legault. 

Une chose est claire, toutefois: le nombre de journées très chaudes continuera de grimper. 

De 2015 à 2024, ce sont 277 stations météorologiques en moyenne à travers le pays qui ont enregistré une température de 30°C et plus, selon les données d’Environnement et Changement climatique Canada. De 1999 et 2014, cette moyenne était de 199. 

Photo Le Journal de Québec Vincent Desbiens Vincent Desbiens
Photo Le Journal de Québec Vincent Desbiens Vincent Desbiens

Depuis le début de la saison estivale, certaines régions du Québec comptent déjà 15 journées avec un mercure dépassant les 30 °C. La normale est d’une douzaine par année, précise M. Legault. 

«On doit s’y préparer pour le futur, dit-il. Même si on réduisait drastiquement les émissions de GES du jour au lendemain, les impacts du réchauffement vont continuer de se faire sentir pour des décennies encore.» 

Deux fois plus vite

Ces effets risquent d’être plus visibles au Québec, sachant que la province se réchauffe près de deux fois plus vite que la moyenne mondiale. 

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«Les régions nordiques, près des pôles, se réchauffent plus rapidement. C’est ce qu’on appelle l’amplification polaire. Les glaces fondent et laissent place à de l’eau plus foncée qui absorbe davantage l’énergie du soleil», explique Simon Legault. 

Et avec ce réchauffement, la multiplication des périodes de variabilité météorologique est inévitable. 

Des coups de fouet climatiques

«Les changements climatiques amplifient l’alternance très rapide et marquée entre les extrêmes. Et ça affecte nos étés. D’un seul coup, on vit une période sèche puis des pluies diluviennes ou du gel au sol puis de la chaleur extrême. On perd la constance des conditions météorologiques normalement associées à la saison», explique le professeur Philippe Gachon. 

«En plus qu’on se trouve dans un secteur propice au whiplash, au coup de fouet climatique», ajoute-t-il. 

Ce nouveau terme apparu récemment dans le lexique climatologique renvoie à la succession soudaine d'événements météorologiques extrêmes. 

Alors que ces phénomènes se produisaient à des décennies d’intervalle dans le passé, ils surviennent désormais l’un à la suite de l’autre. Et si le réchauffement climatique atteint 3 °C, ces whiplashes risquent de doubler. 

La planète est en voie d'atteindre un réchauffement de 2,7 °C d’ici 2100.

Plus d’eau, mais plus de sécheresses

«L'une des conséquences du réchauffement climatique est qu’il perturbe la volatilité du régime de précipitations: une atmosphère plus chaude peut contenir davantage d’humidité», illustre M. Gachon. 

Pour chaque degré d'élévation de la température globale, l’atmosphère renfermera ainsi 7% plus d’eau. 

«On se rend compte qu’en condition estivale, les fortes précipitations de courte durée augmentent beaucoup plus rapidement que celles étalées sur une longue période. Ce sont ces pluies qui sont responsables des inondations et des glissements de terrain», signale l’expert en hydroclimatologie. 

Un glissement de terrain est survenu dans Portneuf, le 16 juillet 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)
Un glissement de terrain est survenu dans Portneuf, le 16 juillet 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI) Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC

Mais coup de théâtre: ces pluies torrentielles ne réduisent pas les sécheresses pour autant. C’est même tout le contraire. 

Plus le mercure est à la hausse, plus l’évaporation d’eau à la surface du sol s’accélère. La quantité de précipitations supplémentaires n’étant pas suffisante pour compenser la perte d’humidité, le risque de sécheresses se voit aussi augmenté.

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