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Risques de noyade: nos rivières plus dangereuses à cause du réchauffement climatique

MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / JOURNAL DE MONTREAL
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2025-07-22T21:43:00Z
2025-07-23T12:42:47Z
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Le réchauffement climatique pourrait faire bondir le nombre de noyades, et pas seulement parce que plus de gens profiteront des points d’eau pour se rafraîchir, préviennent des experts. Plusieurs facteurs climatiques risquent d’augmenter le danger des rivières, qui sont le principal lieu de noyade au Québec.

L’été 2025 s’annonce funeste sur les plans d’eau de la province. 

Pas moins de 40 personnes ont perdu la vie par noyade depuis le début de l’année au Québec, selon les données de la Société de sauvetage. C’est huit de plus qu’à pareille date l’an dernier. 

Pour le directeur général et porte-parole de l’organisme, Raynald Hawkins, le lien n’est plus à faire entre la fréquence des noyades et le réchauffement climatique: plus le mercure grimpe, plus les gens veulent se rafraîchir. 

Près de 70% de ces incidents surviennent entre les mois de mai et de septembre. Avec les canicules répétées et les étés qui s’étirent, la Société de sauvetage craint que la «saison» des noyades soit prolongée. 

Marcel Tremblay/Agence QMI
Marcel Tremblay/Agence QMI

Ce n’est pas tout. 

Certaines rivières, notamment «dans Charlevoix ou en Gaspésie», sont plus sensibles aux aléas météorologiques, précise le professeur d’hydroclimatologie à l’UQAM Philippe Gachon. 

«On fait face à de plus en plus de phénomènes extrêmes, comme des orages intenses avec des pluies diluviennes et de forts vents, qui peuvent diminuer la sécurité sur les plans d’eau», prévient celui qui est aussi directeur général du Réseau Inondations InterSectoriel du Québec (RIISQ). 

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Des rivières imprévisibles

En cas de déluges, comme ceux qu’ont connus les régions de Montréal et de Québec la semaine dernière, le niveau et le débit de l’eau augmentent rapidement dans les rivières. 

Ces plans d’eau deviennent alors imprévisibles. 

«Les pluies diluviennes provoquent des changements de courants et des tourbillons, ce qui réduit considérablement la sécurité des gens qui pêchent sur un rocher ou qui se baignent, même les bons nageurs», souligne M. Gachon. 

Sépaq
Sépaq

Un tourbillon se forme lorsque des courants d’eau se rencontrent ou se heurtent à un obstacle. Ce «vortex» est capable de tirer vers le bas tout ce qui se trouve à sa portée, y compris un nageur. 

«Les pluies diluviennes vont aussi modifier la turbidité (opacité) de l’eau. Des sédiments sont emportés, la couleur change et ça devient difficile de savoir si on touche encore le fond», ajoute le professeur Gachon. 

Une autre préoccupation, selon lui, est le refroidissement soudain des eaux, en raison de la hausse du débit et de la vitesse du courant. Le risque qu’une personne coincée dans une rivière développe une hypothermie se voit ainsi décuplé. 

Cours de natation et sensibilisation

En contexte de changements climatiques, l’abondance des plans d’eau qui recouvrent le territoire québécois est une bénédiction pour la population qui cherche à faire diminuer sa température corporelle. 

Il faut toutefois prendre les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité. 

«Les cours de natation et la sensibilisation aux dangers de la baignade devraient devenir obligatoires pour tous les enfants dans la province», insiste Philippe Gachon. 

«Les épisodes orageux, le temps violent et les canicules sont des enjeux climatiques importants au Québec qui n’iront pas en s’améliorant dans l’avenir», ajoute-t-il.

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