Manoirs, domaines à la campagne, châteaux de luxe: les ultrariches ont continué de se gâter en immobilier cette année

Oubliez la pression inflationniste, les craintes de mises à pied et les hausses successives du taux directeur. Contrairement à la plupart des Québécois, à l’abri de toute préoccupation financière, les ultrariches n’ont à peu près pas réduit leur budget consacré à l’habitation cette année.

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«Bien au contraire», assure le courtier Joseph Montanaro, spécialisé dans l’accompagnement des grandes fortunes dans leur recherche d’un manoir pour eux et leurs domestiques, d’un domaine à la campagne, ou d’un simple pied-à-terre pour millionnaires à deux pas des galeries et musées du centre-ville de Montréal, ou des plaines d'Abraham à Québec.

« Comme ces gens n’ont pas besoin d’emprunter, qu’ils achètent cash la plupart du temps, la flambée des taux hypothécaires a très peu ou pas du tout d’impacts sur leurs intentions d’acquisition. »

- Joseph Montanaro, courtier spécialisé, associé de l’agence RE/MAX

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«Plus que les taux, c’est surtout la psychologie qui affecte ce marché de niche», soutient le courtier étoile des riches et célèbres, associé de l’agence RE/MAX.

Celui que le premier ministre François Legault a retenu pour vendre sa maison d’Outremont il y a deux ans a été mêlé dans la vente de trois des dix plus importantes transactions immobilières de l’année au Québec. Sur son tableau de chasse des dernières semaines: la vente (encore non notariée) d’un château de dix chambres et sept salles de bain, affiché hors marché pour 20 M$.

De 8,5 à 13,2 M$

Selon une compilation menée par Le Journal auprès du Registre foncier du Québec, les dix plus grandes transactions immobilières de l’année 2023 dépassaient les 8,5 millions de dollars. 

Comme souvent, ces dernières se sont concentrées dans trois régions spécifiques: l’île de Montréal, dans les secteurs de Westmount et Outremont; les Cantons-de-l’Est, autour des lacs Brome et Memphrémagog; et les Laurentides, à Mont-Tremblant en particulier.

C’est d’ailleurs dans cette dernière municipalité, aux abords du très prisé lac Tremblant, que s’est conclue la vente la plus importante dans la province en 2023. Son acheteur, une figure dominante du monde des affaires québécois, a accepté de payer 13,2 M$ pour s’offrir cette demeure discrètement lotie au bout d’un chemin privé d’un demi-kilomètre en forêt.

Impliqué de près dans cette transaction, Steven Lafave, directeur principal d’Engel & Völkers à Mont-Tremblant, ne constate pas non plus de ralentissement parmi sa clientèle intéressée par les produits dits de villégiatures. 

Il constate beaucoup de «mouvements latéraux», des propriétaires d’entreprises ou des professionnels bien établis (avocats, fiscalistes, médecins), capables de s’offrir une résidence secondaire d’une valeur égale ou supérieure à celle de leur résidence principale, en ville ou dans sa banlieue.

Un domaine comprenant un manoir et pas moins de trois maisons pour invités, propriété du roi de l’importation du vin au Québec (Philippe Dandurand), a finalement été vendu pour presque 12 M$ sur les rives du lac Memphrémagog. 

Par ailleurs, l’unité de condominium la plus dispendieuse, dans l’ancien couvent des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, à Outremont, s’est envolée pour 10,78 M$.

Une hausse de taux lucrative

Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec remarque une recrudescence des produits immobiliers destinés à une clientèle plus fortunée depuis quelques années. 

Et non seulement les propriétés de grand luxe continuent de trouver preneur, mais ces dernières continuent d’être vendues à des prix supérieurs à ceux des années passées. À titre de comparaison, l’an dernier seulement, trois résidences avaient été vendues pour plus de 9,5 M$ au Québec. En 2023, une année pourtant beaucoup plus incertaine sur le plan économique, le nombre de ces transactions pour gens riches a grimpé à huit.

Économiste à la Banque Nationale du Canada, Daren King ne s’en étonne guère. Profitant d’actifs beaucoup plus importants que ceux de la moyenne des Québécois, ces grandes fortunes sont en mesure de profiter du contexte actuel pour s’enrichir.

« Même si la Bourse a ralenti, il est tout à fait possible aujourd’hui d’obtenir des rendements de 5% et plus sur des certificats de placements garantis. »

- Daren King, Économiste chez Banque Nationale

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«Plutôt que de les pénaliser, la hausse des taux d’intérêt a pour effet contraire de leur permettre d’en bénéficier, dit-il. Même si la Bourse a ralenti, il est tout à fait possible aujourd’hui d’obtenir des rendements de 5% et plus sur des certificats de placements garantis. Pour qui a de l’argent liquide à sa disposition, c’est une occasion d’enrichissement qui se reflète sur le maintien des prix de ces résidences.»

- Avec la collaboration de Philippe Langlois