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L'article provient de TVA Nouvelles

Les stratégies climat de géants de l'agroalimentaire insuffisantes, selon une étude

Getty Images via AFP
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AFP

2025-06-02T22:37:28Z
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Les plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre via par exemple la lutte contre la déforestation de Danone, JBS, Mars, Nestlé et PepsiCo sont «peu à même d'entraîner des réductions structurelles et conséquentes dans le secteur», affirment les groupes de réflexion NewClimate Institute et Carbon Market Watch.

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Dans le cadre de leur quatrième rapport annuel sur les ambitions des multinationales, de la mode à l'agro-industrie, en particulier celles qui affichent un discours volontariste, un extrait publié mardi est dédié à «l'intégrité globale des stratégies climatiques» de cinq des dix géants de l'agroalimentaire.

Le groupe français Danone obtient la note intermédiaire d'intégrité «modérée», l'américain Mars et le suisse Nestlé sont jugés «médiocres» tandis que l'américain PepsiCo et le brésilien JBS obtiennent la note la plus basse de «très médiocre».

Les groupes de réflexion identifient cinq postes clés pour réduire les émissions: une transition vers de plus en plus de protéines végétales, des engagements pour lutter contre la déforestation, la réduction des engrais chimiques, la réduction des déchets et du gaspillage et un cinquième qui rassemble la transition énergétique des sites industriels ou encore les emballages et le transport.

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Le rapport regrette que les produits à base de protéines végétales ne soient pas envisagés comme des substituts aux produits animaux, ce qui réduirait les émissions liées à l'élevage, mais plutôt comme des moyens de diversification des portefeuilles pour JBS, spécialiste de la viande, ou Nestlé, qui met en avant les bienfaits des produits laitiers dans l'équilibre nutritionnel.

«Danone est le seul à avoir une cible de réduction de ses émissions de méthane» associées à la production de lait, soulignent les auteurs.

L'arme de la «compensation»

Les émissions agricoles sont essentiellement dues à l'élevage, en particulier celui des bovins qui rejettent du méthane en rotant, ainsi qu'à l'usage d'engrais, qui dégagent du protoxyde d'azote, le troisième gaz à effet de serre derrière le méthane et le CO2, mais le plus réchauffant.

PepsiCo et Nestlé sont plutôt bons élèves concernant les ambitions en matière de déforestation, mais «le manque de transparence sur les données» tout au long des chaînes d'approvisionnement augmente les risques d'une trop grande différence entre les progrès rapportés par les entreprises et les taux de déforestation réelle liée aux activités de leurs fournisseurs.

Les auteurs signalent notamment la déforestation illégale persistante liée à la chaîne d'approvisionnement de JBS, de nombreuses parcelles de forêts étant défrichées pour y installer des troupeaux.

«Aucune des cinq entreprises ne reconnaît le besoin de réduire l'utilisation des engrais» responsables d'émissions au cours de leur production, mais aussi lors de l'épandage, regrettent-ils, ajoutant que Nestlé et Danone ne mentionnent que le remplacement des engrais de synthèse par des engrais naturels.

Sur la réduction des déchets et du gaspillage, «seul Danone a des objectifs crédibles et ambitieux».

Plus globalement, les ambitions à court terme, notamment sur l'énergie et les emballages, des entreprises ne sont pas de nature à amener des changements «sectoriels», est-il indiqué dans le rapport.

Et plus encore, les objectifs de réduction sont «menacés» par l'utilisation de mécanismes de «compensation» (planter des arbres, préserver des prairies ou restaurer des sols qui captent du carbone).

Pour les deux centres de réflexion, les émissions évitées grâce à ces mécanismes doivent être comptabilisées indépendamment des réductions des émissions propres de l'entreprise et de sa chaîne d'approvisionnement.

«Nestlé par exemple indique que 80% de ses objectifs pourraient être atteints» grâce à des solutions de compensation, «ce qui inquiète concernant la transparence et la robustesse des réductions déjà revendiquées».

La note de Danone a par ailleurs été dégradée cette année puisque le groupe a «explicité son intention de comptabiliser» ces mécanismes de compensation pour atteindre son objectif de réduction.

Les auteurs du rapport invitent les organismes qui certifient les stratégies climat des entreprises (SBTi, GHG Protocol) à clarifier la manière dont les mécanismes de compensation peuvent être utilisés pour atteindre leurs objectifs.

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