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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Les restaurateurs incapables de rembourser leurs dettes de COVID

La grande majorité risque de perdre une subvention de 20 000$

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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2023-09-23T04:00:00Z
2023-09-24T21:33:11Z
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Deux restaurants sur trois qui ont obtenu un prêt de 60 000 $ du gouvernement pendant la COVID-19 n’ont toujours effectué aucun remboursement. L’échéance approche, et des milliers d’entrepreneurs risquent de perdre la portion subvention du prêt, soit 20 000 $. Pour certains, ce sera la faillite.

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Dans son restaurant à L’Assomption, Pierre Martel offre, selon le premier ministre François Legault lui-même, « la meilleure poutine au Québec ». Mais ça ne l’empêche pas de crouler sous les dettes et de craindre pour les mois à venir. 

Comme la majorité des restaurateurs pendant la COVID-19, il a accepté un prêt de 60 000 $ du gouvernement fédéral. Mais il n'a toujours rien remboursé. « On n'a pas eu le choix de le prendre, ce prêt-là. Sinon, on perdait notre business », se rappelle-t-il. Là, on va recevoir un état de compte et on va être obligé de rembourser. Ça va nous mettre dans le trouble pour un bout, mais on n’a pas le choix », se résigne-t-il.

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  • Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB radio :

Steve Trépanier, lui, fait partie des « chanceux ». Son steakhouse à St-Jean-Sur-Richelieu ne dérougit pas, et il croit pouvoir rembourser son prêt à temps. Mais il s’inquiète pour ses collègues. « Beaucoup de restaurateurs m'appellent pour me demander : qu'est-ce qu'on fait ? Quels sont les recours ? Mais il n'y a plus de recours ! On doit de l'argent au gouvernement et il faut payer », dit-il.  

Steve Trépanier, propriétaire du restaurant Steve Steakhouse, à St-Jean-sur-Richelieu
Steve Trépanier, propriétaire du restaurant Steve Steakhouse, à St-Jean-sur-Richelieu Photo Steve Trépanier

Deux restos sur trois n’ont rien remboursé

Au Québec, c'est 183 000 entreprises qui ont fait une demande et obtenu le compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC). Et 80 % des restaurateurs au Québec ont reçu le prêt, selon L’Association Restauration Québec (ARQ). Mais en date d’aujourd’hui, les deux tiers des PME en restauration au pays n’ont rien remboursé de leur CUEC. Et seulement 1 restaurant sur 10 a remboursé la totalité de son prêt. 

S’ils ne remboursent pas leur prêt – dont l’échéance était fixée au 31 décembre 2023 – ces entreprises vont perdre la portion « subvention » du prêt, soit 20 000 $ dans le cas d’un prêt de 60 000 $, et 10 000 $ dans le cas d’un prêt de 40 000 $. Cette partie pouvait être « pardonnée » s’ils remboursaient le prêt à temps.

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« Le nerf de la guerre en ce moment pour les entreprises, c’est de conserver la portion subvention. C'était le principal avantage de ce programme-là », explique Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

  • Écoutez l'entrevue avec Pierre Fortin, président de Jean Fortin & associés, à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 

Pour donner un répit aux entrepreneurs – et leur permettre de conserver la portion subvention du prêt –, le gouvernement a récemment annoncé qu’il reportait la date de remboursement... de 18 jours. Une mesure insuffisante, selon la FCEI, qui réclame plutôt un report d’une année.

« Ça me semble une annonce bâclée et ça ne va aucunement aider les entrepreneurs », soutient Jasmin Guénette. Ils ont besoin de plus de temps. »

Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)
Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) FCEI

Ce dernier rappelle que si les entreprises sont lourdement endettées aujourd’hui, ce n’est pas parce qu'elles ont fait de mauvais choix d'affaires. « Elles sont lourdement endettées parce qu'elles ont dû subir les restrictions et les mesures de confinement en raison de la COVID. Ce n'est pas leur faute si elles ne pouvaient pas servir leurs clients à cause des décisions du gouvernement », dit-il.

Les banques frileuses

Ottawa donne une autre option aux restaurateurs : si ceux-ci peuvent convaincre leur banque de leur prêter la somme nécessaire d’ici le 28 mars 2024 (aux taux d’intérêt en vigueur), ils pourront garder la subvention. Mais chaque dossier sera étudié avec soin par les banquiers, qui sont de plus en plus frileux. 

« La moitié des institutions financières ne veulent plus prêter d'argent à des restaurateurs, dit Steve Trépanier. Ça va être dur de refinancer avec les banques pour avoir un an de délai. Plusieurs restaurants pourraient fermer leurs portes à cause de ça, ce pourrait être la goutte qui fait déborder le vase. »

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