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L'article provient de Bureau d'enquête

Les Québécois mal protégés contre les tactiques trompeuses

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Louis-Philippe Bourdeau

2024-09-20T04:00:00Z
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Les Québécois sont mal protégés contre les tactiques trompeuses utilisées par les applications et sites web, qui les poussent souvent bien malgré eux à dévoiler leurs données personnelles et à dépenser davantage.

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La situation est telle que Me Clément Camion, un expert qui milite pour des interfaces web saines, presse le gouvernement de moderniser la Loi sur la protection du consommateur afin d’agir plus efficacement contre le phénomène des dark patterns.

L’avocat explique que les entreprises choisissent délibérément d’utiliser ces techniques malveillantes sur leurs sites web. Les dark patterns ont pour objectif d’influencer les actions des internautes sur leurs plateformes, rappelle l’expert.

Crédits : Capture d'écran J.E
Crédits : Capture d'écran J.E

«Ça peut porter préjudice aux utilisateurs de plein de façons. En leur faisant divulguer plus de renseignements personnels qu’ils le souhaiteraient ou en leur faisant acheter davantage que prévu», déplore l’avocat, qui voit là un «retard sur l’encadrement du numérique» au Québec.

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Pour Me Camion, Temu offre l’exemple parfait d’une interface «hautement problématique», par la multiplication de ses techniques trompeuses.

Il cite en exemple son programme de récompenses, qui pousse l’internaute à partager l’application avec ses connaissances, à faire des achats ou même à partager son numéro de téléphone, son nom et sa photo, dans le but d’accélérer l’obtention de cadeaux gratuits.

Capture d'écran TEMU
Capture d'écran TEMU

«Il y a beaucoup d’informations qui devraient être enlevées [de l’application], car ce sont des informations qui semblent fausses ou trompeuses», indique-t-il.

Des lacunes

Si certains articles de la LPC sanctionnent les représentations truquées en ligne, l’absence du terme «interface trompeuse» dans la loi est une lacune importante, selon Me Camion.

«Il faut les définir explicitement en disant: “Ceci est interdit et voici les sanctions applicables”, et il faut simplifier les recours pour y faire face», insiste-t-il. 

UE: l’exemple à suivre?

En mai dernier, l’Union européenne a imposé des règles plus strictes à Temu dans l’objectif de mieux protéger les dizaines de millions d’utilisateurs du Vieux Continent. D’ici la fin septembre, le géant chinois devra se soumettre à des contrôles renforcés sur ce continent.

La Loi européenne sur les services numériques limite ainsi le recours aux interfaces trompeuses.

Elle force aussi Temu à évaluer «tout effet négatif potentiel» de l’utilisation de sa plateforme sur la santé physique et mentale des consommateurs.

«Ça vient avec de très lourdes sanctions à la clé qui peuvent aller jusqu’à 6% du chiffre d'affaires annuel», explique Me Camion.

Temu a confirmé, par courriel, qu’il entendait se conformer à cette nouvelle législation en Europe.

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