«Les portes sont un petit peu saturées»: de plus en plus de jeunes aux urgences pour des troubles alimentaires

Mina Collin
Les cas de troubles alimentaires ainsi que leur sévérité augmentent dans la province, phénomène observé depuis l’arrivée de la Covid-19 par des médecins.
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Le Dr Olivier Jamoulle, chef de la section de médecine de l'adolescence au CHU Sainte-Justine a été témoin de cette montée de cas chez les jeunes dans les dernières années.
«On reste vraiment très occupés avec des jeunes qui se présentent à l'urgence, en clinique ou qui sont même hospitalisés à un niveau parfois plus malade et un peu plus nombreux que ce qu'on voyait vraiment avant le début de la pandémie[...]Dans le réseau de la santé, les portes sont un petit peu saturées», a-t-il révélé aux ondes de LCN vendredi.
Laura D’Amour, coordonnatrice clinique chez Anorexie et boulimie Québec (ANEB), corrobore ce que mentionne le médecin.
«Au niveau des hospitalisations [et] du domaine communautaire, on reçoit vraiment des cas plus complexes», a souligné Mme D’Amour.
Selon la coordonnatrice clinique, la stigmatisation encore présente au Québec concernant les troubles alimentaires et le manque d’information causent l’engorgement des urgences.
«Ça fait en sorte qu'il y a beaucoup d'impuissance qui est ressentie, puis ça peut mener les parents à aller chercher de l'aide aux urgences, ne sachant pas où aller autre», a-t-elle indiqué.
L’engorgement des urgences est également lié à un manque de ressources dans un contexte de demande grandissante, selon le Dr Jamoulle.
«Le nombre élevé de patients et la complexité des situations actuelles font en sorte qu'on a besoin de ressources pour une période prolongée, a expliqué le médecin. C'est une maladie qui prend quand même du temps à soigner.»
Pour pallier ce manque de ressources pour les jeunes, le docteur a mentionné que des équipes sont présentement formées à travers la province pour soutenir les professionnels et les médecins qui traitent ce genre de maladie.
Les réseaux sociaux en cause pour la hausse des troubles alimentaires ?
Les réseaux sociaux pourraient nuire à des troubles alimentaires, mais on ne peut pas leur attribuer l’entière responsabilité, explique Mme D’Amour.
«Ce n’est vraiment pas que ça. C'est important de le mentionner. Tout ce qui est situation d'instabilité, d'incertitude, que ce soit au niveau économique, mondial ou politique, ça peut également avoir des impacts. Ce sont des situations dans lesquelles les gens ressentent peu de contrôle...Tous ces facteurs-là étant dans une société qui valorise beaucoup la productivité et l'apparence, ça peut être des facteurs qui entrent en ligne de compte», a-t-elle expliqué.
Considérant tous les éléments qui peuvent mener à un sentiment d’impuissance et de perte de contrôle chez les jeunes, le Dr Jamoulle ne jette pas tout le blâme sur les réseaux.
«Les réseaux sociaux sont peut-être responsables de l'entretien ou parfois du déclenchement des troubles alimentaires», a-t-il commenté.
Voyez les entrevues intégrales ci-dessus