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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Les nouveaux podcasts IA bousculent une industrie au modèle économique fragile

AFP
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2025-10-13T13:09:06Z
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L’intelligence artificielle (IA) permet désormais de générer des podcasts IA à la chaîne, avec présentateurs virtuels, une nouvelle offre qui bouscule cette industrie encore en pleine structuration et au modèle économique fragile.

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Depuis le lancement du Audio Overview de Google, premier générateur grand public de podcast à partir de documents, il y a un peu plus d’un an, une foule de start-up s’est engouffrée dans la brèche, d’ElevenLabs à Wondercraft.

Plus de plateaux, plus d’humains au micro et même plus d’enregistrement, mais un podcast à la fin, voilà ce qu’offre désormais l’IA.

Aux avant-postes de ce mouvement côté création, Inception Point AI, créé dès 2023 et qui met en ligne environ 3 000 podcasts par semaine, avec une équipe de huit personnes seulement.

L’idée, dans l’immédiat, n’est pas de faire un «hit», explique Jeanine Wright, fondatrice d’Inception et ancien n° 2 du prestigieux studio audio Wondery, mais de jouer sur le volume. Un épisode coûtant un dollar à produire, il devient rentable grâce aux recettes publicitaires à partir de 20 écoutes seulement.

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Des avancées technologiques, l’automatisation principalement, ont ainsi abaissé, depuis le début des années 2020, le seuil à partir duquel il est possible de vendre des espaces aux annonceurs, situé auparavant à plusieurs milliers de téléchargements.

Elle prend l’exemple d’un programme «hyper niche» sur l’indice pollen dans une ville donnée, écoutée par quelques dizaines de personnes qui pourraient attirer des annonceurs d’antihistaminiques.

Avec la montée en puissance de l’IA générative, beaucoup s’inquiètent de voir des contenus synthétiques de faible qualité, souvent appelés «AI slop» (bouillie IA), submerger internet, les réseaux sociaux en particulier.

Inception évoque, dans chaque épisode, le rôle de l’IA, mention qui suscite «très peu de décrochage» chez les auditeurs, affirme Jeanine Wright.

«Nous constatons que si les gens aiment l’animateur (IA) et le contenu», dit-elle, «alors ils se moquent que ce soit généré par IA ou ils en ont accepté le principe.»

«Trouver» son public

Pour Martin Spinelli, professeur de podcast à l’université britannique de Sussex, avec cette déferlante, «il va devenir plus difficile pour les podcasteurs indépendants de se faire remarquer et de trouver leur public», à cause du «bruit» et «par manque de budget publicitaire».

D’autant que, souligne-t-il, «il y a beaucoup d’argent du capital investissement» derrière ces projets IA.

La hausse attendue du nombre de programmes va, en outre, tailler mécaniquement dans les recettes publicitaires des podcasts non-IA.

«Vous pouvez ne gagner que 17 cents par épisode, mais si soudainement ils en font 100 000 (avec l’IA), ça va finir par peser», prévient Nate DiMeo, créateur de «The Memory Palace», devenu une des références du podcast historique.

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Le vétéran de l’audio, dont le programme a débuté en 2008, se dit «sceptique» quant à une «adoption de masse» des podcasts IA. «Mais même si les goûts ne changent pas» significativement, «cela peut peser négativement» sur l’écosystème des podcasts indépendants, «qui s’en sortent déjà à peine».

En l’état, les trois grandes plateformes du genre, à savoir Apple Podcasts, Spotify et YouTube n’imposent pas aux créateurs d’indiquer directement aux auditeurs qu’un podcast a été conçu par IA.

«Je serais prêt à payer pour un outil IA qui me permette de faire le tri dans tout ce bruit», explique Martin Spinelli, pour qui les moteurs de recherche des géants du streaming laissent beaucoup à désirer.

Jeanine Wright est résolument contre une distinction des contenus et estime que cela sera bientôt «inutile», car «tout sera fait avec de l’IA», à un degré ou un autre, même si ce n’est pas forcément de l’IA à 100 %.

Elle considère néanmoins que pour ce qui est des podcasts générés par IA avec des voix synthétiques, «les gens verront ça comme un genre distinct, un peu comme les films en prises de vue réelles et les dessins animés», qui ont montré leur potentiel de narration et leur attractivité avec le temps.

«Ceux qui balayent tous les contenus générés par IA manquent de discernement», insiste l’entrepreneuse, «parce qu’il y a beaucoup de belles choses, passionnantes.»

Nate DiMeo ne s’y retrouve pas et compare avec la lecture d’un roman ou l’écoute d’une chanson. «Vous voulez simplement entrer en contact avec la conscience d’un autre être humain», dit-il. «Sans cela, je trouve qu’il y a moins de raisons d’écouter.»

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