«Peut-être qu’il y a plus de drogués et de crack»: 24 heures à la rencontre de personnes itinérantes

Axel Tardieu
«C’est plutôt dans le parc Berri [place Émilie-Gamelin] que ça ne marche pas. Peut-être qu’il y a plus de drogués et de crack»: alors que le sentiment d’insécurité grandit à Montréal, 24 heures est allé à la rencontre de personnes itinérantes qui sont aux premières loges de la violence qui secoue la métropole.
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Pierre, 65 ans, vit dans la rue depuis six ans. Selon lui, acheter de la drogue dans le centre-ville est devenu risqué, puisque les revendeurs n'hésitent pas à voler leurs clients. «Ce sont des petits voyous. Ils vont aller en enfer», lance-t-il.
Il raconte s'être lui-même fait voler une importante somme d'argent. En allant acheter du crack, un dérivé de la cocaïne, il a perdu 1000$, soit tout l’argent de sa pension qu’il venait de retirer. «Il est parti en courant avec mon portefeuille, confie-t-il. Tu capotes en maudit!»

Willy, un ancien itinérant qui fréquente encore le centre-ville, se désole de l'augmentation de la violence à Montréal.
«Avant le monde se battait avec les poings, maintenant non, dit-il. À cette heure, ils [les membres des gangs] tirent, mais sans honneur. Un ami s'est fait voler son argent alors qu'il est en fauteuil roulant», affirme-t-il.
Se tenir loin des problèmes
Rue Saint-Christophe, Mario, surnommé «Alcoolo Mario», observe la vie défiler devant lui. Cela fait maintenant 19 ans qu’il est à la rue. «C’est une longue histoire abracadabrante», se contente-t-il de dire à 24 heures.
Pour s'éviter des problèmes, il ne prend aucune drogue, assure-t-il. Il se limite à l’alcool.
Malgré la violence qui prend de plus en plus de place près de la place Émilie-Gamelin, il refuse de partir. «C’est mon quartier, insiste-t-il. Tout le monde me connaît!»
Mais ce que Mario souhaite par-dessus tout: se sortir de la rue. «Avoir un toit, c’est la priorité pour moi, mais c'est très dispendieux. Quand tu reçois 700 $ par mois, tu ne peux pas faire comme tu veux. Il me reste quoi après?»

Les crimes en hausse depuis 5 ans
Plus de 3100 personnes sont en situation d’itinérance visible à Montréal, selon le Collectif québécois pour la prévention de l’itinérance (CQPI). La dépendance à l’alcool ou la drogue et les loyers trop chers sont les raisons principales qui poussent les gens à la rue.
Même si, depuis le début de l'été, les violences par arme à feu ont diminué de 30% à Montréal par rapport à l’an dernier, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) craint des représailles des gangs de rue. «On peut avoir d'énormes surprises durant l'été», déclarait en juin Fady Dagher, directeur du SPVM.
En 2022, les crimes contre la personne ont bondi de 21,6% par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.