Les partisans conservateurs déçus mais pas démolis par cette quatrième défaite d’affilée

Raphaël Pirro
C’était le calme plat au Rogers Centre d’Ottawa, où les sympathisants conservateurs de Pierre Poilievre ont appris aux alentours de 22h15 que leur parti serait confiné aux banquettes de l’opposition pour un quatrième mandat d’affilée.
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Signe que les attentes étaient basses, la grande salle de conférence réservée pour l’occasion ne s’est jamais réellement remplie. La foule était éparse, et environ la moitié des centaines de chaises n’ont pas trouvé preneur.
Une lueur d’espoir
Mais même si les libéraux formeront le prochain gouvernement, le Parti conservateur du Canada est en voie d’augmenter sa députation d’environ une trentaine de sièges par rapport aux élections de 2021.
«C’est sûr que c’est décevant de perdre, mais ce n’est pas une catastrophe», note Jeremy, un partisan. «On peut travailler avec ça.»
Cette déception ne rime pas avec humiliation. D’autres militants rencontrés sur place se disent confiants pour l’avenir: le mandat des libéraux sera vraisemblablement minoritaire, voulant dire que les prochaines élections pourraient arriver plus tôt que tard.
En entrevue à LCN, le stratège conservateur Carl Vallée a déclaré que le parti avait «de quoi marcher la tête très très haute», car il a augmenté son vote populaire, son nombre de sièges et a réussi à «rajeunir» son mouvement.
Poilievre en difficulté
En difficulté dans sa propre circonscription de Carleton, Pierre Poilievre a félicité Mark Carney pour sa «très courte victoire» et signalé à ses partisans rassemblés à Ottawa qu’il demeurerait le chef de son mouvement.
«Ce serait un grand honneur pour moi de continuer de me battre pour vous [...]», a lancé M. Poilievre sous les applaudissements des partisans agglutinés devant lui.
Les avancées des conservateurs aux élections ont été faites «dans un environnement difficile», a-t-il dit. «Cela dit, nous devons réaliser que nous n’avons pas franchi la ligne d’arrivée.»

Des mois à tirer de l’arrière
Après 37 jours à sillonner le pays de long en large, le chef conservateur espérait faire mentir les sondeurs, qui donnent à son parti tout près de 40% des appuis, à quelques points derrière les libéraux de Mark Carney.
En entrevue avec LCN vers 20h15, le lieutenant du Québec pour les conservateurs, Pierre Paul-Hus, a reconnu que l’omniprésence de Donald Trump dans le paysage politique avait compliqué la mission des conservateurs, celle de faire «passer le message» du parti auprès des électeurs.
Mike Hepburn, un sympathisant conservateur rencontré au Rogers Centre par Le Journal, a dit plus tôt en soirée qu’il serait «surpris» si son parti l’emportait.
Selon lui, le PCC a commis des erreurs stratégiques qui ont pu lui coûter la victoire, comme le fait d’avoir concentré l’attention sur Pierre Poilievre en évitant de présenter une équipe de candidats vedettes prêts à remplacer l’équipe libérale.
M. Hepburn, qui réside à Londres, croit que Pierre Poilievre aurait dû faire des visites à l’étranger en cette ère de bouleversements géopolitiques. «Il aurait pu aller serrer la main à [Emmanuel] Macron et venir à Londres rencontrer le roi Charles! Rien ne l’arrêtait, ça l’aurait montré comme un chef d’État», a-t-il lancé.
La campagne de M. Poilievre a été ponctuée de larges rassemblements aux quatre coins du pays, incluant un passage dans la région de Québec dès les premiers jours.
Du début à la fin, l’aspirant premier ministre s’est présenté bras dessus, bras dessous avec son épouse, Anaida Poilievre, à qui la campagne conservatrice a réservé une place de choix sous les projecteurs.
Aux dernières élections, en 2021, l’ancien chef conservateur Erin O’Toole avait réussi à obtenir 119 sièges à la Chambre des communes, contre 160 pour les libéraux de Justin Trudeau, 32 pour le Bloc Québécois, 25 pour le NPD de Jagmeet Singh et 2 pour le Parti vert.