Les origines des zombies

Manon Blanchette
En 2015, lors d’une entrevue au Journal du dimanche en France, Dany Laferrière a dit que c’est le dieu vaudou qui l’a aidé à obtenir son entrée à l’Académie française. Ces simples mots indiquent bien l’importance culturelle de la religion haïtienne. À l’approche de l’Halloween, de nombreux enfants aux allures de zombies sonneront à nos portes. Cet intérêt pour les morts-vivants est indissociable de la religion vaudou.
Le musée du quai Branly-Jacques Chirac donne des réponses à cette question et révise nos acquis. C’est en Afrique, plus précisément au Gabon, en Angola et au Congo, que l’on retrouve l’idée d’un revenant, d’un fantôme et d’un esprit mauvais.


Comme le catholicisme a été imposé aux esclaves et parce que ceux-ci ont voyagé vers les Caraïbes, dont Haïti, emportant avec eux une maîtrise des drogues naturelles, la religion vaudou intègre ces croyances. Autour de cette religion gravitent la danse, le chant, la littérature et les rituels qui menaient souvent à un état de transe que d’ailleurs le cinéma nous a fait découvrir.
Pour sa part, l’exposition fait voir des objets variés directement liés à la religion vaudou. On y retrouve des poupées de chiffon, des hochets décorés de perles et d’ossements de colonnes vertébrales d’animaux, des mises en scène d’autel vaudou mais, surtout, des personnages grandeur humaine faits de tissu rouge et noir que l’on a rembourré.
Grâce à la muséologie, qui utilise maintenant des radiographies qui ne détruisent en rien l’objet mais qui permettent de voir l’intérieur de celui-ci, le visiteur découvrira que les têtes des personnages sont faites de crânes humains recouverts de toile peinte. Ornées de petits miroirs, de cornes d’animaux, de couteaux et de perlage, ces poupées géantes feraient sans aucun doute peur à tous les enfants du monde.

Le rituel du vaudou
L’état d’esclavage est au cœur de ces croyances. Afin de punir directement quelqu’un qui fait du mal, ou qui s’acharne à la destruction d’un individu, à son insu, on insérerait des poudres dans ses vêtements, qui, après un -certain temps, agiraient sur lui de manière à l’intoxiquer jusqu’à ce qu’il prenne l’apparence d’un mort. Il serait mis en terre comme réellement défunt. Après quelques jours, les justiciers ouvrent le cercueil, sortent l’accusé qui a quelque peu perdu ses esprits et le soumettent à leur bon vouloir. Il devient leur esclave.
Plusieurs peintures haïtiennes abordent le thème du vaudou et peignent des squelettes au travail ou des êtres fantomatiques attachés à leur propriétaire, qui les dirige vers les tâches à accomplir.
L’exposition présente également plusieurs vêtements portés par les femmes lors des rituels. Ceux-ci, fortement colorés, n’ont rien de triste, bien au contraire. Le rituel vaudou permet aussi de croire que, grâce à la pensée, il est possible de punir nos ennemis. Il suffit de perforer une poupée à leur effigie avec des clous pour que le vœu finisse par être exaucé.
Au XXe siècle, le vaudou haïtien et les zombies inspirent plusieurs réalisateurs, dont George A. Romero, à qui l’on doit en 1968 le film très connu La Nuit des morts-vivants et, plus près de nous, The Walking Dead, réalisé en 2010 par Frank Darabont.