Découvrez les nouveaux rêves de Brigitte Lafleur pour sa famille
La série «Empathie» est disponible sur la plateforme Crave
Marjolaine Simard
Brigitte Lafleur vient de souffler ses 50 bougies, et la vie lui sourit plus que jamais. En pleine forme, elle enchaîne les projets stimulants, que ce soit à la télévision, au théâtre ou dans la téléréalité Sortez-moi d’ici!. Son interprétation de Carole Moisan, une criminelle psychotique internée dans la série Empathie, a provoqué une véritable onde de choc chez les téléspectateurs. Un rôle qu’elle considère comme le plus marquant de sa carrière. Rencontre avec une artiste entière, audacieuse, et plus inspirée que jamais.
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Brigitte, on peut dire que tu en as surpris plusieurs en incarnant Carole Moisan, une femme égratignée par la vie au tempérament bien trempé...
On est loin de ma Mimi dans La galère, c’est sûr. Pour le rôle de Carole, Florence Longpré et le réalisateur Guillaume Lonergan ont fait des auditions. Heureusement, car je ne les connaissais pas. J’ai été surprise, parce que Mimi m’avait plutôt cantonnée à des rôles légers, de filles sympathiques. J’ai trouvé ça formidable qu’on pense à moi. Dès la première lecture, Carole Moisan existait pour moi. C’était une évidence, comme si je la connaissais déjà. Je sentais que je pouvais aller très loin dans l’intensité. J’ai adoré la préparer: c’était un vrai travail d’actrice.
Tu as donc fait beaucoup de recherches pour incarner Carole?
C’est une partie le fun pour un acteur, c’est là que tout devient possible. J’ai exploré la psychose, la schizophrénie, visionné des documentaires et des films... J’ai trouvé en ligne des exemples d’hallucinations auditives vécues par des personnes schizophrènes et ça m’a beaucoup aidée. J’ai compris à quel point c’est violent d’entendre constamment des voix, de ne jamais être en paix. J’ai adoré l’audition. En fait, j’ai adoré chaque seconde de cette expérience.

Dirais-tu que ce personnage est arrivé à un bon moment dans ta carrière?
Tout à fait! J’avais envie de m’abandonner, d’assumer mon âge, mes rides, mon corps tel qu’il est, sans filtre. J’étais fière d’être rendue là, c’était comme un cadeau. J’étais aussi en forme physiquement, grâce à un rôle précédent, et je savais que celui-là serait exigeant. Tout s’alignait parfaitement. J’ai eu de très beaux rôles, mais je pense que Carole, c’est le plus beau de ma carrière.
Ton personnage est très intense. Tu devais être vidée après une scène...
On était en pleine canicule, on était trempés, même sans bouger. Mais même épuisée, j’avais hâte d’y retourner. Guillaume avait eu la bonne idée de garder les scènes où je hurle pour la fin de la journée. Dans cette fameuse scène où Carole arrive à l’hôpital dans une camionnette. On a commencé par les dialogues, puis à la fin, je faisais toutes ces scènes où je criais. À la fin de la journée, je n’avais plus de voix pantoute.
On t’a aussi beaucoup transformée pour ce rôle...
Au maquillage, on a accentué les rougeurs, la rosacée, la saleté, et ajouté de l’huile pour garder la peau luisante. Pour les cheveux, c’était plus complexe, car je tournais aussi Indéfendable. Ma coiffeuse me faisait une espèce de ceinture grisonnante, puis je me faisais décaper pour redevenir blonde. C’est moi qui ai proposé les cheveux ternes et gris. J’adorais ça. Ça faisait partie du trip d’y aller à fond.

Tu as changé de tête combien de fois?
Beaucoup trop! (rires) Une journée, je tournais dans Empathie, le lendemain, dans Indéfendable, puis je revenais à Empathie... Ça n’arrêtait pas. Ma coiffeuse a vraiment travaillé fort. J’ai changé de tête plusieurs fois en quelques jours.
Les gens ont beaucoup réagi devant cette transformation...
Oui, Guillaume m’a envoyé une photo du moniteur pendant une scène dans la camionnette, et j’étais vraiment contente. Je voyais que la transformation fonctionnait. Certains m’ont dit: «Mon Dieu, tu ne devais pas aimer ça, avoir les dents jaunes!» Au contraire, j’étais fière. Montrer une autre facette de mon jeu. Je ne pensais pas que ça aurait autant d’impact. Les gens me le disent: «On ne t’a jamais vue comme ça!»
Tu as regardé la série avec ton chum, avec ta fille Agathe?
Je l’ai regardé seule la première fois. J’en avais besoin. Mon chum l’a vu ensuite, et ma fille a juste regardé la scène dans la camionnette. Elle a 10 ans, c’est encore jeune. Mon personnage souffre beaucoup. Qu’elle me voie dans cet état, je ne suis pas prête à ça. Déjà, pendant le tournage, elle avait du mal à me voir avec les cheveux gris. C’était comme si j’avais vieilli d’un coup. J’ai eu ma fille à 39 ans, je suis déjà la maman la plus vieille de ses amies. Je ne veux pas en rajouter.
Tu as eu 50 ans le 30 avril dernier. Comment entrevois-tu cette nouvelle décennie?
Curieusement, c’est à 26 ans que j’ai ressenti un malaise. C’était comme s’il n'y avait plus aucune façon d'être une enfant, d'être insouciante. Je n'étais plus à l'école, c’était le marché du travail. Mais à 50 ans, je me sens vraiment bien. Je suis en forme, je cours. Me sentir plus en forme me donne l’impression d’être plus vivante qu’à 40 ans. Peut-être que ça aide à passer le cap.
Tu traverses une belle période...
Empathie, Indéfendable, Sortez-moi d’ici!... Il y a eu des périodes plus tranquilles dans ma vie professionnelle. Aujourd'hui, je ne m’inquiète plus autant. Je fais confiance et j’accepte ce qui vient.
À une époque, toi et ton conjoint rénoviez des maisons et vous déménagiez ensuite. Est-ce toujours le cas?
On a toujours choisi des maisons parce qu’on tombait amoureux de l’endroit et parce qu’on adore les rénos. À un moment donné, j’en ai eu assez de déménager. Chaque fois, je pensais que c’était la dernière maison, mais au bout de quatre ou cinq ans, on avait un autre coup de cœur. Là, ça fait trois ans qu’on est dans notre maison et il y a encore une autre maison qui nous appelle. Ma fille et moi, on adore les animaux. On a eu un cochon qui s’appelait Mimi, mais ça ne marchait pas, un cochon dans la maison. Nous en sommes donc venus à la conclusion qu’une petite fermette avec des animaux à l’extérieur serait idéale. On rêve d'y intégrer un poulailler ainsi que de petits enclos pour accueillir quelques animaux. Je me rends compte que cette passion pour les rénovations nous tient vraiment ensemble, mon chum et moi. Ça tient notre couple en santé.

Pour beaucoup de couples, les rénovations sont une source de conflits...
Nous, c’est le contraire. On a beaucoup d’idées, on s’envoie des propositions de matériaux, des inspirations de sites d’architecture. On s’excite là-dessus, et ça nous resserre vraiment. C’est une part de notre créativité commune qui s’éveille. On se stimule mutuellement.
Tu as célébré 20 ans de mariage avec ton chum. Avez-vous fêté cet anniversaire?
Je ne suis pas très «fête». Même pour mes 50 ans, je n’avais pas envie de fêter. Je suis du genre à oublier la date de notre anniversaire de mariage. On avait prévu aller en Italie pour célébrer, mais ça ne s’est pas encore fait. Sinon, j’ai vraiment envie de voyager avec ma fille! En plus de notre projet de fermette, je rêve de l'emmener en Asie pour faire de belles randonnées, découvrir des paysages et des gens complètement différents.
Tu es également une artiste peintre. Fais-tu toujours de la peinture?
Oui, je m’aménage toujours un peu de temps pour peindre chaque année. D’ailleurs, je viens mettre quelques nouvelles toiles sur mon site si vous voulez aller les voir. En plus de ça, j’écris avec ma grande amie depuis 25 ans, Marie-Ève Soulard La Ferrière, qui est aussi comédienne. On travaille sur une série. Un suspense psychologique. Je ne sais pas si ça va se concrétiser, mais on a déjà présenté nos idées. C’est vraiment ma nouvelle passion créative. Je traverse une très belle période de ma vie.