Les mathématiques et la technologie au service des longs cogneurs
Les données techniques sont scrutées à la loupe pour gagner de précieuses verges


François-David Rouleau
Pour frapper la balle à plus de 415 verges en compétition, il ne suffit pas d’avoir de gros bras. Depuis quelques années, les longs cogneurs ont recours à une panoplie d’outils technologiques afin de mieux comprendre leur élan et les résultats, qui dépendent des mathématiques et de la physique.
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En écoutant parler Gabriel Caron-Landry, on s’aperçoit très rapidement qu’il n’évoque jamais la distance atteinte par ses frappes. Il en répète les données techniques: la vitesse de la tête du bâton à l’impact (club head speed) et la vitesse de la balle à l’impact (ball speed).
La vitesse du bâton détermine la distance potentielle de la balle tandis que la vitesse de la balle est créée par la force de l’impact. Plus la vitesse de la tête du bâton sera rapide, plus l’impact sera explosif, et plus la balle ira loin.
Un petit mille à l’heure de plus permet de gagner jusqu’à trois verges additionnelles.

Ahurissants
Chez les longs cogneurs, la vitesse du bâton doit être supérieure à 150 mph (240 km/h) pour avoir une chance de gagner. La vitesse de la balle, elle, doit frôler 215 mph (345 km/h).
À cette équation s’ajoute la révolution de la balle. Cette donnée influence directement la hauteur et la distance d’un coup. Elle est l’ennemie des longs cogneurs. Ceux-ci doivent davantage approcher les 1800 révolutions par minute que les 2700 d’un pro sur le circuit de la PGA.
L’équation pour frapper plus loin est donc plus simple à calculer qu’à exécuter!
«On a en quelque sorte atteint la limite pour laquelle la balle est fabriquée. Elle ne peut accepter un impact supérieur à 215 mph. Au-delà de ça, le gain est marginal, explique Caron-Landry. C’est là que ça devient très intéressant.
«Car si la balle atteint une vitesse de 223 mph à l’impact comme [c'est le cas de] Kyle Berkshire (le triple champion du monde de “Long Drive”), tu vas frapper environ quatre verges plus loin, enchaîne-t-il. Le problème c’est la précision.»
En mettant le paquet, le long cogneur doit accepter de placer moins souvent l’une de ses précieuses balles en jeu sur la grille. S’il y arrive, le résultat peut dépasser les 420 verges, selon les conditions et les autres données techniques.
«C’est là qu’un gars comme Bryson DeChambeau peut être dangereux, car il frappe autour de 215 mph en étant plus précis. En compétition, on veut atteindre une vitesse de balle variant entre 215 et 220 mph», ajoute le Québécois, qui s’en approche.
Nouveaux records
Deux records du monde viennent d’ailleurs d’être battus par la jeune sensation Seb Twaddell. Dans son double élan arrière unique, l’Australien de 6 pi 7 po âgé de 22 ans a repoussé les limites en libérant toute sa puissance.
En avril dernier, la vitesse de la tête de son bâton a atteint 169,6 mph (273 km/h) alors que celle de la balle a franchi 240,8 mph (388 km/h).
À titre de comparaison, les moyennes des pros sur le circuit de la PGA avoisinent les 113 (181,8 km/h) et 168 mph (270 km/h), respectivement, selon les données de Trackman, un radar technologique spécialisé au golf.
À l’aide de ces outils technologiques, les longs cogneurs vont continuer de repousser les limites de leurs outils et du corps humain.