Un golfeur québécois de retour parmi les plus longs cogneurs au monde
Gabriel Caron-Landry participera pour la septième fois au Championnat du monde de «Long Drive»


François-David Rouleau
Le bonheur de frapper purement la pauvre petite balle blanche à plus de 400 verges en déliant toute sa force et sa vitesse. C’est ce qui anime le colosse Gabriel Caron-Landry quand il s’élance au golf. Le Québécois fait un grand retour parmi l’élite mondiale des cogneurs de «Long Drive».
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«La première fois que j’ai dépassé les 400 verges, j’étais encore jeune. J’avais dit à mon père que je pouvais mourir! s’exclame en ricanant le gaillard de 333 livres maintenant âgé de 30 ans en entrevue avec Le Journal.
«Il m’avait alors aussitôt répondu: "Là ça suffit ton niaisage. Vise plus loin."»
Eh bien, fiston a suivi les conseils de papa. Car une dizaine d’années plus tard, il fait un grand retour parmi l’élite mondiale des cogneurs de «Long Drive».

Un vrai show
Cette discipline aussi spectaculaire que nichée du golf rassemble des sosies de King Kong bûchant littéralement sur une petite balle blanche en la catapultant à plus de 400 verges. Leur terrain de jeu gazonné mesure jusqu’à 60 verges de large.
Les Canadiens Jason Zuback et Jamie Sadlowski y ont régné, respectivement dans les années 1990 et au tournant des années 2010.


Ce concours a scotché des millions de téléspectateurs à leur sofa depuis plus de 30 ans, amusés par le spectacle et ébahis par la puissance. On y observe un surplus de testostérone et y entend les rugissements dans un décor désertique où défilent Road Runner et Wile E. Coyote dans les Looney Tunes.
La force brute des grands gaillards est mise en évidence.
«C’est le syndrome du gars qui veut pisser le plus loin. Il ne faut pas avoir peur de le dire, lâche Caron-Landry à propos de l’univers qui le passionne. Quand je m’installe pour frapper, je veux dépasser mon adversaire. Ce sont tous des gars avec de très gros ego. On ne se rend pas dans un sport aussi spécifique sans en avoir l’intérêt et le désir de battre son rival avec sa puissance.»
7e fois
Après une absence de trois ans, le Québécois participera au Championnat du monde qui sera disputé à Atlanta, en octobre. Il s’agira d’une septième présence pour le double champion canadien et maintes fois champion québécois. Il a réussi à s’y qualifier lors d’une étape du circuit à Mesquite, au Nevada, ce printemps. Il cherchera à améliorer sa meilleure performance, une 40e place.

Pour mesurer l’ampleur de l’exploit, il faut comprendre qu’ils sont plus de 200 000 longs cogneurs à tenter une qualification au Championnat mondial. Le concours rassemble les 100 meilleurs.
Et pour s’y rendre, il faut savoir jouer de puissance, d’audace, de contrôle et de chance. Il faut placer en jeu l’une des six balles et l’approcher des 400 verges.
En compétition, Caron-Landry a enregistré son meilleur coup en frappant sa balle à 426 verges. Pour le plaisir à l’entraînement, il l’a catapultée à 442 verges, sa distance record.
Avant la pandémie, le Québécois vivant maintenant avec sa famille à Joliette figurait au 49e rang mondial. La crise de la COVID-19 a fait dérailler son sport en le poussant au bord du précipice.
Nouvelle mission
Mais il est toujours resté amoureux de sa discipline, si bien qu’il a décidé de s’y remettre sérieusement ce printemps afin d’améliorer ses performances en gagnant de la vitesse. Son nouveau programme d’entraînement lui permettra d’exécuter un élan plus vite afin de faire des gains substantiels en distance.
«Je mets tous mes efforts pour aller chercher cette petite différence dans la vitesse d’élan. La discipline n’est plus la même. Les gars proviennent de plusieurs sports professionnels, raconte-t-il.
«Je dois jouer le jeu comme un athlète qui s’entraîne pour son sport et non comme un gars qui le prend comme un loisir.»
Pour atteindre la plus haute sphère de son sport, Caron-Landry n’a pas mis de temps. Disant avoir «manqué de talent» plus jeune sur les allées, il s’était dirigé vers les concours de longues distances grâce à l’appui d’un pro, Billy Houle, et de plusieurs connaissances.
Il a fait son chemin en se démarquant sur les scènes provinciales et nationales en gagnant aussi des concours au sud de la frontière. Il a rapidement observé qu’il n’était pas le seul à pouvoir cogner avec autant de puissance.
«Il faut vouloir frapper vite et avec force. Je me dis toujours que ma moins bonne frappe doit être meilleure que la meilleure de mon adversaire. Il ne suffit pas de frapper loin une fois. Il faut le faire avec constance. C’est ce qui distingue un long cogneur d’un long cogneur professionnel», explique celui qui s’adonne à sa passion depuis près de 15 ans.
En vivre
S’il le voulait, il pourrait s’exiler aux États-Unis en faisant déménager sa famille afin de vivre de son sport. Sans hésiter, il dit qu’il gagnerait bien sa vie en allant toucher plus de 300 000$ par année grâce à un calendrier chargé de démonstrations payantes aux quatre coins du pays. Ce n’est toutefois pas son souhait.
«La différence de salaire ne serait pas assez grande pour faire le saut, dit celui qui opère dans le milieu des ventes d’une entreprise informatique de Lanaudière. C’est la multiplication des présences lors des événements qui est payante et non la compétition. Jamie Sadlowski empochait plus de 1M$ par année en se présentant dans les événements. C’était une machine du divertissement.»
Le sympathique grand gaillard fait des présences ici et là dans les événements golfiques de la Belle Province. Il ne cherche pas les projecteurs. Mais ceux-ci seront bien braqués sur les 100 meilleurs au monde en octobre. Pas question pour le Québécois de jouer les figurants, car il vise le top 20.
Le Championnat mondial de «Long Drive» en bref
Compétition annuelle fondée en 1974
Champion en titre: l’Allemand Martin Borgmeier (426 verges)
Finaliste 2022: Bryson DeChambeau (406 verges)
Champion ayant frappé le plus loin en finale: Justin James – 435 verges (2017)
Champion ayant frappé le moins loin en finale: Scott DeCandia – 295 verges (1980)
Premier à franchir 400 verges en finale: Jason Zuback – 412 verges (1997)
Canadiens ayant remporté le titre: Jason Zuback (1996 – 1997 – 1998 – 1999 – 2006) / Jamie Sadlowski (2008 – 2009)
Nombre de titres gagnés avec une claque de plus de 400 verges depuis 2010: 8