Les livraisons de bouffe plus chères
Les restaurateurs doivent composer avec une forte hausse des prix des emballages


Julien McEvoy
Une hausse de 25 % sur un an du prix des emballages pour la livraison et les commandes à emporter force les restaurateurs à refiler une partie de la facture aux clients.
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Le prix payé au restaurant a augmenté de 3,1 % en 2021, selon les données de Statistique Canada. Et il devrait faire un autre bond de 6 à 8 % en 2022, indique le Rapport canadien sur les prix alimentaires.
Oui, il y a bien sûr la flambée du prix de la nourriture, mais un autre coupable est identifiable : les emballages.
« Je n’ai jamais vu autant de restaurateurs magasiner et faire autant de soumissions », raconte Guillaume Maillé, propriétaire de Distribution MA.
Son entreprise vend de l’huile, des limes, mais aussi toute une gamme de produits, dont les emballages, aux bars et restaurants de toutes tailles.
Son paquet de 450 boîtes de papier kraft ciré de 25 onces se vendait 61 $, il y a 12 mois. Il vaut maintenant 107 $. Certains restos peuvent facilement en utiliser trois paquets par semaine.
Même chose pour les sacs qui servent à transporter la commande. La boîte de 200 sacs de taille standard est passée de 75 $ à 105 $ en un an.
« C’est devenu plus difficile d’en trouver. Mais même si on les fait venir d’Asie et que le conteneur coûte six fois plus cher qu’avant, c’est encore plus rentable que ceux fabriqués ici », lance le distributeur en guise de pointe décochée aux fabricants nord-américains.
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Inégaux devant la hausse
La hausse des emballages touche autant les chaînes que les restos de quartier.
« On paye 20 % à 25 % plus cher depuis un an, et il y aura d’autres hausses cette année », indique Nicolas Filiatrault, vice-président finances et administration chez Benny & Co.
Les achats des 71 rôtisseries du groupe sont centralisés, ce qui lui confère un certain volume. Mais la chaîne n’échappe pas à la hausse du prix des articles dont elle a le plus besoin : boîtes, assiettes, récipients pour sauce, etc.
« On absorbe une partie du 25 à 30 cents que ça nous coûte de plus par repas, mais c’est certain que c’est plus que ça pour le resto du coin », avance M. Filiatrault.
Il n’a pas tort. Douglas Tan est à la tête de La Bêtise, qui compte trois succursales dans la région de Montréal. Ce typique resto de quartier ne faisait pratiquement aucune commande à emporter avant la pandémie.
« C’est plus rentable sans take-out », dit tout de suite le copropriétaire. Offrir ses tartares, ses poutines, ses macaronis au fromage ou ses bouchées de crabe à emporter, « c’est extrêmement cher ».
« Juste le sac, c’est 10-15 cents, plus environ 20 cents par contenant. Ça peut facilement monter à 2 $ par commande », calcule-t-il.
Il a déjà augmenté ses prix en mai dernier, et il tiendra assurément compte du prix des contenants la prochaine fois.