Le rêve d'acheter une maison s'effondre pour les jeunes Québécois
Le montant pour la mise de fonds grimpe aussi vite que les prix de l’immobilier
Hélène Schaff
Le rêve d’être propriétaire plutôt que locataire s’évanouit pour les jeunes Québécois. Les 25-29 ans ne sont plus que 34,3 % à être propriétaires en 2021. Ils étaient 38,5 % en 2011, selon les dernières données de Statistique Canada.
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«Chaque jour, le rêve de la maison s’éloigne», se désole Nacer Bouhireb, un père d’une famille typique de cette génération de locataires.

Pourtant, ce père de deux enfants a un salaire intéressant, tout comme sa conjointe infirmière. Et ils ne cherchent rien de haut de gamme, simplement une maison unifamiliale.
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La croissance effrénée des prix de l’immobilier dans la dernière décennie a rendu l’acquisition d’une propriété bien plus difficile pour de nombreux Québécois. Et ce sont les premiers acheteurs qui sont à la peine, autrement dit les plus jeunes.
«Quand le prix des logements augmente beaucoup, les premiers acheteurs voient le pas à faire pour devenir propriétaire de plus en plus grand», explique Jean-Philippe Meloche, professeur à l’Université de Montréal.
Selon lui, les ménages déjà propriétaires sont peu touchés par l’augmentation des prix de l’immobilier. Même s’ils souhaitent déménager et achètent à un prix plus élevé, ils possèdent déjà un avoir qui a lui-même pris de la valeur.
Les premiers acheteurs, eux, n’ont pas d’investissement sécurisé et voient les 5 à 10 % de mise de fonds nécessaires augmenter au rythme des hausses de prix de l’immobilier.
«Le nombre de mois nécessaire pour accumuler l’épargne pour une mise de fonds est passé de 40 à 69 mois», illustre Matthieu Arseneau, économiste en chef adjoint chez Banque Nationale.

Plus des jeunes lorsqu’ils héritent
En plus, les Québécois vivent de plus en plus vieux et les jeunes héritent de plus en plus tard de leurs parents, renchérit Charles-Olivier Amédée-Maresme, professeur à l’Université Laval.
Le fait que la jeune génération québécoise soit de moins en moins propriétaire n’est pas une nouvelle positive, selon monsieur Amédée-Maresme. Elle y perd en patrimoine.
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Un moyen d’épargner en moins
«Même si l’immobilier n’est pas toujours l’investissement le plus rentable, il est certainement une des meilleures façons pour une famille de se faire une épargne», estime le professeur de finance.
Une fois l’hypothèque contractée, les ménages remboursent chaque mois une partie du capital emprunté. Dans ce sens, l’hypothèque «force» à épargner. Ce n’est pas le cas de la location, vers laquelle se tournent de plus en plus de jeunes Québécois, souvent par dépit.
En cela, la nouvelle génération se sent parfois désavantagée.

«Nos parents à notre âge avaient déjà payé leur maison au complet», lance Marie-Alix Pouteaux. La jeune femme a abandonné le rêve d’une maison faute de pouvoir amasser assez d’argent. Pour rentrer dans son budget, son partenaire et elle ont opté pour un condo en demi-sous-sol à Saint-Hubert.
– En collaboration avec Francis Halin