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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Les hommes de ma mère»: Léane Labrèche-Dor et Anik Jean jouent en justesse et en sensibilité

Léane Labrèche-Dor dans le film «Les hommes de ma mère»
Léane Labrèche-Dor dans le film «Les hommes de ma mère» Photo fournie par Immina Films
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Isabelle Hontebeyrie

2023-08-03T04:05:00Z
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Pour son premier long métrage, Anik Jean a choisi le deuil comme sujet sans pour autant tomber dans le sombre, préférant se concentrer sur le lumineux. 

• À lire aussi: Léane Labrèche-Dor, bien plus que la fille de son père Marc Labrèche

La mort d’un parent est l’un des événements les plus bouleversants de la vie d’un adulte. Comment débuter son deuil, comment parvenir à composer avec un tel vide? C’est le cœur du scénario de Maryse Latendresse, mis en images par Anik Jean.

Après la mort de sa mère (Anne-Marie Cadieux), Elsie (Léane Labrèche-Dor, confondante de naturel et de spontanéité) doit aller prévenir ses cinq ex-maris et répandre ses cendres avec chacun d’entre eux (dans leur ordre d’apparition à l’écran: Colm Feore, Marc Messier, Benoît Gouin et Patrick Huard). Ce périple s’accompagne de souvenirs partagés, de moments d’émotion, Elsie se réappropriant peu à peu son passé.

Car le deuil d’un parent se traduit souvent par une espèce de perte d’identité, de repères. L’adulte, demi-orphelin, se met en quête de réponses sur la vie du parent, son legs, sa propre identité, retrouve les fantômes du passé et renoue avec eux (Gaby, le personnage de Jean-Simon Leduc, est l’illustration de ce cheminement intérieur).

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Cette compartimentation – chaque homme est traité séparément, filmé d’une manière différente malgré la répétition de photos prises par Elsie, comme un fil directeur – fait cheminer le personnage et permet au spectateur d’être attentif aux nuances, à ce que la protagoniste apprend sur elle, sur sa mère, et met en lumière la nécessité de relations humaines significatives et enrichissantes en période de deuil.

La musique, choisie avec soin par la cinéaste, bonifie bon nombre de scènes, les paroles des pièces – on salue notamment Nina Simone au début du long métrage – collant à merveille avec les scènes. Peut-être que certaines ficelles sont un peu grosses, peut-être que certains personnages secondaires auraient gagné à être un peu mieux explorés (celui joué par Isabel Richer, notamment) et que certaines des sous-intrigues auraient pu disparaître.

On pourrait aussi voir dans le titre Les hommes de ma mère une affirmation allant à l’encontre de la logique, comme si une femme avait besoin des hommes pour se définir. Il n’en est rien. C’est par l’amour – donné et reçu – que se mesure la vie, celle qui est finie et aussi – et surtout – celle qui reste à construire. Et c’est en cela que Les hommes de ma mère est un film lumineux, optimiste et qui réchauffe le cœur.

Note: 3,5 sur 5

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