«Les hommes de ma mère»: le film d'Anik Jean marqué par le deuil de ses parents

Isabelle Hontebeyrie
Faire le deuil de sa mère et revisiter son passé, voici les sujets choisis par Anik Jean pour la réalisation de son tout premier long métrage émouvant. Les hommes de ma mère est le résultat d’un long processus au cours duquel la cinéaste a vécu la mort de son père.
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Elsie (Léane Labrèche-Dor) vient de perdre sa mère (Anne-Marie Cadieux). Celle-ci lui a demandé de contacter à nouveau ses anciens maris afin de disperser ses cendres avec eux. Ainsi, Elsie remontera le cours du temps en allant voir Neil (Colm Feore), J.-A (Marc Messier), Yves (Benoît Gouin) et Paul (Patrick Huard)... et retrouvera Gaby (Jean-Simon Leduc), fils de l’un des ex décédé.
Un deuil personnel
Anik Jean a découvert le scénario de Les hommes de ma mère, œuvre de Maryse Latendresse, par l’entremise de son agent. «J’ai pleuré à la première lecture, je voyais déjà les acteurs», a détaillé la cinéaste lors d’une rencontre à l’occasion de la présentation du long métrage aux médias.
Elle a immédiatement «entendu les voix» des personnages interprétés par Léane Labrèche-Dor, Colm Feore, Patrick Huard, Marc Messier, Isabel Richer... autant d’acteurs qui lui ont immédiatement dit «oui» lorsqu’elle leur a fait lire le scénario.
Anik Jean travaillait sur Les hommes de ma mère lorsque l’inimaginable s’est produit.
«Mon père est décédé deux ans après que j’ai accepté de faire le film. Ça a pris une autre tournure à ce moment-là et j’ai changé des choses parce que j’étais moi-même dans le deuil», a-t-elle dit.
«La mort de mon père a été fuckée. Ça a été un accident et j’ai essayé de le réanimer pendant 20 minutes. Quand Elsie divise les cendres de sa mère à la cuillère, je l’ai fait. J’ai cherché cette cuillère. Quand mon père est décédé, je suis allée voir tous ses amis, j’ai fait le pèlerinage qu’on voit dans le film. Ça m’a tellement fait du bien! La mort de mon père a été un choc, mais j’ai réussi, en faisant ce pèlerinage, à en sortir la beauté. C’est ce que j’ai essayé de faire avec Les hommes de ma mère, de montrer que sa mère lui avait tracé un chemin pour qu’Elsie se retrouve à la fin», a-t-elle confié avant d’ajouter: «Elsie va transformer quelque chose de sombre en quelque chose de lumineux.»
Interrogée sur les impacts de la mort d’un parent, Anik Jean a effectué un constat d’importance.
«Peut-être que c’est à la mort des parents qu’on devient adulte. Ce deuil a changé énormément de choses dans ma vie. Tout est devenu clair, j’ai su ce que je voulais, le genre de mère que je voulais être pour mon fils, ma maison en Gaspésie», a-t-elle conclu.
En musique
La trame sonore regorge de pièces choisies avec soin par Anik Jean. «J’ai mis cinq semaines à choisir les chansons et à composer», a-t-elle souligné. On entend ainsi du Nina Simone – «elle est venue très rapidement» –, du Nick Cave – «mon idole», a-t-elle mentionné –, Thom Yorke – «je trouvais tellement que la chanson fittait avec la vibe d’Elsie et de son père.
«Pour mes compositions, je voulais m’en tenir au piano, au violon, un peu de basse», a-t-elle indiqué. Anik Jean a écrit les compositions au moment du montage, devant les images de Les hommes de ma mère. «Je me suis amusée, le gâteau était fait et là, je faisais le glaçage.»
Et elle a demandé à Michel Rivard – qu’elle a comparé à John Lennon – de composer un morceau, devenu De nulle part à aujourd’hui, chanson que l’on entend au moment du générique de fin et qui s’est transformée en duo.
➤ Les hommes de ma mère prend l’affiche à travers le Québec dès le 4 août.