Les États-Unis n’ont pas besoin du pétrole canadien? «Ce n’est pas vrai»
TVA Nouvelles
Prenant la parole au forum de Davos, Donald Trump a affirmé jeudi que les États-Unis n’avaient pas besoin du bois d’œuvre et du pétrole canadiens.
• À lire aussi: Les États-Unis n’ont pas besoin des autos, du bois et du pétrole canadiens, dit Donald Trump
• À lire aussi: Trump veut «dominer le monde» économiquement: «C’est complètement surréel», s’inquiète Joëlle Boutin
• À lire aussi: Donald Trump signe de nouveaux décrets tout en répondant à des journalistes
Cette déclaration est à prendre avec un grain de sel, estiment les panélistes de La Joute.
«Ce n’est pas vrai, ça. Les raffineries américaines, dans le Sud aux États-Unis, à Houston dans le sud du Texas, ont été construites pour raffiner le pétrole canadien. Le pétrole canadien qui vient de l’Alberta, c’est du pétrole lourd que les Américains n’ont pas, qu’ils doivent raffiner eux-mêmes et [qu’]ils revendent sur les marchés. D’ailleurs, on ne [le] leur vend pas cher. Et donc, ça, pour eux, c’est une réserve stratégique importante.», a déclaré l’ex-directeur du budget du ministre des Finances, Robert Asselin.
«Demain matin, on couperait l’approvisionnement, puis l’essence à la pompe pour les Américains monterait radicalement. Donc, c’est là où il faut voir la joute, un peu qui essaie de jouer de négociations, puis la réalité économique», a-t-il ajouté.
Celui-ci a également tourné en dérision les prétentions du président américain qui a affirmé qu’il allait demander une baisse des taux d’intérêt.
«Ça, c’est le jeu de l’offre et [de] la demande, la politique monétaire, des gens qui achètent, des gens qui vendent [...] La politique monétaire s’autorégule avec ce que la réserve fédérale fait, où elle met les taux d’intérêt. Et lui, il n’a rien à voir là-dedans», explique Robert Asselin.
Ce type de déclaration vise à «mélanger» et à «faire la manchette», estime le jouteur.

L’ancien directeur du budget du ministre des Finances rappelle qu’il existe des contrepoids et des marchés financiers complexes qui font en sorte que Donald Trump ne peut pas faire tout ce qu’il veut.
«S’il met des tarifs partout, l’économie va être en déroute, évidemment. Les Américains vont souffrir», soutient Robert Asselin.
Ce dernier croit qu’il faudra apprendre à distinguer la véritable direction que souhaite prendre le président américain de ses déclarations choc.
«Les tergiversations qu’il a tous les jours, c’est un peu de la politique spectacle. On [en] ajoute un peu, on augmente les enchères pour faire bouger l’autre côté au niveau de la négociation. Mais je pense que dans ces moments-là, il faut que le Canada reste calme», clame M. Asselin.
Son collègue Gaétan Barrette est d’ailleurs du même avis.
«Il faut comprendre la tactique. La tactique, c’est exactement ça, c’est que tu perds les pédales et que tu prennes de mauvaises décisions», indique le jouteur.
L’ancien ministre libéral croit d’ailleurs que le président américain devra inévitablement faire face aux conséquences de ses décisions sur le marché.
«Il se trouve que sur le marché, il n’y a pas un économiste qu’on a pu voir ou entendre à [ce jour] qui a dit que ce qu’il proposait était censé et dans le même ordre d’idée que ça n’allait pas entraîner de l’inflation. Alors, il bombe le torse physiquement et verbalement. Et c’est à nous de prendre une grande respiration et d’attendre et de nous préparer», mentionne Gaétan Barrette.
«Je suis convaincu qu’à un moment donné, il va frapper le mur de la réalité du marché. Et [...] ce mur-là, il va le frapper. C’est dommage parce que ça fait perdre de la crédibilité aux États-Unis, et tous les autres autour dans le monde regardent ça. Alors moi, j’ai bien hâte de voir quelle va être la suite, mais je ne suis pas convaincu que Donald Trump s’aide actuellement», ajoute-t-il.
Même si Donald Trump donne l’impression qu’il dirige le monde entier actuellement, dans les faits, «il contrôle l’espace public dans une dynamique de politique spectacle», soutient le jouteur.