Les «chasseurs de pédophiles» de Gatineau arrêtés pour... distribution de pornographie juvénile

Nicolas Saillant
Six chasseurs de pédophiles de Gatineau qui traquaient des hommes sur les médias sociaux après s’être fait passer pour des adolescentes ont été arrêtés et devront faire face à 38 accusations, dont distribution de pornographie juvénile et harcèlement criminel.
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La police de Gatineau a annoncé l’arrestation de six individus, dont Joey et Jessy Chartrand, qui avaient fait parler d’eux au mois de janvier dernier avec leur compte Facebook et TikTok «Pédo buster». Ceux-ci avaient donné des entrevues dans les médias.
Les cinq hommes de 24 à 40 ans et la femme de 25 ans devraient être accusés de 38 chefs d’accusation, dont distribution de pornographie juvénile, harcèlement criminel, intimidation et séquestration. Ils devraient comparaître à Gatineau au cours de la journée.

La police de Gatineau a indiqué qu’elle enquêtait sur le phénomène depuis plusieurs semaines, notamment après avoir reçu une dizaine de plaintes de la part de citoyens inquiets. Des mandats de perquisition ont ainsi été exécutés au cours des dernières heures, menant à la saisie de matériel informatique, d’armes à feu mal entreposées et de drogue.
Selon le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG), Joey Chartrand, 25 ans, devrait être accusé de distribution de pornographie juvénile, harcèlement criminel, intimidation et séquestration. Les autres accusés sont Jessy Chartrand, 27 ans, Normand Philip Payant, 26 ans, André Chevalier-Robitaille, 40 ans, Liam Georges Dupont, 24 ans et Mélissa Breton, 25 ans.

Le modus operandi de Joey Chartrand et sa bande visait à se faire passer pour une adolescente de 14 ans sur les sites de rencontre dans le but de discuter avec des hommes qui souhaitaient avoir des relations sexuelles. Une fois un rendez-vous fixé, les «chasseurs de pédophiles» filmaient la rencontre où l’homme était piégé et diffusaient la scène sur les médias sociaux.
Pas une bonne idée
En janvier dernier, la police de Gatineau avait indiqué, en réaction à la médiatisation de ce phénomène, qu’elle «n’encourageait pas ce type d’initiative considérant les risques encourus par les personnes qui y participent».
«Ça peut être dangereux, on ne sait pas comment ces gens [qui se font filmer] vont réagir, mais ça peut se terminer en bagarre», avait déclaré à l’époque Andrée East, porte-parole du SPVG.
L’agente avait également indiqué que les actions de Joey Chartrand et de sa bande pouvaient mettre en péril des enquêtes policières en cours. «Si ces individus faisaient déjà l’objet d’une enquête, ça peut ruiner tout notre travail, parce qu’ils risquent de se débarrasser du matériel [illégal]. Ils ont l’impression qu’ils aident, mais pour nous, ils peuvent vraiment nuire», avait-elle rapporté.
Le corps policier a profité de l’occasion pour rappeler aux gens «qu’en aucun cas une personne ne peut se faire justice elle-même, même si elle est victime d’un crime, quel qu’il soit».
– Avec la collaboration de Maxime Deland