«Je n'ai pas le goût de voir des hommes tuer des femmes»: Juliette Gariépy et Laurie Babin, héroïnes convaincantes dans le film «Les chambres rouges»


Bruno Lapointe
Juliette Gariépy n’avait pas forcément envie de tenir la vedette d’un film où un meurtrier s’en prend à des adolescentes. «Des féminicides, on en a déjà trop vu dans l’actualité», souffle-t-elle. Mais l’approche – et le renom – du cinéaste Pascal Plante l’a convaincue d’incarner le personnage principal du thriller Les chambres rouges.
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«Autant comme comédienne que comme spectatrice, je n’ai pas le goût de voir des hommes tuer des femmes. Souvent, dans ces films, on se fout des victimes, on se fout de leurs proches. Alors, je n’ai absolument pas envie d’aller là», poursuit la comédienne, que Le Journal a rencontrée le mois dernier.
Mais Pascal Plante ne va pas «là» avec Les chambres rouges. Le cinéaste a beau articuler son intrigue autour d’un tueur ayant commis des crimes barbares, il n’en fait aucunement le point focal de son film.
Vidéo sordide
Car ce sont deux jeunes femmes qu’on y suit, toutes deux obsédées par le procès hyper médiatisé de cet homme, surnommé le démon de Rosemont. Celles-ci tenteront par tous les moyens de mettre la main sur la pièce à conviction manquante – capable de faire acquitter ou condamner le tueur – qui semble avoir échappé aux policiers.
«On commence le film alors que les meurtres ont déjà été commis. C’est tout le reste – la quête de vérité, les familles des victimes, etc. – qui nous intéresse. Bref, ce n’est pas un film à propos d’un tueur. Et ça, c’était important pour moi», souligne Juliette Gariépy.
Cette quête de vérité mènera nos deux héroïnes dans les recoins les plus sombres du web clandestin, cet espace virtuel où les tabous n’existent plus et où tout est offert (à un certain prix, bien sûr exorbitant).
Car la pièce manquante du puzzle est la vidéo sordide d’un des meurtres commis par le démon de Rosemont, que s’arrachent les internautes en quête de sensations fortes. Un concept qui donne froid dans le dos, avise la comédienne Laurie Babin.
«On est constamment bombardés d’images et d’informations [à un point où] on en devient désensibilisés. Certaines personnes ont besoin d’aller chercher des choses plus dangereuses, plus extrêmes afin d’être stimulées, et ça, c’est une réalité assez épeurante», avance-t-elle.
La comédienne demeure donc consciente que le sujet du film Les chambres rouges est «super sensible», se frôlant à des thématiques épineuses et confrontantes.
Accueil chaleureux
Si Laurie Babin se demandait si leur proposition allait être bien reçue du public, la réponse lui est venue lors de la première mondiale du film, tenue en République tchèque le mois dernier.
Après la projection, le long métrage a été chaudement applaudi, s’attirant des critiques unanimement positives dans les médias locaux et internationaux. L’accueil a été tout aussi enthousiaste lors de la récente première nord-américaine, au festival Fantasia de Montréal. «L’ambiance était incroyable! Je ne savais pas comment il allait être reçu parce que je sais que ce n’est pas un film pour tout le monde. Mais disons que ça m’a donné confiance pour la suite», confie-t-elle.
Les chambres rouges est présentement à l’affiche.