Les Alouettes reviennent au nid


Réjean Tremblay
Je suis mauditement fier et content. Les Alouettes reviennent au nid. Ils vont redevenir une équipe québécoise, de propriété québécoise et pour la première fois depuis Léo Dandurand, l’équipe aura un propriétaire francophone.
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Les plus jeunes n’ont connu qu’une version édulcorée des Alouettes. Mais nous sommes encore plusieurs à avoir collectionné les photos de Maurice Richard... et de Sam Etcheverry. Le « Rifle » était le grand quart-arrière des Alouettes et portait le numéro 92. Avec Red O’Quinn, Hal Patterson et Pat Abbruzzi, ils terrifiaient les défenses du Big Four, le nom à l’époque de la division Est de la Ligue canadienne.
Quand la vie m’a permis d’interviewer Etcheverry, j’étais aussi ému que lors de ma première entrevue avec Rocket Richard.
Et hier matin, quand j’ai joint Pierre Karl Péladeau alors qu’il se rendait à sa conférence de presse, j’étais plus excité que consciencieux. On me le pardonnera, ça arrive deux fois par année. L’autre, c’est quand je demande Lady Ju en mariage.
J’ai aimé Sam Etcheverry, j’ai couvert Sonny Wade et Joe Barnes avec Junior Ah You dans un stade olympique bondé de 67 000 partisans. J’ai été détenteur de billets de saison aux Alouettes avec Tracy Ham, Anthony Calvillo, Mike Pringle et Ben Cahoon. Pendant ces dix premières saisons du nouveau siècle (2000 à 2010), les Alouettes ont disputé plus de 100 matchs à guichets fermés au stade Molson. C’était le meilleur party en ville et il y a des parades de la coupe Grey qui ont attiré plus d’un quart de million de fans dans les rues du centre-ville.
C’est pas Greta Thunberg, mais c’est gros quand même.
Puis, ça s’est encore dégradé et Pierre Karl Péladeau est apparu hier comme le sauveur de la troisième vie des Alouettes.
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Annie Larouche, vice-présidente des opérations de l’équipe de basketball Alliance de Montréal et ex-responsable de l’équipe de meneuse de claque pour les Alouettes de Montréal durant 25 ans sur QUB radio :
A GREAT DAY FOR CANADA
Pierre Karl Péladeau l’a bien dit en conférence de presse. Il est un fier Montréalais et un fier Québécois. Et ce fier Québécois sait faire de bonnes affaires avec le Canada.
Hier, il se rendait à un point de presse avec le commissaire de la Canadian Football League, Randy Ambrosie. En achetant les Alouettes, il redonne l’équipe et le football professionnel aux Québécois. Mais son arrivée comme propriétaire fait le bonheur des autres propriétaires de la ligue. Ils vont pouvoir faire leur train-train quotidien sans s’encombrer de ces émotifs partenaires de l’autre Canada.
Il y a plus de 20 ans, Pierre Karl Péladeau avait vécu un jour un peu similaire. Il achetait la chaîne des journaux Sun à travers tout le Canada. Des quotidiens, souvent le plus gros tirage, dans des villes comme Toronto, Calgary, Edmonton, Ottawa. Avez-vous une idée du choc cataleptique des Canadians ?
Il se rendait à l’édifice du Toronto Sun pour, disons, la présentation officielle.
« J’étais accompagné par le grand patron de nos imprimeries Charlie Cavell, un anglophone. Charlie s’était bien préparé et avait écrit un beau et long discours. Quand on est arrivé, l’atrium à l’entrée était bondé. Tout le monde nous attendait. Charlie a sorti son discours et tapoté sa poche de veston. Il avait oublié ses lunettes de lecture. Pas capable de lire. Fallait réagir. J’ai regardé le monde et j’ai lâché en levant le bras : “It’s a great day for Canada !” » de raconter M. Péladeau.
Pas obligé de crier « Great day » aujourd’hui pour savoir que M. Péladeau se trouve à tendre la main aux autres régions du pays. C’est parfait, Québecor est en train de compléter l’acquisition de Freedom Mobile. Et une organisation florissante à Montréal a toujours bien servi la Ligue canadienne. D’ailleurs, l’homme d’affaires Mitch Garber qu’on ne peut qualifier de grand admirateur de « PKP » a été limpide hier quand je l’ai appelé.
« Je suis heureux comme Montréalais, comme Québécois et comme Canadien. Les Alouettes vont pouvoir survivre et c’est ce qu’on pouvait souhaiter », a-t-il indiqué.
LIBRE DE DÉPENSER SON ARGENT
Pierre Karl Péladeau aurait pu acheter l’équipe avec Québecor.
« Mais Québecor est une compagnie publique. Nous sommes en quelque sorte les fiduciaires de l’argent du public. Et les Alouettes perdent de l’argent. En achetant l’équipe personnellement, c’est de mon argent dont on parle. Et j’ai le droit de faire ce que je veux sans rendre de compte à une assemblée des actionnaires ou à des analystes à chaque trimestre. Et puis, j’ai une fierté personnelle à m’impliquer dans cette équipe », de raconter le nouveau boss.
Quelques mots pour noter que RDS n’a pas consacré une minute en direct à cette conférence de presse d’une de leurs propriétés. En vérifiant, on tombait sur Martin Lemay.
Quant au futur président, on peut penser à Pierre Vercheval, à Louis-Philippe Neveu ou Mathieu Proulx. Et évidemment, Éric Lapointe.