Lendemain de tempête: des dizaines de Montréalais aux prises avec des inondations
Entre les bris d'aqueduc et les refoulements, ils sont des dizaines à avoir eu les pieds dans l'eau et des milliers de dollars de perte

Clara Loiseau
La violente tempête a fait passer des heures cauchemardesques à des Montréalais qui ont vu le niveau d’eau monter chez eux alors que les infrastructures du réseau d’égouts n’étaient pas en mesure de gérer de telles précipitations.
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«Chaque fois qu’il pleut beaucoup, c’est l’angoisse. C’est la troisième fois qu’on se fait inonder et qu’on a des refoulements en moins d’un mois», résume David Cardon, qui vit sur la rue Parthenais dans l’arrondissement Ville-Marie, à Montréal.

Dans son immeuble, la vingtaine de résidents vivant au rez-de-jardin sont presque constamment inondés lorsqu’il pleut beaucoup, explique Frédéric Rosin.
Alors hier, lorsque près de 88 millimètres de pluie ont touché la ville qui faisait face à des alertes de tornade et d’orages violents en même temps, tous savaient que l’histoire se répéterait.
«En moins de 20 minutes, on a commencé à avoir des refoulements», raconte-t-il.

Depuis plusieurs mois, les résidents se battent pour que l’arrondissement s’occupe de l’infrastructure qui est loin de fournir et qui provoque de nombreuses inondations.
«Mais tout le monde se renvoie la balle et c’est nous qui payons», explique Steve Doyle, un autre résident.
- Écoutez l’entrevue de Mathieu Bordage, chasseur d’orages au micro de Jean-François Baril via QUB radio :
Réveillés en pleine nuit
Dans la ville de Montréal-Ouest, c’est en pleine nuit qu’un aqueduc a brisé, provoquant une inondation majeure.
«On s’est fait réveiller par la police à 1h du matin pour nous dire que l’eau s’accumulait dans la rue. En quelques heures, on s’est retrouvé avec quatre pieds d’eau dans notre sous-sol, je paniquais», raconte Marc Descheneaux, qui n’a pas pu fermer l’œil de la nuit.

Devant chez lui, la rue Brock était recouverte d’une épaisse couche de boue lors du passage du Journal, hier matin. Autour, de nombreux voisins tentaient eux aussi de sauver ce qu’ils pouvaient et de commencer le grand nettoyage.

«On nettoie depuis déjà 5h ou 6h et il nous reste des heures de nettoyage pour remettre le garage sur pied», explique Jason Kennedy, qui vidait l’eau et la boue avec la poubelle de l’immeuble.
Selon les informations qu’ils ont obtenues, c’est un bris d’aqueduc qui a provoqué l’importante inondation.

«Montréal-Ouest semblait dire que c’était à Montréal, et Montréal disait que ce n’était pas à eux. Mais en attendant, l’eau ne faisait que monter chez nous, déplore Daniela Lulic. Tout le monde se lançait la balle.»

Trop d’eau
Partout dans la métropole, de nombreux débordements ont alors été constatés, notamment en bordure de la rivière des Prairies, mais aussi du fleuve.
«Il n’y a pas une ville au monde qui a des infrastructures pour prendre toute cette eau-là», a soutenu le lendemain Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal.
Le système d’évacuation des eaux de pluie de la ville est conçu de la même façon qu’une baignoire, a-t-il illustré. «Quand il y a trop d’eau, le surplus est automatiquement renversé.»
Pour les résidents rencontrés par Le Journal, il est clair que la Ville va devoir accélérer sa mise à niveau des infrastructures alors que les changements climatiques leur font craindre le pire pour l’avenir.

Une tempête violente
Les orages auront fait tomber près de 88 mm de pluie à Montréal et environ 58 mm à Québec, selon les données d'Environnement Canada.
Hier, une seule tornade a touché le Québec à Mirabel, a confirmé Environnement Canada, même si deux autres menaçaient de se former.
«Des orages comme hier, ce n’est pas la première fois qu’on voit ça. La différence, c’est que dans un contexte de changement climatique, les extrêmes deviennent de plus en plus extrêmes, et il peut y en avoir plus fréquemment», lance d’entrée de jeu André Monette, météorologue chez Météomédia.
Au plus fort de la violente tempête, plus de 500 000 clients avaient perdu l'électricité. À l'heure d'écrire ces lignes, près de 78 000 n'avaient toujours pas retrouvé le courant, dont 10 760 à Montréal, 26 717 en Montérégie et 22 602 dans Lanaudière.
Huit cents travailleurs d'Hydro-Québec avaient été dépêchés sur les pannes pour rétablir au plus vite le courant.
M. Monette indique également qu’avec le phénomène El Niño qui est en train de se former, les phénomènes météorologiques intenses pourraient également être exacerbés plus tard cet automne et cet hiver, ainsi que l’an prochain.
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