L’élan patriotique de Pierre Poilievre contre Donald Trump
Le chef des conservateurs est en perte de vitesse dans les sondages


Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Pierre Poilievre a offert dans un discours très attendu samedi sa critique la plus frontale de l’Amérique de Donald Trump, dont l’arrivée à la Maison-Blanche a redonné vie aux libéraux et déstabilisé les conservateurs.
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Poilievre avait la lourde tâche de se présenter comme un chef des armées crédible dans une guerre commerciale contre les États-Unis. Un défi supplémentaire pour celui dont le parti attire de nombreux trumpistes.
L’électorat n’est pas d’humeur pour des demi-mesures, lui qui se cherche avant tout un premier ministre capable d’aller au front contre Trump. Un contexte politique qui relègue le Bloc Québécois et le NPD au rôle d’observateur et accentue la pression sur le chef conservateur, plus habitué aux habits de critique qu’à ceux de premier ministre.
Pierre Poilievre, en complet-cravate, est sorti de sa torpeur en prenant Trump de front et en saupoudrant son discours-fleuve d’un nationalisme canadien décomplexé.
Sursaut patriotique
Il a promis de « réagir avec force » aux tarifs « injustifiés » de Trump.
« On va payer le prix nécessaire pour protéger notre souveraineté et notre indépendance », a-t-il lancé, reprenant à son compte le message envoyé par Stephen Harper récemment.
L’arrivée de Trump représente un énorme défi pour Pierre Poilievre. Comment pivoter du Canada « brisé » vers le Canada « d’abord » afin de répondre au vent de patriotisme qui souffle sur le pays ?
Après tout, Poilievre est celui qui a offert des beignes et du café durant le convoi à ceux qui brandissaient l’unifolié à l’envers. Un drapeau devenu symbole d’unité face au géant américain.
Pour y répondre, il promet d’investir dans des programmes d’immersion de langue seconde, de remettre Terry Fox dans le passeport canadien, d’imposer le serment de citoyenneté en personne et de bâtir plus de monuments de figures comme John A. Macdonald.
Électrochoc
Les récents sondages ont de quoi ébranler les conservateurs. Les libéraux rebondissent de manière spectaculaire et l’ex-gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney est perçu comme le mieux placé pour affronter Trump.
Pierre Poilievre a voulu remettre les pendules à l’heure, sans mentionner une seule fois le nom de Chrystia Freeland. Il a rappelé que, depuis des semaines, Carney rejetait l’héritage Trudeau et lui volait ses idées.
« Nous avions raison sur la taxe carbone, les pipelines, les frontières, l’immigration, la culture de l’annulation », a-t-il affirmé.
« Les libéraux ont d’abord dit que je n’avais pas d’idées, ensuite que mes idées faisaient peur, et maintenant ils prétendent de façon malhonnête être d’accord avec elles juste avant des élections », a-t-il affirmé.
Pourquoi voter libéral quand on peut appuyer les conservateurs, ceux qui inspirent le recentrage de Carney face à Trump ? Bref, choisir l’original plutôt que la pâle copie.
Le raisonnement est logique et l’argument, bien envoyé.
Saura-t-il convaincre ?