La Coupe du monde au Qatar marquée par les controverses

Dave Lévesque
DOHA, Qatar | La Coupe du monde au Qatar est maintenant terminée. Quel bilan peut-on tracer d’un événement né dans la controverse douze ans plus tôt ?
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Parce que c’est un fait, le tournoi a été précédé par des années de critiques et de controverses et celles-ci se sont poursuivies même une fois que les joueurs ont commencé à taper dans les ballons.
On ne peut pas ignorer la manière dont ce projet est sorti de terre en commençant par les allégations de pots-de-vin qui auraient permis l’obtention du tournoi par le petit émirat d’à peine trois millions d’habitants.
Et ce n’est que le premier jalon dans une longue lignée de controverses qui ont meublé la douzaine d’années menant au tournoi depuis l’annonce de son attribution au Qatar en 2010.
Droits de l’homme

Sur le plan sportif, le tournoi a été réussi, mais à quel prix ? Au prix de milliers de vies humaines puisque plus de 6500 travailleurs migrants auraient trouvé la mort au Qatar pendant que les chantiers pour les stades, le métro et les infrastructures se poursuivaient.
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Il est dès lors difficile de dissocier le sportif et l’humain dans ce contexte même si l’émirat a revu ses politiques sur les droits des travailleurs en cours de route. Malgré tout, il y a eu des morts pendant le tournoi. Un travailleur est mort d’une chute dans un site d’entraînement et un agent de sécurité a connu le même sort au stade de Lusail.
Dans la ville de Lusail, on avait érigé une murale en hommage aux travailleurs, mais celle-ci a étrangement disparu avant le début du tournoi. Pourquoi ?
Avant même son début, le tournoi était entaché et d’autres événements ont contribué à la controverse dans les jours précédant son début et au cours de la première semaine.
Budgate

Quelques jours avant le début du tournoi est survenu ce qu’on peut appeler le Budgate. Il avait été déterminé qu’aucune boisson alcoolisée ne serait vendue dans les stades.
C’était clair, su et connu et ça respectait les principes plus conservateurs du Qatar.
On avait déterminé qu’il y aurait des espaces en périphérie des stades où les partisans pourraient siffler une Budweiser ou deux avant et après les parties, Bud était le commanditaire officiel de l’événement.
Toutefois, à quelques jours du coup d’envoi, le comité suprême d’organisation a décidé que c’était non. Cela dit, il semble que les médias aient été dérangés plus que les partisans.
OneLove

Puis est arrivée la controverse du brassard OneLove que les capitaines de quelques équipes européennes devaient porter.
Il s’agit d’un brassard sur lequel on retrouve un cœur, un arc-en-ciel et les mots OneLove. Celui-ci a été adopté en soutien aux personnes de la communauté LGBTQ+.
Même si le Qatar s’était dit prêt à accueillir tout le monde et les différences, il a manifestement fait pression sur la FIFA pour que le brassard ne soit pas porté pendant les matchs.
La fédération a même menacé les capitaines récalcitrants de sanctions sportives, nommément des cartons jaunes, s’ils osaient défier l’interdit.
Le regretté journaliste américain Grant Wahl, qui est malheureusement décédé pendant le tournoi, a même été brièvement détenu pour s’être présenté à un match avec un t-shirt orné de l’arc-en-ciel.
Fans et villages

Puis il y a eu cette rumeur de partisans venus d’Asie du Sud-est et payés pour être des « fans » en échange d’un logement, de billets et de nourriture.
Pour avoir croisé un très grand nombre de ces jeunes, tous des hommes, dans le métro et dans les divers stades, on a tendance à penser que la rumeur était vraie, surtout quand on s’adresse à un partisan du Canada qui ne parle ni anglais ni français, ou à un partisan de l’Angleterre qui ne comprend pas un mot d’anglais. Mais il paraît que l’Inde a été l’un des pays les plus présents parmi les visiteurs alors on va maintenant leur donner le bénéfice du doute.
À cela on ajoute les fameux villages pour les fans, ces petites installations temporaires faites de tentes ou de conteneurs et qui ont connu des ratés dans les premières semaines.
On pourrait aussi parler du bilan environnemental que peut représenter la climatisation de huit stades en plein désert. Au moins, ces stades qui seront pour la plupart partiellement démolis seront utilisés à d’autres fins plutôt que de devenir des éléphants blancs.