Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Le sort de Dominique Laroche maintenant entre les mains de la juge

Les avocats des deux parties ont livré des plaidoiries présentant des théories de cause aux antipodes en conclusion du procès de l’ex-skieur vendredi

Photo d'archives Stevens LeBlanc
Partager
Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-03-07T21:30:34Z
Partager

Adolescente «corrompue» et transformée en «objet sexuel» ou récit manipulé pour «ne pas porter l’opprobre» d’une relation hors normes qui détruit une famille? Le tribunal devra trancher entre deux théories de cause aux antipodes dans le dossier de Dominique Laroche, dont le procès s’est conclu vendredi.

• À lire aussi: Procès de l’ex-skieur acrobatique Dominique Laroche: «Il me disait qu’il avait une sexualité différente un peu»

• À lire aussi: Du sexe «entre adultes consentants», jure Dominique Laroche à son procès

La juge Marie-Claude Gilbert aura la lourde tâche de démêler la preuve entendue de part et d’autre lors du procès qui s’est terminé avec les plaidoiries vendredi au palais de justice de Québec.

Il est admis que la plaignante et Dominique Laroche, de plus de 30 ans son aîné, ont eu des relations sexuelles ensemble.

Les questions en litige résident toutefois dans la période temporelle de ces contacts sexuels, ainsi que dans la nature de la relation qu’entretenaient l’ex-skieur acrobatique et la jeune femme, afin de déterminer si le consentement de cette dernière a pu être vicié.

Capture d'écran, vidéo déposée en preuve au tribunal
Capture d'écran, vidéo déposée en preuve au tribunal

Transformée en jouet sexuel

La théorie de cause de la poursuite place les premiers rapports sexuels alors que la présumée victime n’avait que 13 ans. La relation se serait développée au fil des ans, menant vers des pratiques sexuelles de plus en plus «hors normes».

Publicité

Les rencontres auraient perduré jusqu’à ce que la jeune femme ait 25 ans.

«Elle a été corrompue, cette enfant-là», a insisté Me Michel Bérubé. «Elle est tombée en amour avec lui et il en a fait son jouet sexuel.»

Photo PIERRE-PAUL BIRON
Photo PIERRE-PAUL BIRON

Pour le ministère public, les relations alors que la plaignante était mineure sont évidemment criminelles, mais celles survenues après sa majorité le sont tout autant en raison de l’emprise qu’aurait eue l’accusé sur la plaignante.

«Les faits établissent de façon on ne peut plus claire qu’elle était sous le joug de Laroche», estime le procureur de la Couronne, soulignant qu’elle avait pu mettre du temps à «prendre la pleine mesure de ce qui s’est passé».

Échappatoire

En défense, Me Charles Levasseur a rappelé que le premier domino tombé dans cette histoire est un appel à la DPJ de l’ex-conjoint de la plaignante, après qu’il eut appris la teneur de sa relation avec Laroche.

Pour l’avocat, comme la DPJ allait fouiller l’histoire et rencontrer son client ainsi que sa conjointe, l’histoire de la jeune femme a alors «évolué» en agression sexuelle, une échappatoire qui «sert bien madame».

«Ça allait se savoir. La seule façon de ne pas porter l’opprobre de ça, c’est de dénoncer comme elle l’a fait», soutient Me Levasseur, citant l’impact «particulièrement majeur» d’une telle relation dévoilée au grand jour alors que la jeune femme faisait partie de l’entourage des Laroche depuis plusieurs années.

Pierre-Paul Biron - Journal de Québec
Pierre-Paul Biron - Journal de Québec

«En 2020, elle dit: “J’étais en amour, j’ai eu des relations sexuelles avec lui, ce n’est pas grave.” Et un an plus tard, elle porte plainte pour agression sexuelle», a souligné l’avocat de la défense, soutenant plutôt que Laroche «ne l’a forcée à rien» et qu’il n’y a rien dans la preuve qui démontre un «consentement vicié».

Publicité
Contradictions

Les deux procureurs ont aussi, de part et d’autre, soulevé des contradictions qu’ils estimaient importantes dans les versions des deux principaux protagonistes de cette histoire. 

Si la Couronne soutient que le récit de Dominique Laroche est «une catastrophe» et est «parfois complètement invraisemblable», notamment quant au premier contact sexuel, une fellation non sollicitée initiée par la présumée victime à l’âge de 18 ans, Me Charles Levasseur mise sur le doute raisonnable.

«La poursuite ne s’est tout simplement pas déchargée de son fardeau. Est-ce que vous devriez croire Laroche, je ne sais pas, mais est-ce que sa version soulève un doute? À mon avis, oui», a conclu l’avocat de la défense.

Le dossier Dominique Laroche en bref

  • Arrêté à sa résidence de Lac-Beauport le 2 juin 2021
  • Accusé de six chefs d’agression sexuelle, de contacts et d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle
  • Les faits seraient survenus entre 2007 et 2020.
  • Selon la Couronne, la plaignante était âgée de 13 ans au début des contacts sexuels. Laroche plaide plutôt que la relation intime a débuté après la majorité de la jeune femme.
  • La juge Marie-Claude Gilbert a pris la cause en délibéré et rendra son verdict le 27 juin prochain.
Publicité
Publicité