Groupe Sélection: le roi des résidences privées pour aînés bientôt largué par ses partenaires d’affaires?
La direction financière de l’empire de Réal Bouclin est jugée très inefficace


Martin Jolicoeur
Le Groupe Sélection serait une entreprise à la structure complexe, plus que financièrement désorganisée, et contrôlée par un management refermé sur lui-même, duquel une majorité de partenaires chercherait aujourd’hui à s’éloigner.
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C’est, en quelque sorte, la façon dont le plus grand propriétaire de résidences privées pour aînés (RPA) au Québec a été dépeint hier par PriceWaterhouseCoopers (PwC), au troisième jour d’auditions dans le dossier de la restructuration de l’entreprise lavalloise.
On se rappellera que Groupe Sélection, aux prises avec de graves problèmes financiers, s’est placée lundi sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
- Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Raoul Charbonneau, président de l'Association des Comités de Résidents Officielle du Québec via QUB radio :
Des centaines de millions en jeu
Les avocats de l’entreprise et d’un regroupement de huit institutions financières (dont la Banque Nationale, BMO et Desjardins) s’opposent depuis lundi en Cour supérieure, sur le contrôle de l’entreprise et la façon dont sa restructuration devrait être menée.
Le manque à gagner des seules banques dans cette affaire dépasserait les 270 M$. Une situation qui ne serait pas étrangère, selon le leader du groupe Transaction de PwC, Christian Bourque, à «l’instabilité» et «l’inefficacité» notable de la direction financière de Groupe Sélection.
Des résidents à risque
«C’est incompréhensible, je dirais même inacceptable, a-t-il dit, qu’une organisation de la taille et de la complexité du Groupe sélection ne soit pas en mesure de générer une information financière fiable, tant historique que prévisionnelle.»
Cette entreprise, a-t-il poursuivi, profite de «un milliard de dollars de financement direct», de «270 M$ de financement de 2e rang», en plus de faire face à «118 M$ de comptes à payer»... Et pourtant.
«On va me dépeindre comme le méchant liquidateur. Mais la situation d’encaisse et de liquidité [de Sélection], c’est ça qui met les résidents à risque, au final. Si ces gens-là ne sont pas sûrs que la nourriture, l’électricité ou les assurances vont être payées... C’est un risque important dans l’opération de Sélection.»
Des partenaires échaudés
À plusieurs reprises au cours de son passage de près de trois heures devant le juge Michel Pinsonnault, l’associé responsable de l’équipe de restructuration de PwC au Québec a fait mention de la difficulté d’obtenir le moindre éclaircissement sur l’entreprise.
«Des affaires de base», a-t-il expliqué. Comme d’identifier «la portion de détention» du Groupe dans un projet. «On n’est pas capable de répondre. [...] C’est sidérant. Moi, personnellement, je n’ai jamais vu ça.»
Devant un tel déficit de tenue de livres, des frais de fonctionnement d’au-delà des 15 M$ par mois, des taux d’occupation inférieurs à leur seuil de rentabilité, son «incapacité» de réaliser le plan de monétisation proposé par les créanciers..., ce dernier a laissé entendre qu’il ne fallait pas se surprendre de voir de ses partenaires – «Revera, Montoni, le Fonds de solidarité FTQ,...» – chercher aujourd’hui à quitter le navire.
Les plaidoiries doivent reprendre ce matin, pour une 4e journée consécutive. Une décision du juge pourrait suivre ensuite d’ici vendredi ou lundi prochain, a-t-il suggéré.
GROUPE SÉLECTION EN BREF
- 48 résidences privées pour aînés (RPA).
- 7 tours de logements locatifs
- 15 projets en développement
- 4 000 unités d’habitation
- 5000 employés
- Actifs: 15 milliards $
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