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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Groupe Sélection à l'abri de ses créanciers: Réal Bouclin risque de perdre le contrôle de son empire immobilier

Réal Bouclin, ancien président et chef de la direction de Groupe Sélection, aujourd'hui démantelé.
Réal Bouclin, ancien président et chef de la direction de Groupe Sélection, aujourd'hui démantelé. Photo d'archives Agence QMI
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Martin Jolicoeur

2022-11-16T05:00:00Z
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Une part importante de l’avenir de Groupe Sélection, aux prises avec de graves difficultés financières, risque de se jouer aujourd’hui, au troisième jour d’audiences de ce dossier hors normes devant la Cour supérieure du Québec.

Lundi, le plus important propriétaire de résidences pour personnes âgées au Québec, dirigé par l’homme d’affaires Réal Bouclin, a obtenu du tribunal la permission de recourir à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), le temps de redresser sa situation financière.

Or, les derniers jours ont permis de réaliser à quel point les mauvaises relations qu’entretenait le magnat de l’immobilier avec ses prêteurs, tous créanciers garantis, risquaient aujourd’hui de contrecarrer les plans de l’homme d’affaires.

Des visions opposées

Ainsi, si nul ne s’oppose à l’idée que l’entreprise — au bord de la faillite — veuille restructurer ses activités, un regroupement d’institutions financières — représenté par la Banque Nationale du Canada (BNC) — s’oppose ferme à ce que l’entreprise restructure ses activités selon les termes suggérés par celle-ci.

« Comme c’est souvent le cas en pareille situation, se font face deux visions diamétralement opposées », a résumé une source bien au fait du dossier. Réal Bouclin suggère entre autres les services de FTI Consulting comme contrôleur et le financement intérimaire de l’homme d’affaires Herbert Black, qualifié récemment par La Presse de « magnat de la ferraille ».

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Train de vie princier

De l’autre côté, les procureurs du syndicat bancaire (qui, outre la BNC, regroupe Desjardins, la BMO, la Banque CIBC, la Banque TD, la Banque HSBC, Fiera et Briva Finance) exigent pour leur part que le contrôle de Groupe Sélection soit confié à PricewaterhouseCoopers. Ce dernier agirait à titre de mandataire des prêteurs et verrait, au moyen de ventes d’actifs de Groupe Sélection, au remboursement de dizaines de millions de dollars de créances risquant, craignent-ils, de ne jamais être récupérées. 

En appui à leur démarche, les banques font valoir qu’elles ont perdu confiance en Réal Bouclin — ex-conjoint de la femme d’affaires Caroline Néron —, à qui l’on reproche entre autres un train de vie princier, payé dit-on à même les liquidités de son entreprise. 

  • Écoutez Raoul Charbonneau, président de l'Association des Comités de Résidents Officielle du Québec à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :

Une entreprise, faut-il rappeler, qui a le plus bénéficié de l’aide (120 M$) du Programme d’action concertée (PACTE) mis sur pied par Québec pendant la pandémie.

Il n’en fallait pas plus pour que le sujet déborde de l’enceinte du palais de justice de Montréal. Sur Twitter, Gabriel Nadeau-Dubois, chef de Québec solidaire, y est allé du message suivant hier : « Pendant que les aînés du Québec s’appauvrissent, Réal Bouclin se promène en jet privé et gâte sa famille à coup de millions de dollars par mois. Quand est-ce qu’on va serrer la vis à ceux qui s’enrichissent sur le dos des aînés ? »

Les audiences, devant le juge Michel Pinsonnault, doivent reprendre ce matin. Les deux parties espèrent le prononcé d’une décision aujourd’hui, dès la fin des plaidoiries.

–Avec la collaboration de Michaël Nguyen, Ian Gemme et Marie-Christine Trottier, Bureau d’enquête

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