Une cérémonie touchante en l'honneur de Serge Fiori
Marjolaine Simard
La salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts s’est transformée en un lieu de recueillement et de partage le 15 juillet dernier, tandis que le Québec et les proches du chanteur se rassemblaient pour dire adieu à l’un de ses plus grands poètes musicaux, Serge Fiori.
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La voix d’un peuple
C’est dans une atmosphère remplie de souvenirs et de musique que la nation québécoise et ses amis ont offert un ultime hommage à l’auteur-compositeur-interprète de 73 ans, qui partageait sa vie paisible aux abords du lac Saint-Jean en compagnie de sa conjointe, Hélène Lévesque. Un homme qui, par sa voix et ses mots, a su capturer l’âme d’un peuple. Le premier ministre, François Legault, a ouvert le bal avec un hommage, avant de laisser place à Luc Picard qui, tel un conteur, nous a confié un moment précieux où Serge Fiori a chanté Un musicien parmi tant d’autres à son fils Henri.
Des adieux empreints d’amour et de musique
En hommage au fondateur du groupe mythique Harmonium, la salle a vite été envahie par la musique enivrante de ses musiciens, qui ont repris l’incontournable chanson Une histoire sans parole avec la voix envoûtante de la chanteuse Judi Richards, qui avait participé à la réalisation de l’album Si on avait besoin d’une cinquième saison en 1975.
Ses acolytes des premières heures se sont donné la main pour se remémorer leurs grands moments en sa compagnie, comme son ami Louis Valois, bassiste et interprète, avec qui Serge Fiori a fondé Harmonium, et Richard Séguin, avec qui il a coécrit l’album Deux cents nuits à l’heure, aujourd’hui considéré comme un véritable classique de la musique québécoise. Pour l’occasion, Richard Séguin était accompagné de Michel Rivard pour chanter le magnifique hymne à l’amitié Ça fait du bien. Michel Rivard nous rappelait d’ailleurs avoir été le coloc du chanteur: «Tu étais et tu resteras un ami fidèle, malgré les replis et les silences, long parfois, mais que t’effaçais toujours par un éclat de tes rires légendaires et un de tes célèbres: “Ça a pas de bon sens!” Je t’aime, mon chum!»
Le chanteur avait également développé une amitié — pour certains, improbable — avec l’ancien maire de Québec Régis Labeaume, qui a lancé à la foule: «Avant de t’aimer, je t’ai admiré... On était capables de finir nos conversations en se disant: “Je t’aime!”»
Louis-Jean Cormier a fait une apparition vidéo pour le remercier, puisqu’il a eu l’honneur de collaborer avec Serge Fiori sur le spectacle Serge Fiori, Seul ensemble du Cirque Éloize. Une expérience marquante, au cours de laquelle une véritable amitié s’est développée.
Son ami Michel Barrette, qui est un conteur hors pair, nous a raconté sa première rencontre avec le chanteur qui allait, quelques décennies plus tard, devenir un de ses grands amis: «Serge, ce soir, je vais te dire que t’es beau. T’es beau comme l’amour. T’es beau comme tout l’amour qu’on peut t’envoyer aujourd’hui! Je te dis merci pour ta gentillesse, merci d’être passé dans ma vie. À bientôt!»
Puis, ç’a été le tour de Normand Brathwaite de prendre la parole: «J’ai peur de parler de Serge parce qu’il était trop près de moi. Il a été trop important dans ma vie, dernièrement. C’est un homme qui m’a réappris à rire... Merci beaucoup, Serge. Je t’aime! Tu me manques énormément, tous les jours. Je pense que ça va être comme ça jusqu’à la fin de mes jours!»
Un autre grand moment musical a été marqué par la présence de Marie-Pierre Arthur, Judi Richards et Kim Richardson qui sont venues nous livrer la magnifique chanson Depuis l’automne. Finalement, un ultime adieu a été présenté avec émotion par Luc Picard et Guylaine Tremblay, qui ont entraîné la salle dans une dernière chanson, mais non la moindre: Un musicien parmi tant d’autres. C’est Céline Dion qui a clos la cérémonie par une courte vidéo où elle chantait quelques accords de cette même chanson. Le 15 juillet, c’est tout un peuple qui a chanté en chœur le dernier accord d’un géant.
