«J'en parle et j'ai encore les yeux plein d'eau»: Julie Deslauriers a interprété Caro, morte du SIDA, dans «Chambres en ville»


Sarah-Émilie Nault
Même si elle est aujourd’hui âgée de 48 ans et est mère d’un enfant de 4 ans, Julie Deslauriers a encore les larmes aux yeux lorsqu’elle parle de sa petite Caro du mythique téléroman Chambres en ville.
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«Je l’ai interprétée de l’âge de 14 à 19 ans, une période importante de ma vie. On change beaucoup à cet âge, on s’affranchit. En plus, j’étais entourée de cette belle gang. On était vraiment comme une famille», raconte la comédienne qui a repris, de 1991 à 1996, le rôle initialement tenu par la comédienne Lucie Laurier.
Cadette de «l’émission de toute une génération», l’actrice incarnait la jeune sœur de Pete Béliveau (Francis Reddy), une jeune bum, impolie et frondeuse.
«Au début, je me faisais interpeller dans la rue par des dames qui me disaient: “Je n’aimerais pas t’avoir comme fille” (rires). Mais cela a basculé quand elle est devenue séropositive. Les gens avaient de la compassion. Quand Caro est décédée, les gens trouvaient cela injuste, la trouvaient trop jeune pour mourir», raconte la comédienne.
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Julie Deslauriers a su dès son arrivée dans l’équipe que Caro allait mourir du sida. «Je savais qu’on la suivrait dans l’évolution de sa maladie. Je devais jouer la maladie qui mène à la mort. C’était la première fois qu’on voyait cela à l’écran», souligne-t-elle.
Il faut savoir qu’à cette époque, en l’absence de thérapie de médicaments appropriée, l’épidémie du sida causait des ravages sans précédent.
Un maquilleur, lui-même atteint du sida, est d’ailleurs décédé pendant le tournage. «On était tous allés à son enterrement et j’étais allée le voir à l’hôpital. Il était très serein. Sylvie Payette (l’autrice) voulait justement que Caro soit très sereine dans cela», raconte-t-elle.

Moment gravé
L’actrice se souvient bien de ses dernières scènes. Celle des adieux de Caro vêtue de son pyjama à cœurs et le visage tout blanc, quittant pour l’hôpital dans les bras de son frère: un moment gravé dans l’esprit de nombreux spectateurs.
Puis, la scène du rêve du mariage de Caro et Gabriel (Vincent Graton). «Ça avait été une belle dernière scène», se souvient-elle.
Comme il s’agissait de la dernière saison du téléroman, la comédienne explique avoir tout de même eu l’impression de vivre l’aventure jusqu’au bout. Mais chaque fois qu’il était question d’une possible suite, elle avait un petit pincement au cœur de savoir qu’elle n’y participerait pas.
Évidemment, les réactions et commentaires des gens dans la rue (c’était avant les réseaux sociaux) après la mort de son personnage avaient été nombreux. D’ailleurs, malgré le passage des années (Chambres en ville a été diffusé de 1989 à 1996), elle confirme se faire encore fréquemment arrêter dans la rue pour se faire parler de Caro.
«Le public est déstabilisé quand un personnage aimé décède», dit celle qu’on peut actuellement voir en policière dans la série Indéfendable.

«Parler de Chambres en ville va toujours être émotif pour moi. Mais c’est positif. J’en parle et j’ai encore les yeux pleins d’eau. C’est précieux, c’est comme retourner dans sa famille», conclut la comédienne.