Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

«Le portrait»: un premier thriller psychologique signé Suzanne Aubry

Pierre-Paul Poulin / Le Journal
Partager
Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-08-12T04:00:00Z
Partager

Forte du succès incontestable de la série Fanette, vendue à des dizaines de milliers d’exemplaires, l’écrivaine Suzanne Aubry a exploré un genre littéraire différent pour son nouveau roman, Le portrait. Il s’agit d’un thriller psychologique décapant, sur fond historique, dans lequel elle aborde les thèmes de la cruauté et de l’emprise. Le mystère abonde dans son roman : des personnages inquiétants, des silhouettes noires qu’on semble apercevoir, et des personnes aux sombres desseins.

L’histoire commence en 1932. Clémence Deschamps, 22 ans, est institutrice dans une école de rang. 

Elle rêve d’échapper à son existence monotone. Un jour, une petite annonce publiée dans un quotidien attire son attention : un médecin d’Outremont, veuf, cherche une gouvernante pour s’occuper de son fils à la santé fragile.

Clémence obtient de peine et de misère une lettre de recommandation et propose sa candidature. 

Elle fait la connaissance de l’étrange Dr Levasseur et se prend d’affection pour son fils Tristan. Un portrait de femme attire son regard : on lui explique qu’il s’agit de la défunte épouse du docteur. Dans les jours qui suivent, des choses mystérieuses commencent à se produire. 

Il lui semble apercevoir une silhouette vêtue de noir. 

Tristan lui révèle que sa mère est toujours vivante et qu’elle lui rend parfois visite. Ces bizarreries attirent les soupçons de Clémence.

Publicité

Un refuge

En entrevue, Suzanne Aubry révèle que ce projet lui trottait en tête depuis longtemps. 

« Ça a été vraiment un bonheur d’écriture. Il faut dire que quand je l’écrivais, dans les derniers mois, il y avait la crise qui sévissait à l’UNEQ. C’était vraiment un refuge extraordinaire pour moi. J’étais interrompue beaucoup dans l’écriture, mais le soir, j’avais un peu la paix et je me lançais dans l’écriture du Portrait. C’était une liberté incroyable. »

Elle était bien inspirée. « C’est un thriller psychologique et c’est une première pour moi. Je n’avais jamais abordé ce genre-là. Un des thèmes du livre, c’est la cruauté. »

« J’ai été bien servie pendant la crise qui sévissait : sur les réseaux sociaux, il y avait des propos assez épouvantables et injustes qui se tenaient sur nous, sur le travail qu’on faisait, pour le bien commun. C’est ça qui est incroyable. Alors pour moi, l’écriture, c’était mon refuge, mon royaume aussi. »

Les années 1930

Dans Le portrait, Suzanne Aubry plonge les lecteurs dans les années 1930.

« Je voulais m’exprimer sur des préoccupations contemporaines, mais toujours à travers le paravent, la distance que donne l’Histoire, le recul dans le temps. Ce n’est pas un roman historique, mais je l’ai situé après la Première Guerre mondiale – un entre-deux. »

Les préoccupations humaines exprimées dans le roman sont universelles. 

« Il y a toujours des leçons dans l’Histoire et j’aime beaucoup m’en inspirer pour parler d’aujourd’hui, pour donner un portrait de la nature humaine... ou inhumaine, c’est selon. »

Publicité

Le personnage du « méchant » est un médecin. « C’est un personnage que j’ai beaucoup aimé construire. Je ne l’avais pas envisagé avec une telle cruauté, mais au fur et à mesure de l’écriture, il s’est imposé à moi. C’était des eaux profondes, un peu profondes, et je voulais explorer ce territoire. »

Des présences...

Elle a aussi aimé décrire une maison oppressante, mystérieuse, qui devient un personnage en soi. 

« Je suis très sensible aux maisons, aux endroits », révèle-t-elle.

« Je ne suis pas dans les trucs de spiritualité, de médiums ou de voyance, mais je suis fascinée par les romans fantastiques et par des présences qu’on peut sentir... mais c’est juste un sentiment. Il n’y a pas de preuves. Et quand une atmosphère est négative dans un endroit, je le sens. »


♦ Suzanne Aubry est diplômée en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada.

♦ Sa saga Fanette a conquis le cœur du public avec plus de 100 000 exemplaires vendus.

♦ Elle est également l’autrice de plusieurs pièces de théâtre, d’un recueil de contes, d’un livre jeunesse et de cinq autres romans.

♦ On lui doit Ma vie est entre tes mains, roman finaliste au Prix des cinq continents de la francophonie 2016.

♦ Elle a reçu l’Ordre du Canada en 2022. 

EXTRAIT

Photo fournie par les Éditions Libre Expression
Photo fournie par les Éditions Libre Expression

« Clémence fut réveillée par la clarté du jour. Son premier geste fut d’aller à la fenêtre. Le jardin baignait dans une lumière douce et ambrée. M. Achille taillait des roses. Elle sourit devant cette scène bucolique. La vision fugace de cette femme en noir lui parut comme un mauvais tour de son imagination.

Après le petit-déjeuner, qu’elle prit seule dans la cuisine,

Clémence s’apprêtait à retourner dans sa chambre lorsque Mme Augusta lui tendit une feuille de papier pliée en deux.

– Le docteur Levasseur m’a demandé de vous remettre cette note avant de partir pour l’hôpital. Il est de garde une fois par semaine. »

Publicité
Publicité

Sur le même sujet