Le patron mondial du hockey s’inquiète pour la LHJMQ
Le président du hockey mondial, Luc Tardif, n’a pas fait son chemin jusqu’à ce poste, justement, en se tassant du chemin


Jean-Nicolas Blanchet
Le président du hockey mondial, Luc Tardif, n’a pas fait son chemin jusqu’à ce poste, justement, en se tassant du chemin. Réformateur, c’est un homme de hockey qui ne manque pas de courage.
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Imaginez! Il occupe un poste au cœur de la politique du hockey comme président de la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG). Le Trifluvien doit faire attention à chaque mot, chaque virgule et chaque perception.
Mais ça ne semble pas l’effrayer. Il veut faire ce qu’il y a de mieux pour le hockey dans le monde, que ça plaise ou non aux gens qu’il vaut mieux ne pas froisser. Il suit ses principes et ceux des experts de qui il s’entoure. La politique, les bonnes relations, l’image, l’argent... il s’en fout pas mal. Il préside un OBSL qui doit aider le développement du hockey dans le monde. Le reste, c’est secondaire.
Lors de mon entrevue avec lui par vidéoconférence, il était accompagné d’une adjointe pour qu’il ne dise pas trop de niaiseries, m’a-t-il raconté en riant.
Je n’avais même pas de question délicate. Mon entrevue concernait le docteur du hockey George Larivière. Mais, ç’a aussi viré en discussion fascinante sur plusieurs sujets importants touchant le hockey.
Il s’inquiète pour la LHJMQ
Le commissaire de la LHJMQ, Mario Cecchini, croit que sa ligue est plus forte avec les nouvelles règles qui permettent à nos joueurs de quitter vers les universités américaines. Luc Tardif, peine à comprendre cette pensée positive.
«Je ne sais pas si c’est la méthode Coué», lance M. Tardif, qui n’y est pas allé avec le dos de la cuillère de la main morte, comme disait l’autre, faisant référence à cette méthode qui consiste à se dire que chaque jour, tout ira de mieux en mieux.
«Quand il a dit que ça n’aurait pas d’impact, bien, moi je pense que ça va en avoir», poursuit M. Tardif.
«Je connais beaucoup d’anciens joueurs québécois ou canadiens qui ont fait des carrières aux États-Unis. Leurs enfants s’en vont dans les universités américaines. Il y en a plein. Ce n’est pas un hasard.»
La NCAA prépare mieux les joueurs à faire le saut dans la LNH, selon lui. «C’est mon avis tout à fait personnel.»
Les bagarres en voie de disparition
La violence, la bagarre et l’intimidation sont en train de disparaître du hockey, se réjouit Luc Tardif.
C’est une conclusion qui m’étonne après la série finale de la Coupe Stanley, mouvementée avec les rudes Panthers et le mouvement dela Confrontation des 4 nations.

«Non, il faut sortir les 4 nations du contexte. C’est plus de la faute à Trump et de la géopolitique», explique M. Tardif.
Concernant la finale de la Coupe, ce n’était rien par rapport à ce que le hockey a déjà été à son avis. Il faut voir l’évolution à plus long terme.
«Avant il y avait un goon par équipe, maintenant, tu dois savoir jouer au hockey [...]. Le hockey est sorti du champ des sports dangereux. C’est important. Quand un parent décide d’inscrire son enfant au hockey, il se demande si c’est un sport dangereux. Moi je m’étais fait casser le nez en jouant [à] 8 ans, car on ne portait pas de grille. À l’époque, tu arrivais à 20 ans et si tu avais toutes tes dents, c’est que tu ne jouais pas beaucoup», lance-t-il en riant. «On est ailleurs.»
Sa fédération a contribué à assainir le hockey et à permettre aux joueurs de mieux exprimer leur talent.
Les petits joueurs signent de gros contrats dans la LNH et n’ont pas à s’exiler en Europe, souligne M. Tardif. «Les joueurs sont des athlètes. Ça va plus vite. Il faut jouer à 4 lignes. Regardez Lane Hutson. Les gens se demandaient s’il allait être correct. Il a gagné le Calder.»
M. Tardif souligne l’importance du comité médical de sa fédération qui a servi de guide pour l’application des règlements, notamment pour les mises en échec par derrière et les coups à la tête, ce qui a réduit considérablement les blessures graves. Là, il faut s’attaquer aux commotions, prévient-il.
Bonne chance par contre avec Gary Bettman qui dit encore publiquement que les commotions et le hockey ne sont pas liés.
«Et les joueurs de la LNH font la période d’échauffement sans casque protecteur...», soupire M. Tardif.
Cela étant dit, la FIHG développe un tronc commun de règlement qui réduit la violence. «Et la LNH y participe», souligne Luc Tardif.
«Au départ, les gens étaient sceptiques», poursuit-il. Comme si la LNH allait imposer ses règlements sur la scène internationale. «Bien non, ce n’est pas le cas. Si la LNH vient dans les Championnats du monde ou aux Olympiques, ce sont nos règlements [...]. Et il n’y a pas de bagarre», poursuit-il.