Mesures sanitaires: le passeport n’est pas au menu partout
Les règles sanitaires appliquées bien différemment selon les restaurants visités aux quatre coins du Québec
Agence QMI
Alors que certains restaurants se font un devoir de respecter à la lettre les consignes sanitaires édictées par le gouvernement, d’autres ne s’en soucient guère, comme ont pu le constater Le Journal et l’Agence QMI au cours des dernières semaines.
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C’est ce qui ressort de plusieurs visites incognito effectuées par ces reporters un peu partout au Québec.
Celles-ci se sont essentiellement déroulées dans des restaurants ou établissements abordables, populaires ou familiaux, choisis au hasard.
Ce reportage a été réalisé afin de vérifier si nos lecteurs avaient raison de dénoncer le laxisme de certains tenanciers par rapport à d’autres, plus rigoureux.
Pourtant...
Les règles sanitaires imposées par la Santé publique du Québec stipulent que les restaurateurs ne peuvent accueillir que les clients possédant un passeport vaccinal.
Chaque client doit aussi présenter un document officiel avec photo, pour confirmer son identité. Bien que quelques restaurateurs omettent carrément de demander le passeport, c’est parfois cette deuxième étape qui n’est pas respectée, a-t-on pu constater.
Ainsi, sur 10 établissements visités à la fin octobre par nos journalistes, à Québec, trois n’ont pas demandé au client de présenter une pièce d’identité avec photo.
Par contre, seulement un restaurant et un bar n’ont pas demandé de présenter le passeport sanitaire.
Les règles prévoient que le personnel doit porter un masque en tout temps. Les clients aussi, lorsqu’ils circulent, mais ils peuvent le retirer une fois attablés.
Les tables devraient se trouver à deux mètres l’une de l’autre (ou séparées par une cloison), règle qui est toutefois passée à un mètre le 1er novembre. Un maximum de dix clients peut se trouver à une même table, ou trois bulles familiales.
Ces dernières mesures sont appliquées assez assidûment, selon nos observations.
Jusqu’au 15 novembre, le nom de chaque client doit être consigné dans un registre de manière à ce que la Santé publique puisse retrouver ceux qui auraient pu avoir été en contact avec une personne infectée par la Covid. Neuf commerçants visités sur 10 dans la région de Québec ont exigé la signature d’un registre des clients.
Selon les plaintes
Ce sont les policiers qui ont la responsabilité de faire appliquer ces consignes sanitaires. En général, ceux-ci répondent aux plaintes, dans les restaurants comme dans les bars et autres établissements devant vérifier le passeport vaccinal.
Sur 1552 établissements visités par la Sûreté du Québec (SQ) du 27 septembre au 31 octobre, 74 rapports d’infraction ont été rédigés. Les amendes peuvent s’élever jusqu’à 1550 $ (incluant les frais), mais la SQ demande dans un premier temps aux commerçants de se conformer.
À Québec, sur 400 visites policières, à peine 5 rapports d’infraction ont été rédigés par le SPVQ. La situation est similaire à Lévis, où 371 bars et restaurants ont été visités. Au final, cinq constats ont été émis.
Un fardeau payant
L’Association Restauration Québec (ARQ) estime que la pénurie de main-d’œuvre peut expliquer la déficience de rigueur dans l’application de la mesure.
« Ça demeure un fardeau pour les exploitants, explique Martin Vézina, directeur, Affaires publiques et gouvernementales. Si ça nous permet d’avoir des assouplissements comme on a eu récemment et qu’il faut le garder dans les prochains mois, on est prêt à faire cet échange-là. »
« En retirant le registre obligatoire le 15 novembre, peut-être que le taux de conformité va être plus élevé au niveau du passeport parce que ça va être beaucoup plus simple », croit M. Vézina.