«Le modèle classique existe un peu moins de nos jours», croit Patrice Demers, qui redéfinit les codes de la restauration

Frédérique De Simone
Le chef étoilé Patrice Demers a lancé un défi de taille aux candidats en danger de MasterChef Québec, dimanche soir.
Jean-Sébastien et Raphaël, ainsi que Louis et Alexandre, qui se sont retrouvés au défi d’élimination à la suite de la première épreuve de la soirée, devaient reproduire à l’identique l’un des desserts signatures du chef pâtissier: un chou à la crème garni d’une compotée de fruits rouges et d’une chantilly au fromage.

«Je voulais trouver un défi assez réaliste. Mais en même temps, il fallait que ça reste aussi un défi et que ce ne soit pas trop facile. On n’allait pas leur demander de faire un brownie en une heure et demie», a-t-il raconté avec un sourire en coin lors d’une entrevue accordée à l’Agence QMI, admettant que le simple fait de ne pas bien connaître son four représentait une première embûche dans ce défi. Sans parler du facteur stress, qui ajoutait une dimension supplémentaire.
Il croyait cependant que si les candidats lisent attentivement la recette et suivent bien chacune des étapes ils allaient assurément réussir son défi.

«Je leur ai donné une recette très, très détaillée avec beaucoup de conseils. Si quelqu’un avait décidé d’improviser et de changer ça, ça aurait pu être catastrophique», a-t-il lancé, ajoutant avoir entendu parler du défi croquembouche lancé par Ricardo lors de la première saison.
Consommer la restauration différemment
Patrice Demers et sa conjointe et associée, Marie-Josée Beaudoin, ont obtenu en mai dernier leur toute première étoile Michelin pour leur restaurant Sabayon.
Cette distinction leur a permis d’ouvrir leurs portes à un public désormais international, en plus de voir la demande – déjà forte – pour leur cuisine s’accroître.

Située dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, leur salle à manger ne compte que 14 places et n’est ouverte que trois soirs par semaine.
«La plupart des soirs, on n’est que deux. Je suis tout seul en cuisine. Marie-Josée est toute seule en salle. C’est moi qui lave la vaisselle», a rappelé le chef, qui n’a pas forcément l’ambition de décrocher une deuxième étoile.
«Ce n’est pas du tout dans nos projets d’en avoir une deuxième. Je ne pense pas que ce serait réaliste non plus d’espérer en avoir une autre. Déjà, avoir reçu une étoile, c’est beaucoup. La deuxième étoile demanderait sûrement plus de personnel et quelque chose de beaucoup plus personnalisé au niveau de l’expérience», a-t-il reconnu.
Selon lui, la pandémie a permis de revoir les codes de la restauration et d’ouvrir la porte à de nouvelles façons de consommer et de faire de la restauration.

«Je pense que ce qu’on voit, c’est une plus grande liberté. Les barrières n’existent plus nécessairement. Mon ami Simon Mathys du Mastard, qui a reçu une étoile aussi, est fermé les samedis et dimanches. Ce n’est pas quelque chose qu’on aurait vu avant la pandémie. Un restaurant gastronomique ouvert du lundi au vendredi, ce n’est pas quelque chose qui se faisait ou que les clients auraient accepté. Mais maintenant, je pense que tout est possible si c’est fait avec cœur et si ça fait du sens», a assuré le restaurateur.
«Le modèle classique existe un peu moins de nos jours. [...] La clientèle est prête à rechercher des expériences différentes, de toute façon», a ajouté le chef étoilé, qu’on a aussi eu la chance de connaître grâce à ses émissions de cuisine et à ses livres de recettes.
Retour sur l’élimination de dimanche
Cette semaine, c’est le contremaître Louis qui a retiré son tablier de MasterChef Québec.

Son chou a malheureusement connu quelques enjeux de cuisson.
Au premier défi de la soirée, lancé par Joël Legendre, il n’est pas parvenu à recréer le même dessert que son partenaire Alexandre. C’est pourquoi les deux candidats se sont retrouvés au défi d’élimination avec Jean-Sébastien et Raphaël.