Nickel: le ministre de l’Environnement écoute l’industrie minière, dit Sol Zanetti
Un breffage technique sur la norme de nickel n’a pas convaincu le député


Nicolas Lachance
En plus de vouloir satisfaire l’industrie minière, le ministre de l'Environnement «écoute la science d'une seule oreille» afin d’augmenter considérablement le seuil d’émissions de nickel dans l’air, plaide le député solidaire Sol Zanetti.
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«Le ministre dit qu’il écoute la science, mais je constate qu’il écoute juste d’une oreille. Il prend seulement les informations qui font son affaire», a affirmé le député de Jean-Lesage à la suite d’un breffage technique sur la question du nickel dans l’air.
Québec et son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, veulent permettre à l’industrie minière de quintupler – de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube – la norme quotidienne d’émissions de nickel dans l’air.

Inquiet de la qualité de l’air dans sa circonscription, où se trouve le port de Québec, l’élu de Limoilou réclamait une rencontre avec le ministre depuis le printemps.
Il a finalement obtenu un rendez-vous ce mercredi en présence d’un sous-ministre, mais sans Benoit Charette. «Ça m’a confirmé plusieurs choses que je pensais», a-t-il indiqué. «Le gouvernement se base uniquement sur une seule revue toxicologique qu’il a fait faire.» Il s’agit d’une revue scientifique réalisée par la scientifique Michèle Bouchard de l’Université de Montréal.
Selon M. Zanetti, Québec ne prend pas en considération la particularité de Limoilou, aux prises avec du transbordement en grande quantité de nickel en zone urbaine.
Pas convaincu
Après l’analyse des travaux de Mme Bouchard, la Direction de santé publique de la Capitale-Nationale a accepté les valeurs révisées.
En contrepartie, soutient la DSP, les partenaires économiques devront mettre en place des mesures pour éliminer tout dépassement de la future norme et «adopter des pratiques qui viseront à ramener graduellement les concentrations de nickel dans le quartier Limoilou à des niveaux de risques négligeables.»
Sur cette question, le solidaire n’a pas été rassuré à la suite de sa rencontre avec le sous-ministre. «Il n’y a absolument rien dans les intentions du ministère de l’Environnement de faire quoi que ce soit pour exiger de meilleures pratiques. Leur solution est d’augmenter la norme, mais pour la réduction des émissions il n’y a aucun plan», peste Sol Zanetti.
Les pires
L’ex-ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, était également présente au breffage technique. Elle a retrouvé son sous-ministre de l’époque et un dossier qu’elle a entamé. Néanmoins, elle n’est pas convaincue. Il faut prioriser le principe de précaution, dit-elle, signalant qu'elle a réclamé plus de précisions.
Le problème, croit-elle, c’est que le Québec se compare aux pires, comme l’Ontario. La présence du ministère de l’Économie et de l’Innovation dans le dossier «titille» aussi l’élue. «Je n’aime pas beaucoup ça [...] Cette norme-là, pour l’ensemble du Québec, elle peut peut-être avoir du sens. Mais, pour les gens qui vivent à Limoilou, je ne suis pas certaine», a indiqué Mme Melançon.
- Dans une lettre envoyée au ministre mercredi soir, le député demande le report des consultations prévues à ce sujet à la fin du mois de février. Il veut permettre aux citoyens et experts de produire des mémoires exhaustifs. Plusieurs scientifiques se sont déjà prononcés contre la modification de la norme.