Le Kremlin revendique le soutien de Pékin dans son bras de fer avec l’Ouest

AFP
Le Kremlin a revendiqué mercredi le soutien de Pékin quant à ses exigences sécuritaires vis-à-vis de l’Occident, avant une rencontre de Vladimir Poutine et Xi Jinping lors de l’ouverture des Jeux olympiques.
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Le président russe est attendu par son homologue chinois pour le coup d’envoi des JO d’hiver vendredi à Pékin. Selon Moscou, les deux dirigeants ont prévu de signifier leurs convergences diplomatiques, alors qu’ils se sont rapprochés à mesure que leurs relations respectives avec les États-Unis se dégradaient.
«Une déclaration commune sur l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère a été préparée», a déclaré Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de M. Poutine.
«On y retrouvera la vision commune de la Russie et de la Chine (...) notamment sur les questions de sécurité», a-t-il ajouté.
M. Ouchakov a également affirmé que «la Chine soutient les revendications russes de garanties de sécurité», une liste d’exigences adressée aux États-Unis et à l’OTAN pour faire baisser les tensions autour de l’Ukraine et que les Occidentaux ont rejetée. Fin janvier, Pékin avait appelé «à prendre au sérieux» ces demandes.
Poutine espère
Le Kremlin est accusé par les Occidentaux de vouloir déclencher une invasion de l’Ukraine, pointant les quelque 100 000 militaires russes déployés depuis des semaines à la frontière son voisin pro-occidental.
La Russie dément, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Mais elle estime qu’une désescalade de cette crise n’est possible qu’en signifiant la fin de la politique d’élargissement de l’OTAN et un retrait d’Europe de l’Est de ses capacités militaires.
Hasard ou non, la Russie avait fait la guerre à la Géorgie, autre ex-république soviétique pro-occidentale, lors des précédents JO de Pékin, durant l’été 2008.
Les États-Unis et leurs alliés ont rejeté les exigences russes, mais Washington a proposé de travailler sur des mesures de confiance en matière militaire et de sécurité.
Mardi, Vladimir Poutine a accusé les Américains d’ignorer les préoccupations sécuritaires de Moscou. Mais il a également dit espérer «une solution».
Pour les Occidentaux, la Russie menace la sécurité de l’Europe, d’autant qu’elle a déjà annexé une partie du territoire ukrainien, la Crimée, en 2014 et soutient depuis des forces séparatistes armées pro-russes.
Washington juge donc qu’une désescalade passe par un retour dans leurs casernes des unités russes campant aux portes de l’Ukraine.
Malgré des échanges au vitriol, Russes et Américains continuent leurs discussions.
Propositions américaines
Le quotidien espagnol El Pais a d’ailleurs publié le détail des réponses américaines aux exigences russes, une fuite dont le contenu n’a pas été démenti.
Washington y propose que les rivaux s’engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en territoire ukrainien, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l’inquiètent en Europe, et que les deux pays s’accordent sur des mesures de contrôle des armements.
Les États-Unis se disent également prêts à discuter de l’«indivisibilité de la sécurité». Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l’OTAN de son voisinage, argüant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque État, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.
Moscou n’a pas commenté cette publication, mais avait dit ces derniers jours que des pistes proposées par Washington étaient «positives», mais «secondaires». Le Kremlin prépare actuellement sa réponse formelle.
En Ukraine, les dirigeants européens continuaient, eux, de défiler pour soutenir leur alliée, à l’instar du Premier ministre néerlandais Mark Rutte qui a été reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au lendemain des visites des chefs des gouvernements britannique et polonais.
Jeudi, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un fournisseur de drones de combats à l’Ukraine, est attendu à Kiev.
L’armée ukrainienne, après des années de relative disette, a vu les livraisons d’armes occidentales augmenter ces dernières semaines, des approvisionnements dénoncés par Moscou.
«Ces armes, c’est de la défense, nous ne pensons qu’à la paix», a assuré M. Zelensky, prévenant en revanche le Kremlin qu’en cas d’attaque, les Ukrainiens ne cèderaient «pas (de) territoires, quel qu’en soit le prix».
Les Occidentaux ont promis, eux, des sanctions dévastatrices pour la Russie, ainsi que de s’en prendre aux oligarques et aux proches du Kremlin.
Des menaces que le Britannique Boris Johnson devrait réitérer à Vladimir Poutine lors d’un entretien téléphonique mercredi.