Le jury tranchera sur le sort d’une chercheuse
Antoine Lacroix | Le Journal de Montréal
La Couronne a joué sa dernière carte dans une plaidoirie enflammée afin qu’une chercheuse universitaire qui aurait pourri la vie de son ex-amant soit déclarée coupable de harcèlement et d’extorsion.
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« Après 20 ans de relation [la victime] a choisi son épouse. L’accusée est dévastée, son attitude change, son comportement aussi. [...] Cet homme ne pourra jamais récupérer sa carrière, sa réputation », a décrit Geneviève Beaudin, dans sa plaidoirie au palais de justice de Sorel-Tracy.
La procureure de la Couronne a présenté aux membres du jury de nombreux éléments invraisemblables et contradictions dans le témoignage d’Ann Letellier, contre son ancien amant, qu’on ne peut identifier en raison d’une ordonnance de non-publication.
Du côté de la défense, on a rappelé qu’un « doute doit mener à l’acquittement » de l’accusée, mais on a aussi invité le jury à se demander pourquoi la chercheuse aurait posé de tels gestes.
« Pourquoi aurait-elle mené ce combat ? C’est le cri du cœur d’une femme qui veut être crue et qui veut s’assurer que ça n’arrive pas aux gens de son entourage », a soutenu Me Alexandra Longueville, en rappelant que l’accusée dit avoir été victime d’importants sévices sexuels de la part du plaignant.
Vengeance
Toutefois, la Couronne n’est pas du même avis.
Selon sa théorie, l’accusée de 56 ans a multiplié les démarches dans le but de nuire à la victime présumée, parfois avec un ton menaçant, laissant entendre qu’une somme d’argent pourrait mettre fin à sa « vengeance sans limites ».
Ann Letellier a reconnu avoir envoyé des courriels à tout son entourage avec de graves allégations comme quoi il était un violent agresseur sexuel, mais elle a aussi porté plainte contre lui à plusieurs corps de police et à l’université.
« Toutes ses plaintes sont rejetées, non fondées ou refusées, a souligné la procureure. [La victime] a été profondément atteinte par cette saga. »
Il reviendra aux jurés de trancher si les gestes posés étaient criminels.
♦ La juge Hélène Di Salvo donnera ses directives demain et le jury sera ensuite isolé pour délibérer.