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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Procès de Steeve Gagnon: le jury délibère en ignorant certains débordements

Les jurés ont entrepris leurs délibérations jeudi sans avoir vu ou entendu ce qui s'est passé lorsqu'ils étaient à l'extérieur de la salle

Photo STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-06-19T21:00:00Z
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Maintenant séquestrés, les jurés qui trancheront le sort de Steeve Gagnon en ont vu de toutes les couleurs durant ce procès chaotique, mais ils entreprendront leur délibération vendredi matin en ignorant certains événements survenus alors qu’ils n’étaient pas en salle. Retour sur un procès aux allures de triste cirque.

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«Des innocents sont morts»

Pendant le témoignage d’un médecin qui l’avait rencontré quelque temps avant le drame, Steeve Gagnon a tenu des propos qui ont choqué les proches des victimes.

L’accusé insistait à répétition qu’il n’avait jamais rencontré le docteur en question et qu’il refusait qu’un spécialiste qui ne l’avait jamais vu témoigne. Insistant sur le fait qu’il avait voulu voir un médecin avant le drame, Gagnon a lancé au juge qu’il y a eu «des innocents, trois personnes de mortes», sous-entendant visiblement que les décès du 13 mars 2023 auraient pu être évitables s’il avait été pris en charge.

Il a répété dans son témoignage que s’il avait été opéré au dos, il serait «dans son truck à charrier du copeau».

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La déclaration a évidemment provoqué l’ire des proches des victimes qui se trouvaient à ce moment dans la salle.

Photos tirées des avis de décès des victimes
Photos tirées des avis de décès des victimes

Il traite les procureurs et le juge de «traineux de bottes»...

Au jour 4, en marge du témoignage vidéo d’une femme témoin des événements décédée depuis sa rencontre avec les enquêteurs, le juge Louis Dionne a demandé de lire le verbatim de la déclaration d’une cinquantaine de pages avant que la vidéo ne soit soumise au jury. Visiblement exaspéré d’attendre que le magistrat finisse sa lecture, Steeve Gagnon s’est alors mis à marmonner des paroles inaudibles et à gesticuler. Quand le juge lui a demandé ce qu’il faisait, l’accusé s’est agité, criant au juge Dionne qu’il lui faisait «dans l’cul», en lui faisant des doigts d’honneur.

«Vous êtes une hostie de gang de traineux de bottes, vous n’êtes pas capable de préparer vos affaires», a lancé l’accusé alors qu’il était escorté vers le quartier cellulaire à la demande du juge.

«Il trouvait ça long le temps qu’on lisait», a tenté d’expliquer l’avocat de la défense, Me Hugo Caissy, après avoir rencontré son client.

Plus tard dans le procès, Gagnon a aussi traité le juge Dionne de «pas de couilles» et de «vieux déchet».

Photo tirée de Facebook
Photo tirée de Facebook

... Et il les invite à «s’enlever les mains de d’dans le cul»

Encore une fois impatient alors que les parties et le juge s’affairaient à discuter du témoignage à venir d’experts de la poursuite, Steeve Gagnon s’est à nouveau emporté, déplorant devoir réentendre des témoins déjà entendus à son enquête préliminaire.

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Si la question pouvait être légitime, le ton emprunté et le sacre placé en fin de phrase n’ont visiblement pas plu au juge Dionne.

«Renvoyez-moi donc en prison calice», a lancé Gagnon au magistrat, qui n’a pas eu besoin d’une deuxième invitation pour mettre fin à la discussion, manifestement sans issue.

Avant de quitter, l’homme de 40 ans a malgré tout pris soin d’insulter le juge et les avocats, encore une fois. «Quand vous vous enlèverez les mains de d’dans le cul, on avancera!»

À son retour, Gagnon a assuré au juge que tout ce qu’il avait entendu comme preuve jusque-là n’était que pour lui de la «spéculation». «Jusqu’à date, je ne me sens pas en danger.»

Quelques jours plus tard, il n’avait toutefois plus l’air aussi confiant de son sort, lui qui s’est à nouveau énervé alors que le jury s’était retiré. «Ça ne peut pas être pire que ça, hostie, je m’en vais pour 25 ans», s’est-il emporté.

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
Photo d’archives, STEVENS LEBLANC

Impatient «d’aller au fédéral»

Même s’il a plaidé une défense d’accident en fin de procès, demandant au jury de l’acquitter de tous les chefs d’accusation qui pesaient contre lui, Steeve Gagnon a confié lors d’un «hors jury» pendant son témoignage qu’il était impatient d’avoir sa peine pour être transféré dans un pénitencier.

«J’ai hâte d’aller au fédéral pour aller me faire opérer», a-t-il lancé après s’être une autre fois emporté devant le juge Dionne. 

Ces propos sur sa volonté d’être opéré au dos rejoignent la théorie de cause de la poursuite, qui estime que c’est cette colère contre le système qui aurait motivé le passage à l’acte de Gagnon le 13 mars 2023.

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Il s’affiche avec des logos des Hells Angels

En fin de procès, Steeve Gagnon s’est présenté au tribunal avec une veste sport sur laquelle il avait apposé des effigies des Hells Angels. 

Alors que les avocats et le juge tranchaient des questions de droits sans la présence du jury, Gagnon s’est mis à parler sans qu’on puisse l’entendre dans la salle puisque le micro du box des accusés avait été coupé.

Il s’est toutefois levé d’un trait en pointant fièrement les effigies sur sa veste.

L’accusé s’est ensuite retourné pour montrer au public en salle la fausse ‘’patch’’ à l’effigie des Hells Angels qu’il avait collée dans son dos en la pointant avec insistance de ses deux pouces au-dessus de sa tête.

Pire encore, Gagnon a répété le même manège durant son témoignage en présence du jury.

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