Le dernier symbole des calèches du Vieux-Montréal bientôt détruit dans Griffintown

Axel Tardieu
L’écurie Calèches Lucky Luc dans le quartier Griffintown, à Montréal, s’est vidée de ses chevaux en avril. Le lieu, où vivaient jusqu’à tout récemment des bêtes qui ont promené des touristes dans le Vieux-Montréal, sera détruit pour faire place à des condos. Il s’agissait de la dernière écurie de la métropole.
«Il y a encore les restes [excréments]», observe Juliette Patterson, membre de la Fondation du Horse Palace de Griffintown, un organisme qui s'efforce de partager l'histoire liée aux chevaux dans le quartier.
Sur place, elle pointe un vieux chapeau de caléchier laissé derrière.

Après les calèches, les condos
Si l’écurie du 1810, rue des Bassins est aujourd’hui déserte, c’est parce que la Ville de Montréal a interdit en 2020 les calèches sur son territoire pour protéger la santé et le bien-être des chevaux.
L’ancien propriétaire de l’écurie Calèches Lucky Luc, Luc Desparois, y a vécu pendant une trentaine d’années, jusqu’en avril dernier. Des travaux commenceront bientôt sur le terrain de 80 000 pieds carrés où sera construit un immeuble à condos.

Roi des calèches controversé
Pendant sa carrière, Luc Desparois, mieux connu comme le roi des calèches, a reçu plusieurs amendes pour maltraitance animale, notamment du ministère de l’Agriculture, en 2016.
Encore aujourd’hui, il nie avoir maltraité ses animaux.
«C'est de la foutaise! Ils ne savent pas c'est quoi, de vivre avec un animal. Ils ne savent pas c’est quoi de s’occuper d’un animal», affirme-t-il.

Pour le groupe Ma Voix pour eux, il n’y a pourtant aucun doute: sa trentaine de chevaux ont vécu dans de terribles conditions.
«Ils étaient mis dans les enclos qui étaient sales comme vous ne pouvez pas y croire. Il y avait des excréments d’animaux, deux ou trois pieds de haut. [Certains] essayaient de fuir», raconte un des membres de l’organisme qui milite pour la protection des animaux, Rick Hinojosa.
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Lieu historique
Pendant la révolution industrielle, au 19e siècle, les écuries comme celle de Luc Desparois étaient communes à Montréal.
«Ici, on avait des quais de transport, de débordement, de marchandises. C'était très important d'avoir des écuries pas très loin du canal [de Lachine]», explique Juliette Patterson.

«Les gens qui arrivaient à Montréal au 18e siècle venaient des campagnes et avaient l’habitude d’avoir des petites fermes avec des chevaux à l’arrière», ajoute l’architecte de formation.
C’est d’ailleurs à Griffintown et dans Pointe-Saint-Charles où on retrouvait le plus de ces écuries. Il n’en restera bientôt aucune.