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L'article provient de Le Journal de Montréal

Le déconfinement amène un second souffle à l’amour pour la Saint-Valentin

Yannick Maillette
Yannick Maillette Photo AGENCE QMI, CAROLINE LEPAGE
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Caroline Lepage

2022-02-14T09:00:00Z
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Les célibataires qui espèrent rencontrer leur partenaire idéal vivent l’assouplissement des mesures sanitaires comme une bouffée d’air frais à la Saint-Valentin.

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«Ça va être vraiment plus facile!», s’exclame Marie-Hélène Morissette, de Daveluyville, au Centre-du-Québec.

Cette femme de 45 ans, qui est célibataire depuis août dernier, croit que la réouverture graduelle des commerces et les sorties entre amis favoriseront les occasions de trouver l’âme sœur, en plus d’alléger le moral.

«Plusieurs avaient de la misère. T’as moins le goût de rencontrer un gars ou une fille quand tu ne peux même pas rencontrer ta famille», ajoute-t-elle.

La liberté avant tout

Un agriculteur de 44 ans, Yannick Maillette, trouve que sa liberté lui a manqué plus que l’amour durant la pandémie. Avec le couvre-feu, les hivers lui semblaient interminables, même s’il tuait le temps à son érablière de Saint-Zéphirin, au Centre-du-Québec. «Ça m’a affecté en maudit!», dit le célibataire qui reprend espoir.

Cette année, il est encouragé de pouvoir inviter des proches à sa cabane à sucre. «Le pire est derrière nous», est-il convaincu.

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Sébastien Labonté, de Richmond, en Estrie, estime aussi que la pandémie coupait l’envie de rencontrer, surtout au début. Ce chansonnier qui vit seul faisait des «live» régulièrement, accompagné de ses instruments, pour garder contact avec des gens. «Ils me disaient que je mettais du bonheur dans leur vie», partage ce célibataire de 42 ans.

Cet artiste voit la réouverture des bars à la fin de février comme une bénédiction. Le fait de renouer avec le public favorisera les rencontres, même s’il dément le préjugé voulant que les musiciens partent chaque soir avec une fille différente. «J’aimerais vraiment rencontrer une bonne personne», dit-il.

Sylvie Yergeau de Saint-Germain, près de Drummondville, fêtera la Saint-Valentin avec ses enfants, car sa fille cadette souffle neuf bougies le 14 février. Cependant, cette célibataire de 46 ans rêve de rencontrer son amoureux sportif avec qui elle fera de l’activité physique.

N’étant pas vaccinée, elle a hâte que le passeport vaccinal soit aboli. En attendant, elle profite de la nature en faisant la raquette ou du patin. La reprise des activités de plein air pour célibataires «Cours après moi», qu’elle trouve dynamiques, lui a redonné le sourire.

Une étude réalisée par l’Institut de la statistique du Québec en 2020-2021 révèle que les 25-44 ans sont ceux qui ont souffert le plus de l’isolement.

«C’est très plausible», affirme Noé Klein, doctorant en sociologie à l’UQAM.

Selon lui, ce groupe d’âge est celui-ci qui entretient le plus de liens sociaux. Comme ils n’avaient pas du tout été préparés à rompre les contacts du jour au lendemain, ils ont pu ressentir un choc plus grand.

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Avec le déconfinement, une forme d’anxiété peut rester dans la reprise des contacts sociaux, prévient-il.

L’amour en virtuel ou en présentiel? 

La popularité des applications de rencontres a explosé durant la pandémie qui a «légitimé» leur utilisation, même chez les plus âgés, selon un expert.

«Tinder a enregistré son plus haut taux d’utilisation dans les premiers mois de la pandémie, en mars 2020», indique Noé Klein, doctorant en sociologie à l’UQAM.

Nouvellement célibataire, Marie-Hélène Morissette a fait le saut sur les sites de rencontres en 2021. Si son profil pouvait recevoir 200 mentions «j’aime» par jour, celle qui cherchait une relation durable y a plutôt trouvé des histoires sans lendemain, avec des hommes qui se disaient pourtant sérieux.

Après qu’un prétendant l’ait invité à découvrir la pêche blanche, cet hiver, cette femme s’était procuré un permis de pêche et acheté un manteau très chaud pour ce rendez-vous. Or, l’homme n’a plus jamais donné signe de vie et s’est ensuite vanté sur les réseaux sociaux avoir passé une superbe journée de pêche... avec une autre conquête.

«Le «ghosting», c’est le fait d’arrêter d’avoir des contacts avec un partenaire potentiel du jour au lendemain», explique M. Klein, précisant qu’il est plus facile de disparaître ainsi du paysage avec ces applications.

«C’est malhonnête... C’est du niaisage, résume Mme Morissette, qui s’est retirée de ces sites. Je me suis dit que j’allais attendre!»

Prendre son temps

Émilie Grandmont Bérubé est en couple avec un amour de jeunesse, qu’elle a croisé par hasard il y a un an, après être revenue dans sa ville natale, Drummondville. Depuis, les amoureux se sont acheté une maison qu’ils sont en train de rénover dans le quartier où elle a grandi.

«Le rythme ralenti du confinement a donné lieu à des conversations plus longues et plus vraies», évalue la femme de 37 ans.

Si les deux avaient vécu plusieurs rendez-vous manqués, tout s’est enchaîné depuis leurs retrouvailles. «C’est tellement facile!», partage-t-elle.

Comme héritage de la pandémie, M. Klein prédit que les gens continueront de prendre plus de temps pour échanger avant de se rencontrer.

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