Le coût de l’épicerie fait encore mal aux familles
Les données statistiques sur l’inflation révèlent qu’une dizaine de produits ont augmenté de plus de 10% depuis juillet 2024


Louis Deschênes
Le coût du panier d'épicerie, en hausse de 3,4% en juillet et de 27,1% depuis cinq ans, continue de peser lourd dans le budget des familles qui peinent à boucler les fins de mois.
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«C’est rendu ridicule, on travaille, on travaille, mais on travaille pour quoi? Juste pour manger, ça coûte tellement cher», lance Jocelyne Bouchard avant d’entrer à un supermarché de Québec.
Selon Statistique Canada, la croissance des prix en magasin était de 2,8% en un an, soit de juin 2024 à 2025.
À partir de ces chiffres, Le Journal a identifié 10 produits qui ont augmenté de 10% out plus depuis un an (voir tableau).
Ces données dévoilées mardi sont toutes sauf banales, estime l'expert en alimentation Sylvain Charlebois.
«Les prix sont devenus insensés, lance le professeur. Le taux d’inflation alimentaire est 1,6% plus élevé que l’inflation générale, ce qui rend les augmentations de prix particulièrement notables.»
Plus les moyens
«Quand c’est rendu que tu ne peux pas prendre ce que tu aimerais en faisant l’épicerie, à cause que tu n’as pas les moyens, c’est grave,déplore la citoyenne Jocelyne Bouchard. Et c’est comme ça en général pour la voiture, le loyer. Le monde est étouffé.»
Un peu plus loin, Diane Daigle revient à sa voiture en faisant remarquer que même si elle n’avait acheté que quelques articles, la facture s’élevait à 100$.
«L’huile d’olive, qui coûtait 9$, a doublé; les raisins, ce n’est pas achetable; le pain, tu en vois à 8$. C’est triste que les fruits et légumes soient devenus si chers», souligne-t-elle.
Les contre-tarifs en cause
Le professeur Sylvain Charlebois estime que le gouvernement canadien n’a fait qu’empirer la situation dans les derniers mois.
«On veut se battre contre Trump, Ok [...] mais à ce stade-ci, je pense que c’est important d’avouer que les contre-tarifs affectent le prix à l’épicerie», affirme le spécialiste de l’industrie agroalimentaire à l’Université Dalhousie.
Dans le Rapport sur les prix alimentaires 2025 publié en décembre dernier, Sylvain Charlebois et 31 de ses collègues prévoyaient que la facture d’épicerie allait grimper de 801$, soit de 3% à 5%.
«On est là, mais ce qui mêle les cartes actuellement, ce sont les contre-tarifs. Sans ça, j’ai l’impression qu’on serait en bas de 3%», dit-il. Il cite les produits secs et emballés, comme le café, qui est de 4 à 5% plus cher en raison de ces droits de douane imposés par Ottawa.
Que fera Carney?
Les contre-mesures tarifaires imposées par le Canada aux États-Unis ont généré plus de 2,5 milliards de dollars de revenus au gouvernement fédéral.
Toutefois, dans le secteur de l’alimentation, ce sont les consommateurs qui payent une partie de la note.
«Mark Carney, il est pris avec ça. Je ne sais pas ce qu’il va faire cet automne», se questionne Sylvain Charlebois.
Les statistiques dévoilées mardi révèlent que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,3% en juillet au Québec, qui est la province canadienne où l’inflation – toujours dopée par la croissance des prix à l’épicerie – a été la plus importante au pays.
– Avec Martin Jolicoeur

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