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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Prix des aliments: jusqu’à 800$ de plus pour l’épicerie en 2025

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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2024-12-05T05:00:00Z
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Pas de répit pour les familles québécoises, qui devront composer en 2025 avec une nouvelle hausse de jusqu’à 800$, prévoit un rapport. 

«On s’attend à une autre année difficile», indique Sylvain Charlebois, un des 32 auteurs du Rapport sur les prix alimentaires 2025 publié jeudi.

L’étude annuelle dont c’est la 15e édition est le fruit d’une collaboration entre quatre universités canadiennes: Dalhousie, Guelph, Saskatchewan et UBC.

En 2024, les dépenses en nourriture sont de 16 572$ pour la famille type composée d’un homme, d’une femme, d’un garçon et d’une fille, calculent les chercheurs.

Et l’année prochaine, la facture va encore grimper de 801$, prévoit le nouveau rapport.

Dépenses de la famille type pour se nourrir

  • 2020: 12 508$
  • 2021: 13 801$
  • 2022: 15 222$
  • 2023: 15 595$
  • 2024: 16 032$
  • 2025: 16 833$ (prédiction)

Sources: Rapports annuels sur les prix alimentaires 2021 à 2025

Moins d’aubaines 

L’inflation alimentaire dans son ensemble sera de 3% à 5% en 2025, prédit le rapport. Elle a été de 27% entre le début de la pandémie du coronavirus, en mars 2020, et maintenant.

«Les aubaines vont se faire rares dans la viande et les légumes en 2025», résume Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie.

Les hausses de prix en 2025 par catégorie d’aliments

  • Boulangerie: 2% à 4%
  • Produits laitiers: 2% à 4%
  • Fruits: 1% à 3%
  • Viande: 4% à 6%
  • Autres produits: 2% à 4%
  • Restaurant: 3% à 5%
  • Fruits de mer: 1% à 3%
  • Légumes: 3% à 5%
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Augmentation totale des prix alimentaires: 3% à 5%

Source: Rapport sur les prix alimentaires 2025

La chute du dollar canadien poussera le prix des légumes importés vers le haut, avance le spécialiste, alors que le prix du bœuf continuera de grimper.

«Le prix du porc et du poulet va aussi monter, car ils sont en forte demande et sont utilisés pour remplacer le bœuf, qui est devenu un produit de luxe», observe le chercheur.

Les garçons coûtent le plus cher 

Au-delà de la famille type composée de papa, maman, fiston et fillette, le rapport permet aussi de calculer combien les autres ménages dépenseront l’an prochain pour se nourrir.

Le coût est établi par tranche d’âge et par genre, si bien qu’il est possible de brosser le portrait de n’importe quel foyer, peu importe sa composition.

Les garçons de 14 à 18 ans remportent encore la palme du groupe le plus dispendieux à nourrir, avec des dépenses prévues de 4810$ en 2025. Les femmes qui allaitent ne sont pas loin derrière, avec une moyenne de 4500$, et les enfants de 1 à 3 ans ferment la marche, à 2440$.

Le Québec mange moins 

De plus en plus de Québécois ont de la difficulté à bien se nourrir en raison de la hausse rapide du prix des aliments, note par ailleurs l’Observatoire québécois des inégalités (OQI).

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Le Québec comptait 1 342 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire en 2022, note l’organisme dans une analyse publiée mercredi, soit une augmentation de 50% depuis 2019.

L’OQI s’inquiète de voir que l’accès inadéquat ou incertain aux aliments touche aussi bien ceux qui travaillent et qui font de bons revenus que ceux qui font de faibles revenus ou pas de revenus du tout.

Quand on divise la population du Québec en cinq selon le revenu annuel, on constate que ceux que l’on pourrait qualifier de «classe moyenne», ceux qui se classent dans le troisième quintile, en arrachent aussi pour bien manger.

«C’est précisément chez les personnes faisant partie du troisième quintile de revenu que l’augmentation de l’insécurité alimentaire a été la plus marquée», note l’organisme.

Attention aux faux rabais 

Sonia Dupont, rencontrée dans un supermarché Metro de Montréal.
Sonia Dupont, rencontrée dans un supermarché Metro de Montréal. photo julien mcevoy

Sonia Dupont est quelque chose comme une experte des prix à l’épicerie. La retraitée dans la soixantaine cuisine beaucoup, car elle prépare des petits plats pour une amie ainsi que pour sa sœur, toutes deux malades, en plus des siens. 

«Il y a beaucoup de spéciaux qui n’en sont pas», se choque-t-elle. Une chaîne annonce un rabais sur la canne de tomates à 1,99$, dit-elle, alors qu’elle est à 1,49$ de l’autre côté de la rue, dans le supermarché d’une autre chaîne. 

«La meilleure façon de garder le prix de l’épicerie au plus bas, c’est de bien connaître les prix», conseille cette dame au grand cœur.

Se priver, mais pas trop 

Mike Romano, rencontré aussi dans un supermarché Metro de Montréal
Mike Romano, rencontré aussi dans un supermarché Metro de Montréal photo julien mcevoy

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Mike Romano habite seul et malgré la hausse des prix à l’épicerie qui le fait sourciller, il n’a pas arrêté de se gâter pour autant.

«Ça coûte une beurrée, mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, on ne va pas arrêter de manger», dit-il en riant, quoique un peu jaune. 

Il fait plus attention, dit-il, mais ce n’est pas une autre hausse annuelle qui va l’empêcher de faire sa sauce à spaghetti extra viande. À 57 ans, M. Romano n’a pas l’intention d’arrêter d’acheter ce dont il a envie à l’épicerie. 

«Sauf que quand je regarde le prix, des fois, mon cœur se met à pomper plus vite», dit-il au sujet de la colère qui le guette dans les allées du supermarché. 

Travailler ne suffit plus

photo Camille Gladu-Drouin, Observatoire québécois des inégalités
photo Camille Gladu-Drouin, Observatoire québécois des inégalités

Parmi les 1 342 000 Québécois qui sont en situation d’insécurité alimentaire en ce moment, trois sur quatre ont un boulot. 

«Le revenu d’emploi à lui seul ne garantit pas nécessairement de bien manger», constate Geoffroy Boucher, de l’Observatoire québécois des inégalités.

L’organisme s’appuie sur les dernières données disponibles, celles de 2022, pour arriver à ce chiffre de 1,3 million. Ce ne serait pas surprenant qu’en 2024, encore plus de Québécois soient dans la même situation.

La hausse des usagers de banques alimentaires qui sont en emploi est particulièrement notable, dit-il.

Ils sont plus nombreux, et souvent le problème est plus grave.

«Sauter des repas pendant une journée entière, ça se voit plus qu’avant au Québec», s’inquiète Geoffroy Boucher.

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