Le choc Macron-Le Pen: à quoi s'attendre?

Mathieu Bock-Côté
Ce qui était annoncé par les sondages en France s’est bien produit: Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront au deuxième tour de l’élection présidentielle le 24 avril.
Vers quoi tendra cet affrontement?
Pour Emmanuel Macron et ceux qui s'y rallient, il s’agit de construire un «front républicain» pour sauver la démocratie contre la menace «des extrêmes», et, plus particulièrement, contre ce que certains s’entêtent à appeler «l’extrême droite».
Polarisation
Pour Marine Le Pen, il s’agit de coaliser un grand front anti-Macron, en canalisant la révolte populaire qui couve contre lui. Elle se présente comme la leader des patriotes, en lutte contre un président «mondialiste».
Chose étonnante: les deux en appellent au grand rassemblement des Français. Mais les deux sont incapables de reconnaître la légitimité de leur adversaire.
Emmanuel Macron accuse Marine Le Pen d’être une ennemie de la démocratie, Marine Le Pen accuse Emmanuel Macron d’être un ennemi de la France. L’un croit avoir le monopole de la République, l’autre du patriotisme.
Ils trahissent les deux un principe démocratique fondamental: la possibilité de l’alternance.
J’entends par là qu’en démocratie, aucun camp ne peut prétendre avoir le monopole de la légitimité sur les valeurs et les principes qui fondent la société.
Et chaque camp doit consentir à la possible victoire de son adversaire. Il ne s’agit pas de s’en réjouir, mais d’accepter cette éventualité.
Autrement dit, si chaque candidat doit proposer des arguments politiques pour obtenir l’appui des électeurs, il ne saurait sérieusement en faire une exigence morale, comme si s’opposaient dans les urnes le bien et le mal.
Alternance
Reste à savoir si nos sociétés s’entendent désormais sur l’essentiel. Ce n’est pas certain. Nos sociétés sont fracturées intimement.
Ce qui explique la polarisation particulièrement inquiétante du débat.
On le verra au cours des deux semaines à venir.