Gaz et pétrole: le Canada augmentera ses exportations pour aider l’Europe

Raphaël Pirro et Anne Caroline Desplanques
Le Canada pourrait augmenter ses exportations de gaz et de pétrole vers l’Europe de 300 000 barils par jours d’ici la fin de l’année, pour répondre aux besoins criants des pays qui cherchent à mettre fin à leur dépendance aux ressources de la Russie.
• À lire aussi: Ukraine: Kadyrov assure que ses forces ont capturé la mairie de Marioupol
• À lire aussi: [EN DIRECT] Un mois de guerre en Ukraine: voici tous les derniers développements
• À lire aussi: Enlisement russe en Ukraine: «la réponse est dans la tête de Poutine»
«Ce n’est pas énorme comparé à ce que nous produisons déjà», estime une source bien au fait du dossier, puisqu’il s’agit d’une augmentation d’environ 5 % des exportations totales de pétrole.
«Nous faisons ce que nous pouvons avec les infrastructures existantes parce que le besoin est dans le court terme, et l’Europe a besoin de pétrole et de gaz aussi rapidement que possible», dit-elle.
Coopération
«Nos amis et alliés en Europe ont besoin que le Canada et d'autres pays montent au créneau. Ils nous disent qu'ils ont besoin de notre aide pour s'affranchir du pétrole et du gaz de la Russie dans l'immédiat tout en accélérant la transition énergétique continentale», a fait savoir le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.
Le ministre était aujourd’hui à Paris pour rencontrer ses homologues dans le cadre de la réunion ministérielle de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Dans la même veine, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé hier la création d’un groupe de travail Canada-Union européenne dont l’objectif sera d’«approfondir la coopération sur la sécurité énergétique».
Infrastructures
Ottawa ne peut pas publiquement confirmer l’augmentation des exportations à ce stade-ci puisque la décision reviendrait aux compagnies énergétiques, mais, sans surprises, «il y a de l’intérêt de prendre part à ça», indique une source au gouvernement.
«Le Canada, à titre de superpuissance énergétique, pourrait jouer un rôle central dans l'ouest en ce moment, mais il ne peut pas le faire parce qu'il manque d'infrastructures», estime Christopher Sands, directeur du Canada Institute au Wilson Center, un prestigieux think tank de Washington.
M. Sands a fait cette déclaration lors d'une conférence, à Ottawa il y a quelques jours. Pour lui, la construction de pipelines capables d'amener davantage d'hydrocarbures canadiens sur les marchés internationaux doit être une priorité.
Crise climatique
«Nous ne devrions pas utiliser une guerre pour augmenter nos exportations de pétrole alors que l’on vit une crise climatique», a cependant mis en garde le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe.
Dans cet esprit, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a souligné que la présidente de l’Union européenne a dit qu’ultimement «la solution à notre dépendance au pétrole et au gaz russes, c’est de réduire notre dépendance au pétrole et au gaz, point à la ligne».
Mais à ce chapitre, «le Canada ne fait montre d’aucun leadership réel», a dit le professeur Kevin Anderson, du Centre Tyndall pour la recherche sur les changements climatiques de l’Université de Manchester.
«Le Canada est un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre per capita avec environ 16 tonnes par personne. C’est deux fois et demie plus que le CO2 qu’émet une personne en Suède, où je suis en ce moment et où les hivers sont aussi froids», a souligné M. Anderson devant le comité permanent des ressources naturelles hier.