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Environnement

Le Canada aidera l’Europe à se libérer de l'énergie russe: ça veut dire quoi?

AFP
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Photo portrait de Élizabeth Ménard

Élizabeth Ménard

2022-05-27T21:20:10Z
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Lors d’une série de rencontres sur le climat avec les pays du G7 à Berlin, aujourd’hui, le Canada s’est engagé à aider l’Europe à réduire sa dépendance à l’énergie russe en lui fournissant de l’«énergie propre». Hydrogène? Pétrole? Gaz naturel? Qu’est-ce que ça veut dire? On vous explique.

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Les ministres de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, étaient à Berlin, en Allemagne, cette semaine pour une série de rencontres avec leurs homologues du G7: l’Allemagne, la France, les États-Unis, le Japon, l’Italie et le Royaume-Uni. 

Dans un communiqué conjoint, les deux ministres canadiens ont annoncé qu’ils se sont engagés à «aider l’Europe à réduire sa dépendance à l’énergie russe sans compromettre ses engagements communs en matière de climat et de nature».  

«On doit rester très vigilant, car il y a un risque que ce "soutien" à l'Europe se transforme en une justification pour que l'industrie du GNL au Canada propose l'approbation plus rapide des projets de gaz naturel» a prévenu le directeur de la diplomatie climatique internationale du Réseau Action climat, Eddy Pérez.  

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«Ce serait vraiment à l'encontre de tout ce que le GIEC nous a dit ces 5 derniers mois.» 

Énergie Saguenay, c’est non 

Le Canada pourrait fournir de l’hydrogène, mais aussi du gaz naturel liquéfié (GNL), ont confirmé MM. Guilbeault et Wilkinson lors d’un point de presse téléphonique avec les médias canadiens.  

«L'une des raisons pour laquelle l'Allemagne se tourne vers le Canada c'est parce que nous avons un plan de lutte aux changements climatiques, c'est parce qu'ils savent que si on les aide, par exemple avec du GNL pour une courte période de temps, on ne le fera pas en sacrifiant nos objectifs climatiques», a déclaré M. Guilbeault. 

Quatre projets, dans l’est du Canada, auraient été proposés, a mentionné le ministre Wilkinson, dont Énergie Saguenay, ce projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel qui a été rejeté par les deux paliers de gouvernements. 

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«Le gouvernement du Québec a dit non et nous avons également dit non», a répété le ministre à deux reprises durant la conférence. 

Répondre rapidement à la demande 

Selon lui, le seul projet qui pourrait répondre rapidement à la demande européenne est celui de convertir l'installation Saint John LNG, au Nouveau-Brunswick, en terminal d’exportation. 

«Un des avantages de ce projet est que plusieurs des infrastructures nécessaires sont déjà là puisque c’est un terminal d’importation», a-t-il dit, précisant que ce projet, tout comme les autres qui seraient envisagés, devront répondre à de nombreuses conditions. 

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«Il faut qu’ils minimisent les émissions domestiques pour que ce soit consistent avec notre plan climat et ils doivent avoir la capacité de passer du GNL à l’hydrogène faible en carbone.» 

Le Canada doit déjà livrer 300 000 barils de pétrole par jour à l’Europe d’ici la fin de l’année pour l’aider à se libérer de l’énergie russe et ne pourra pas en fournir plus. 

«Je crois que c’est la limite qu’on peut avoir dans les oléoducs que nous avons présentement», a mentionné M. Wilkinson. 

Engagements du G7 

Vendredi, les pays du G7 se sont engagés à décarboner la majorité de leur secteur électrique d’ici 2035, ainsi qu’à mettre fin à tout financement international des projets liés aux énergies fossiles dès cette année. 

Le Canada s’était déjà préalablement engagé en ce sens. 

Le ministre Steven Guilbeault s’est toutefois positionné en leader, souligne le directeur de la diplomatie climatique internationale du Réseau Action climat, Eddy Pérez. 

«[Il] s'est positionné en tant qu'intermédiaire dans le domaine du financement des pertes et dommages, en faisant de cette question une question de coopération internationale» dit-il.  

À Paris en 2015, les pays s’étaient effectivement engagés à mobiliser 100 milliards de $ par année, entre 2020 et 2025, pour aider les pays pauvres à s’adapter aux changements climatiques, ce qui n’a toujours pas été fait.  

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«Il faut que le ministre Guilbeault travaille avec le premier ministre Trudeau pour que cette discussion puisse aussi avoir lieu avec les chefs d'État qui peuvent faire des engagements financiers concrets», ajoute M. Pérez. 

En route vers la COP27 

Les progrès effectués à Berlin cette semaine ont le potentiel d’être transformateurs avant la COP27 qui doit avoir lieu en novembre, estime M. Pérez. 

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D’ici là, Steven Guilbeault aura du pain sur la planche. La semaine prochaine, il co-présidera la réunion ministérielle pour l’action climatique à Stockholm. Il se rendra ensuite à la conférence Stockholm+50, une réunion internationale où la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris seront notamment discutés. La semaine suivante, il sera à nouveau en Allemagne pour la Conférence de Bonn où l’ordre du jour de la COP27 sera négocié. La partie 2 de la COP15 sur la biodiversité doit aussi avoir lieu en septembre. 

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