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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le bonheur n’est clairement plus dans la grosse ville

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Isabelle Maréchal

Isabelle Maréchal

2025-07-12T04:00:00Z
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Il existe, paraît-il, des villes du bonheur. Des endroits où il fait bon vivre. Pas de poubelles qui traînent ni d’odeur de rats morts. Des villes saines où l’urbanisme respecte l’humain. Dans cette ville rêvée, les lampadaires renvoient une belle lumière rose.

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Le bonheur s’y cultive avec la contribution de chacun. Les gens balaient le trottoir tous les matins devant chez eux et repeignent les bancs publics dont la peinture s’écaille tout en fredonnant leur bonheur de vivre dans un havre de paix. J’exagère bien sûr.

Ce n’est pas non plus la réalité des «heureux» citoyens de Saint-Augustin-de-Desmaures et de Mont-Saint-Hilaire, top 1 et 2 du sondage des villes du bonheur Léger.

Dans ces deux villes de petite taille, chacun des 20 000 habitants profite toutefois d’une nature environnante et d’une gestion municipale serrée. Ça prend ça pour être heureux. Ces deux villes appliquent aussi trois règles de base: «asphalte, poubelle, déneigement». Fallait y penser!

On se contente de peu

Pauvres Montréal et Laval, toujours en bas de la liste. Les plus grandes villes du Québec se noient dans une mer d’enjeux sociaux qui les dépassent. Et le gouvernement les regarde couler. À Québec, une congestion routière digne de grandes capitales sans avoir leurs infrastructures. À Gatineau, les inégalités sociales explosent, tout comme à Trois-Rivières, où l’itinérance est un véritable enjeu.

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Comment peut-on dire qu’on y vit heureux quand on se donne une note de 73%? Il y a des limites à être dans le déni.

Je reviens sur Montréal, devenue le théâtre de conflits et de frustrations diverses. Des fois, j’ai juste envie de faire mes boîtes et de la planter là, sur le trottoir. «C’est assez, Montréal, tu m’exaspères, arrange-toi sans moi.»

Qu’est-ce qui rend une ville heureuse?

Des exemples? Copenhague, Zurich, Helsinki. Des villes où la qualité de vie est un objectif politique assumé. Les décisions urbaines sont prises avec et non contre la population. Les villes heureuses sont celles qui consultent le plus ceux qui y vivent. On pense au piéton, au cycliste, mais on ne démonise pas pour autant l’automobiliste.

On investit dans les services publics au lieu de les laisser s’effriter. On mise sur le calme, la propreté, la proximité, l’accès à la culture, à la nature et à des logements abordables.

Chez nous, certaines petites villes réussissent à créer une qualité de vie étonnante grâce à des choix courageux. Mais encore trop de décideurs pensent la ville comme un espace à développer et non comme un lieu à habiter. Le tissu social s’effrite. L’espace public n’appartient plus qu’à ceux qui crient le plus fort.

Chacun chez soi. Chacun pour soi.

Peut-on vraiment parler de bonheur collectif quand cela devient de plus en plus difficile de s’enraciner pleinement là où on vit? Comme si nos villes avaient du mal à prendre soin de nous. Ou peut-être est-ce nous qui avons cessé de prendre soin d’elles?

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